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Appel
Date limite de soumission : jeudi 1er septembre 2022
Au terme de trois ans de programme Hubert Curien Maghreb « Le végétal dans les villes coloniales maghrébines ; Marrakech, Alger, Sousse. Enjeux patrimoniaux et de qualité de vie » débuté en janvier 2020, qui associe des équipes de géographes, d’écologues, de paysagistes, d’historiens et de littéraires, des universités d’Angers (France), de Cadi Ayyad de Marrakech (Maroc), de Sousse (Tunisie) et de l’USTHB d’Alger, un bilan peut être proposé pour ces villes de « pays du Sud », en le confrontant aux expériences dont ce végétal en ville fait l’objet dans les « pays du Nord ».
En effet, les enjeux du végétal en ville, qui font l’objet de très nombreuses études dans les « pays du Nord » ces dernières décennies et y sont largement intégrés dans les politiques publiques (Laille et al., 2013 ; Selmi et al., 2013 ; Mathis & Pépy, 2017)[1], ne sont par contre pas une préoccupation majeure dans les villes des « pays du Sud », qui sont pourtant très étudiées mais essentiellement sous l’angle des enjeux de développement urbain, urbanistique fonctionnel et socio-spatial (Fournet-Guérin, 2008)[2]. L’analyse des services écosystémiques urbains montre le même déséquilibre, très largement sous représentée pour le continent africain de manière générale à l’exception de quelques villes sud-africaines (Cape Town et Durban) ou de Lagos au Nigéria (Luederitz et al., 2015)[3] par exemple. D’autre part, seuls quelques inventaires du végétal et des arbres en ville existent en Asie (Jim, 1987 ; Nagendra & Gopal, 2010)[4], au Maroc (Bekkouche et al., 2011 ; El Faïz et al., 2016)[5] ou en Tunisie (Brandes, 1998)[6], ou s’intéressent uniquement à certains types de quartiers, notamment bidonvilles, en Afrique (Gallaher et al., 2013)[7] ou en Inde (Gopal & Nagendra, 2014)[8].
Pourtant, les bienfaits du végétal, désignés sous l’appellation de services écosystémiques, sont de plus en plus reconnus et mis en avant dans les projets et politiques urbaines locales, nationales et internationales (Musy, 2014 ; Clergeau, 2020)[9]. Les enjeux du cadre et de la qualité de vie et des services écosystémiques liés au végétal dans ces villes de « pays du Sud », souvent chaudes, polluées, à croissance urbaine mal maîtrisée, stressantes et à forte population pauvre, y sont peut-être plus importants que dans les villes plus « policées » des pays occidentaux (Yengué, 2014)[10].
Ces fonctions ou services écosystémiques se définissant par les bénéfices apportés par les écosystèmes aux sociétés humaines (Millenium Ecosystem Assessment, 2005)[11], ces enjeux sont étroitement liés à ceux du développement durable, la référence à la qualité de vie et à la durabilité étant devenue un principe normatif des politiques publiques de développement. En effet, le végétal prodigue notamment des services écologiques de régulation thermique, de régulation des pollutions de l’air et des eaux pluviales, des services sociaux et culturels procurant des bénéfices récréatifs, esthétiques, paysagers et spirituels et des services économiques d’alimentation (Dobbs et al., 2014)[12] particulièrement adaptés aux contextes et enjeux des villes du Sud. Les enjeux patrimoniaux sont également importants, notamment dans un contexte de développement touristique qui cherche à diversifier ses ressources et c’est notamment dans cette dynamique internationale, que les villes maghrébines notamment du Maroc et de Tunisie, montrent un regain d’intérêt pour ce végétal et que diverses politiques publiques ont été initiées ces dernières années.
