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« Les dimensions globales des traditionalismes dans un long XIXe siècle »

Ce colloque propose de réunir les historiennes et historiens travaillant sur les aspects globaux des conservatismes et traditionalismes du monde euro-américain, mais aussi d’autres endroits du globe, durant le « long » XIXe siècle. Il s’agit d’interroger le boom historiographique récent sur les mondes du conservatisme, de la réaction et des contre-révolutions en l’observant dans ses circulations extra-européennes et impériales. Nous proposons une rencontre exploratoire pour discuter collectivement des potentielles articulations globales des cultures politiques conservatrices entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XXe siècle.
D’une part, dans quelle mesure des concepts aussi opératoires dans le cadre européen que contre-révolution ou traditionalisme sont-ils pertinents dès lors que l’on s’intéresse aux connexions avec d’autres espaces ? Si ce n’est pas le cas, comment désigner les circulations, solidarités et échanges entre les opposants aux émancipations autour du globe ? Dès lors, cette opération de décentrement conduit à interroger l’européocentrisme de nos catégories politiques.
D’autre part, la mise en lumière de ces connexions interroge la place de l’Europe dans une histoire globale de la contre-révolution. Il est indéniable que le Vieux Continent constitue un pôle majeur de ces circulations, surtout dans un siècle marqué par l’expansion coloniale et l’assujettissement d’un grand nombre de sociétés sur tous les continents. Pour autant, il est possible de renverser la question, et de se demander dans quelle mesure les traditionalismes européens ont eux-mêmes été modelés par des dynamiques transcontinentales et globales, et comment ces traditionalismes qui émergent à la fin du XVIIIe siècle ont été reconfigurés par les différents processus qui participent à la mondialisation du XIXe siècle.
Ces enjeux de définition et de conceptualisation, pour centraux qu’ils soient dans notre réflexion, nous semblent devoir être abordés à partir d’approches empiriques et d’études au ras du sol qui doivent permettre d’incarner et d’illustrer les processus que nous tentons de saisir. Dès lors, c’est une histoire sociale et culturelle du politique envisagée à travers les outils et les méthodes de l’histoire transnationale et de l’histoire connectée qui formera le cœur de nos travaux. Des thèmes déjà bien connus à cet égard, comme l’internationalisme, les circulations idéologiques, culturelles et matérielles ou le volontariat transnational seront discutés pour comprendre ce qu’entend combler cet engouement pour les mouvements transnationaux qui s’opposent d’une manière ou d’une autre aux émancipations dans toutes leurs acceptions.
Mais dépasser les frontières du continent européen permet aussi de se confronter à des questions habituellement peu abordées par les historiennes et les historiens du politique en Europe, comme celle de l’esclavage et du travail forcé, ou d’interroger autrement des thématiques comme celle du rapport entre religion et politique. Au cœur de nos discussions, les projets impériaux ou encore l’aventure et les expéditions constituent un objet privilégié pour réfléchir à l’intrication entre maintien des dominations traditionnelles et établissement de nouvelles formes de domination à l’échelle planétaire, et à la part qu’y ont prise ou non les mouvements traditionalistes du continent européen.

Dans cette optique, trois axes de réflexion sont proposés aux contributeurs :

1. Projets et projections impériales de la contre-révolution

Comment la culture politique traditionaliste, au sens le plus large du terme, a-t-elle contribué à définir et à orienter l’impérialisme européen ? Dans quelle mesure les catégories clés de ce processus, telles que la civilisation ou la barbarie, renvoient-elles à l’imaginaire contre-révolutionnaire ? En d’autres termes, nous souhaitons examiner ce que l’étude du traditionalisme peut apporter pour repenser le processus d’expansion coloniale au XIXe siècle.

2. Réseaux de solidarités contre l’émancipation

Dans cette section, nous souhaitons mesurer le rôle que les émancipations et les révolutions sociales et politiques de différents ordres ont joué dans la formation d’un monde idéologique traditionaliste. Nous disposons déjà d’une vaste historiographie sur l’âge des révolutions, mais nous pensons qu’il existe encore plusieurs angles qui n’ont pas été explorés avec suffisamment d’attention. Les réseaux de solidarité et l’internationalisme contre-révolutionnaires en sont quelques exemples.

3. Les guerres culturelles, au-delà de l’Europe

Dans cette section, nous voudrions discuter du processus de polarisation idéologique vécu par diverses sociétés européennes au cours du dernier tiers du XIXe siècle : les « guerres culturelles » ont-elles été un phénomène exclusivement européen, ou peut-on trouver des situations analogues dans d’autres territoires et sous d’autres latitudes ? Dans quelle mesure les profondes tensions qui ont marqué les guerres culturelles ont-elles été nourries par les sociétés coloniales ou projetées sur elles ?

4. Le traditionalisme, une histoire de riches hommes blancs ?

À ces pistes de réflexion, nous souhaitons en ajouter une quatrième, qui prendra la forme d’une table ronde et d’un débat entre tous les participants sur les dynamiques de classe, de genre et de race au sein des traditionalismes et sur leurs répercussions extra-européennes. Notre objectif est d’ouvrir une discussion sur les défis et les obstacles d’une histoire des traditionalismes par le bas, et sur la participation à ceux-ci d’acteurs peu visibles dans les sources.


Page créée le jeudi 18 septembre 2025, par Webmestre.


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