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Mercredi 14 mai 2025
« Dans le sillage d’un précédent ouvrage consacré à la période moderne (Histoire des techniques. Mondes, sociétés, cultures. XVIe-XVIIIe siècles, PUF, 2016), ce livre fait la synthèse des quinze dernières années de travaux sur l’histoire comparée et connectée des techniques à l’Époque contemporaine. Rassemblant les contributions d’une cinquantaine d’historiens français et étrangers, il s’ouvre sur un « tour du monde » des techniques qui, à rebours des grandes fresques diffusionnistes du passé, préserve la spécificité des trajectoires techniques de chaque région du globe en faisant la part belle à des espaces souvent négligés (Océanie, Maghreb, Amérique du Sud).
Cette approche permet de mettre en lumière des phénomènes inattendus de « non-diffusion » qui remettent en question la fausse évidence de l’innovation tout en restituant les peuples colonisés comme (co-)producteurs de techniques : en Afrique, la gestion coloniale de la maladie du sommeil se construit très largement sur les connaissances indigènes sur la mouche tsé-tsé, tandis que l’adoption des technologies occidentales repose sur des systèmes d’innovations spécifiques comme les anciennes routes caravanières de Tanzanie qui permettent l’expansion rapide de la voiture.
Rompant avec une histoire événementielle centrée sur le seul acte d’invention, la deuxième partie rassemble une série d’études sur les « masses critiques » qui ont le plus contribué à remodeler les sociétés contemporaines (extraction minière, textile, agriculture, télécommunications). Enfin, une dernière partie permet de suivre le déploiement des techniques à l’échelle mondiale sous l’angle du droit (brevets d’invention), de la formation (enseignement technique), des conflits armés (guerre et technique) ou encore des problématiques de genre et d’environnement. Les auteurs y font le choix d’une histoire résolument critique qui s’attache à analyser le rôle croissant des experts technocratiques (ingénieurs, économistes, informaticiens), mais aussi à remettre en question l’approche téléologique associant technologie et progrès en soulignant les impacts environnementaux, les risques techniques et la permanence historique des controverses, du refus ancien du mécanisme à la critique contemporaine des sociétés de consommation destructrices de la nature. »
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