Cependant, la seule comptabilisation des parcs et des jardins publics, largement mise en avant au titre des actions des pouvoirs publics, est loin de rendre compte de la couverture végétale réelle d’une ville. En effet, le végétal en ville, c’est l’ensemble des espaces végétalisés, privés ou publics (au sens de l’ouverture au public ou celui de la propriété foncière du terrain), gérés mais aussi délaissés ou spontanés, situés à l’intérieur ou à proximité d’une « aire urbaine ». Il concerne également les plantes isolées comme les formations végétales très développées (boisement, haies, friches, pelouses, etc.), les plantes ornementales comme les plantes nourricières de l’agriculture urbaine.
Il s’agit avec ce colloque de nous intéresser plus spécifiquement aux villes colonisées par des pays européens au Maghreb, en Afrique sub-saharienne ou en Asie, voire en Amérique centrale et du sud, toutes profondément transformées et façonnées pendant la période coloniale. Certaines villes comme Alger ou Marrakech ont ainsi fait partie des « villes-laboratoires » dans le domaine de l’urbanisme colonial que l’on retrouve dans tout l’empire français (Forestier, 1997, Coquery-Vidrovitch, 1988 ; Goerg, 2006 ; Taïbi et El Hannani, 2019)[13], et le végétal participe de ces modèles urbains, hier comme aujourd’hui (Gillot, 2014)[14]. Le végétal colonial, qui constitue dans ces villes un patrimoine souvent délaissé, vient s’intriquer aux héritages antérieurs, arabo-amazigh, turcs, romains, byzantins, etc., et aux nouveaux espaces publics et privés créés après les indépendances et aujourd’hui.
Le végétal est souvent un élément majeur de ces villes, que ce soit le végétal aux fonctions alimentaires des zones agricoles urbaines privées, le végétal domestiqué public des parcs et jardins et des arbres d’alignement notamment des quartiers coloniaux, ou celui plus ou moins spontané. Les reliques pré-coloniales s’intriquent à celles plus ou moins dégradées de la période coloniale et les nouvelles formes post-coloniales privées et publiques.
Par ailleurs, ce végétal constitue dans ces villes, un marqueur de l’espace soulignant ou créant notamment une ségrégation socio-spatiale en partie héritée de la période coloniale entre les villes européennes et les villes indigènes, ou aujourd’hui entre quartiers de villas et quartiers paupérisés.
Elément de marketing territorial, ce végétal a parfois profondément marqué les imaginaires et s’affiche dans les récits de voyageurs ou littéraires. En effet, ce végétal est parfois indissociable des représentations iconographiques et des descriptions d’écrivains et voyageurs, et sert de support marketing pour le tourisme dans certaines villes, comme à Marrakech (Maroc) par exemple (Chevrillon, 2002 ; Tharaud, 1920 ; El Hannani et al., 2017)[15], même si cette image de villes vertes, qui perdure depuis la période coloniale, est de plus en plus déconnectée des réalités au fur et à mesure de l’extension et la densification de ces villes dès la période coloniale, se traduisant par l’accentuation de leur caractère minéral. Le végétal ayant tendance à reculer dans l’espace public où il n’est souvent plus représenté que par quelques arbres alignés le long de certaines voies de communication et quelques jardins souvent mal entretenus à l’exception de quelques-uns emblématiques restaurés, il reste par contre bien représenté dans les lieux touristiques, et certains quartiers de villas, où il se développe également dans l’espace privé des jardins.
Ces villes sont aujourd’hui pour la plupart confrontées d’un côté à la demande pressante de logements de qualité par une population croissante, impliquant densification et/ou étalement urbain, et donc recul du végétal en ville, et de l’autre, à des enjeux environnementaux majeurs en contexte de changement climatique qu’il faut anticiper et dont il faut limiter les effets, et assurer simultanément un cadre de vie de qualité aux habitants.
Ce colloque qui s’adresse aux diverses communautés scientifiques ainsi que professionnels de géographes, historiens, architectes-urbanistes et paysagistes mais aussi littéraires ou écologues, s’intéressera au végétal patrimonial des jardins historiques et coloniaux, aux espaces agraires urbains et péri-urbains, aux arbres d’alignement et remarquables, ainsi qu’au végétal des espaces publics et privés post coloniaux.
