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Appel
Date limite de soumission : samedi 15 novembre 2025
Appel à communication pour l’atelier organisé par Amalia Dragani (Marie Sklodowska-Curie Fellow ; Laboratoire d’Anthropologie Politique (LAP, CNRS-EHESS) dans le cadre du prochain colloque de l’Association pour l’anthropologie du changement social et du développement (APAD) qui aura lieu à l’Université Catholique de Yaoundé au Cameroun du 27 au 29 mai 2026.
Pour participer, merci d’envoyer avant le 15 novembre un résumé de 400 mots maximum avec un titre, et une courte biographie (150 mots) à amalia.dragani chez ehess.fr
Ce panel interdisciplinaire poursuit un double objectif. Il propose dans un premier axe d’analyser les représentations littéraires de l’extraction des ressources et de ses conséquences dans le Sud global, en montrant comment la littérature décrit la dégradation écologique et sociale liée à l’exploitation minière ainsi que les résistances locales qu’elle suscite. Les formes d’engagement des écrivains, depuis les romans et nouvelles miniers — à l’instar de Germinal d’Émile Zola, Rosso Malpelo de Giovanni Verga ou Il Fumo de Luigi Pirandello — jusqu’aux œuvres contemporaines (tels Mene de Ramón Díaz Sánchez ou Villes de sel d’Abdelrahman Munif), ont déjà suscité une abondante littérature critique (entre autres Mcdonald 2012 ; Miller 2021 ; Kinder, Szeman 2020 ; Wenzel 2006). Ce panel élargit la perspective en étendant l’analyse aux expressions de l’art verbal (poésie, chanson, etc.), des diverses formes de narration ainsi que du storytelling indigène. Cet axe entend s’inscrire dans une réflexion élargie sur les héritages culturels, les dynamiques de résistance et les recompositions sociales propres aux configurations post-extractives. Il vise à interroger, dans une perspective interdisciplinaire, les modalités de mise en mémoire, les formes performatives du rapport au passé, les processus de patrimonialisation en cours ainsi que les manifestations contemporaines de l’oralité envisagée comme vecteur de transmission, de résistence et de reconfiguration sociale et identitaire.
Deuxièmement, le panel propose une réflexion critique sur les logiques extractivistes inhérentes aux pratiques de recherche en anthropologie de l’oralité. Il s’attache à investiguer les conditions et les processus par lesquels des données linguistiques, des matériaux oraux, aussi bien que des savoirs poétiques et musicaux sont désincarnés de leur contexte culturel, relationnel et social, puis objectivés en textes ou en supports audio-visuels. Cette « extraction », opérée non seulement par les anthropologues mais également par divers acteurs extra-scientifiques tels que les entrepreneurs culturels, journalistes ou agents de renseignement, soulève des interrogations cruciales concernant la production des savoirs, et les rapports de pouvoir asymétriques noués entre chercheurs, enquêtés et institutions tant en époque coloniale que néocoloniale. Par cette approche, il invite à repenser les appropriations culturelles qui s’exercent à l’ère digitale, en étendant la notion d’extractivisme au-delà de ses manifestations traditionnelles pour en révéler les implications politiques et sociales dans la production et la captation des savoirs et des ressources immatérielles.
En interrogeant les pratiques de collecte, d’archivage et de restitution déployées par les chercheur.e.s, ce panel s’inscrit dans un cadre épistémologique qui interroge la condition de production des savoirs dans une perspective féministe et décoloniale, mettant en lumière les tensions entre extraction, représentation et éthique de la recherche. Le panel vise à ouvrir un espace critique qui valorise les voix provenant du Sud global, tout en encourageant des démarches réflexives susceptibles de questionner et de déconstruire les pratiques et hiérarchies académiques traditionnelles.
Les communications attendues pourront porter aussi bien sur le premier axe, en proposant une analyse approfondie des récits oraux ou écrits relatifs à l’extraction, que sur le second axe, à travers des retours réflexifs de terrain, des études de cas ou alors des analyses des méthodes participatives, et des comparaisons entre les contextes du Nord et du Sud. Les communications pourront provenir de terrains géographiquement variés et de diverses disciplines telles que l’anthropologie, la linguistique, ainsi que les études portant sur la mémoire et le patrimoine, la littérature, la sociologie, la science politique ou encore l’histoire.
Macdonald G., 2012, « Oil and World Literature », American Book Review, Volume 33, Number 3, March/April, p. 7-31.
Miller E. C., 2021, Extraction Ecologies and the Literature of the Long Exhaustion, Princeton University Press.
Kinder JB, Szeman I., 2020, « Literature and Energy », Palgrave Handbooks of Literature and Science, p. 79-96, Springer Nature.
Wenzel, J., 2006. "Petro-Magic-Realism : Toward a Political Ecology of Nigerian Literature", Postcolonial Studies 9 (4) : 449–464.
Colloque
Du 27 au 29 mai 2026 (Université Catholique de Yaoundé, Cameroun)
Page créée le jeudi 23 octobre 2025, par Webmestre.