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Colloque
Vendredi 17 novembre 2017 (Université de Paris Nanterre)
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Mardi 16 février 2021
« Au temps de la première modernité, la "révolution judiciaire" provoque la multiplication des tribunaux, la création de nouvelles juridictions, l’augmentation du nombre des officiers de justice et l’inflation des procédures. Elle touche l’Espagne et ses possessions américaines aussi bien que les autres royaumes d’Europe occidentale. Mais si l’exercice concret de la justice se professionnalise, pour tous ses sujets le roi n’en reste pas moins la source de la justice et c’est de là qu’il tire une part de sa légitimité, de son autorité et de son prestige. Or, la distance qui sépare de l’Europe les juges des Indes, leur donne, presque toujours, une autonomie qu’ils n’ont pas dans l’Ancien Monde, une liberté dont ils profitent et souvent abusent. Peuvent-ils adapter procédures et droit aux réalités nouvelles ? Comment l’image du roi de justice cohabite-telle avec les écarts des dépositaires de la justice déléguée ? Quel contrôle peut-il avoir sur les justices coloniales ? »
Comment la justice du roi pouvait-elle s’exercer sur des territoires éloignés de plusieurs milliers de kilomètres du centre du pouvoir ? Dans quelle meure l’éloignement distend-elle le lien de fidélité qui unissait le roi à ses sujets ? De quelles manières la justice exercée dans les tribunaux de Mexico, de Fort-de-France, de Lima, de Manille ou de Virginie parvenait-elle tant bien que mal à incarner le roi ? C’est à ces questions que cette journée d’études prétendra répondre.
Au temps de la première modernité, la « révolution judiciaire » qui touche les royaumes d’Europe occidentale provoque la multiplication des tribunaux, la création de nouvelles juridictions, l’augmentation du nombre des officiers de justice et l’inflation des procédures. Cette transformation concerne la plupart des couronnes. Dès le XVIe siècle, par exemple, celle des Espagnes l’est jusque dans ses royaumes du Nouveau Monde où des tribunaux et des offices sont créés sur le modèle péninsulaire. Ils en reproduisent les procédures ou en inventent d’autres de toutes pièces, comme les juzgados de indios ou, bien plus tard, la Real Acordada, ces deux dernières institutions répondant à l’originalité des sociétés américaines ou permettant d’expérimenter de nouvelles solutions.
Mais si l’exercice concret de la justice se professionnalise, pour tous leurs sujets, les rois n’en restent pas moins la source de la justice et c’est de là que les souverains tirent une part de leur légitimité et de leur prestige alors que la distance qui sépare de l’Europe les juges du Nouveau Monde, presque toujours, leur donne une autonomie qu’ils n’ont pas dans l’Ancien : une liberté dont ils profitent et parfois abusent. Comment l’image du roi de justice cohabite-t-elle avec les écarts des dépositaires de la justice déléguée ? Jusqu’à quel point, lorsqu’il est directement sollicité ou à l’inverse lorsqu’il mandate des juges de visite, le roi intervient-il dans les affaires que traitent les juges et les juridictions ordinaires ?
Au cours de cette journée d’études consacrée à la figure du roi de justice au Nouveau Monde au temps des dominations européennes, on tentera d’établir des parallèles entre les différents espaces de colonisation espagnol, français et anglais, discutera de leur singularité, et tentera de mieux apprécier la rôle de la distance et de la situation coloniale.
Programme
Accueil des participants à 9h00
9h15-9h30 : P. Ragon - Présentation générale de la journée
9h30-11h00
Héloïse Hermant (Université de Nice), Thémis et le roi lointain. Formaliser l’expérience de la justice à distance dans l’Empire espagnol à l’époque moderne.
Caroline Cunill (Université du Mans), La preocupación por el acceso indígena a la justicia real en los cuestionarios de 1573 y 1577 y su reflejo en las Relaciones geográficas de Yucatán.
Débat et pause café
11h00-12h30
Arnaud Exbalin (Université de Paris Nanterre), Un tribunal d’exception dans les Indes : la Acordada au XVIIIe siècle.
Pierre Ragon (Université de Paris Nanterre), Les vice-rois, le roi de justice et la justice du roi en Amérique espagnole au XVIIe siècle.
Débat
14h30-16h
Guillaume Gaudin (Université Jean Jaurès, Toulouse), Instaurer la justice du roi aux confins de l’empire. La première audience de Manille (1583-1590).
José de La Puente Brunke (Pontificia Universidad Católica, Lima), Los ’muy poderosos señores’ : reflexiones sobre los jueces de la Audiencia de Lima y su inserción en la sociedad.
Débat et pause café
16h-17h30
Marie Houllemare (Université d’Amiens), Supplier le roi de justice depuis les colonies françaises : la rémission coloniale au XVIIIe siècle.
Elodie Peyrol-Kleiber (Université de Poitiers), La Virginie au XVIIe siècle, entre copie du modèle judiciaire anglais et innovations.
Contact : Arnaud Exbalin (arnaud [dot] exbalin [at] parisnanterre [dot] fr)
Page créée le mardi 16 février 2021, par Dominique Taurisson-Mouret.