Axes thématiques
Les thématiques abordées peuvent concerner les politiques publiques et les formes publiques et privées de création et de gestion des espaces verts dans les villes coloniales, que ce soit par les pouvoirs publics ou les paysagistes et architectes-paysagistes. On s’intéressera aussi aux processus de construction/préservation des paysages végétaux dans les villes coloniales ainsi qu’aux fonctions actuelles et passées de ce végétal urbain ou péri-urbain, non seulement les fonctions et services écosystémiques classiques, mais également les fonctions spécifiques aux environnements coloniaux du végétal comme élément de domination, et aujourd’hui de ségrégation socio-spatiale.
Ces analyses pourront s’appuyer sur des corpus littéraires, des archives, de l’imagerie satellitaire et aérienne ou de l’iconographie, comme des travaux de terrain d’enquête ou d’observation paysagère.
On pourra aussi aborder le végétal comme élément de « patrimoine » ou « héritage » dans les villes coloniales et ses dynamiques d’évolution à échelle historique. La question du végétal comme support marketing des villes du sud pourra aussi être intéressante.
Programme prévisionnel
Mardi 15 novembre 2022
9h30 : Inauguration et introduction
10h30-12h30 : communications
12h30-14h : pause déjeuner et présentation posters
Après-midi : communications et discussion
Mercredi 16 novembre 2022
Matin : communications et discussion
12h30-14h : pause déjeuner et présentation posters
Après-midi : Table ronde « regards croisés professionnels et scientifiques sur le végétal en ville des pays du nord et du sud »
Clôture
Modalités de soumission et de sélection : Les propositions de contribution, évaluées par le comité scientifique doivent être envoyées avant le 1er septembre 2022 à taibi chez univ-angers.fr et elhannani chez univ-angers.fr
Chaque proposition de contribution devra comporter :
Un titre,
Un résumé de 500 mots maximum en français et en anglais,
5 mots-clés en français et en anglais,
Précision si il s’agit d’une communication orale ou d’un poster
L’affiliation scientifique et les coordonnées de ou des auteurs,
L’adresse e-mail du correspondant de la communication
Les auteurs seront informés de l’avis du Conseil scientifique avant le 30 septembre 2022.
Le programme sera diffusé courant octobre 2022
Frais d’inscription : La participation au colloque fait l’objet d’une inscription payante qui inclut les documents du colloque, les pauses café et les 2 buffets repas de midi les 15 et 16 novembre :
50€ pour les enseignants-chercheurs et autres statuts de pays du nord
25€ pour les enseignants-chercheurs et autres statuts de pays du sud
20€ pour les étudiants
Le dîner de gala le soir du 15 novembre est ouvert sur inscription pour un montant de 35 €. Il aura lieu dans la ville d’Angers.
Les paiements devront se faire par carte bleue ou chèque exclusivement.
Une publication de certains travaux pourra être envisagée à l’issue du colloque. Des démarches sont en cours avec différentes revues et maisons d’édition.
Colloque
15-16 novembre 2022 (Maison de la Recherche Germaine Tillion de l’Université d’Angers)
La participation au colloque fait l’objet d’une inscription payante qui inclut les documents du colloque, les pauses café et les 2 buffets repas de midi les 15 et 16 novembre :
50€ pour les enseignants-chercheurs et autres statuts de pays du nord
25€ pour les enseignants-chercheurs et autres statuts de pays du sud
20€ pour les étudiants
Le dîner de gala le soir du 15 novembre est ouvert sur inscription pour un montant de 35 €. Il aura lieu dans un restaurant de la ville d’Angers.
Les paiements devront se faire par carte bleue ou chèque exclusivement à partir du lien suivant : https://fua.univ-angers.fr/fua/Formulaire/AfficherFormulaire?idE=51287F07264D23F7720FB5E03B88DB86
Une publication de certains travaux pourra être envisagée à l’issue du colloque. Des démarches sont en cours avec différentes revues et maisons d’édition.
Page créée le lundi 14 novembre 2022, par Webmestre.