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Esclavages, traites, travail contraint en Afrique, Bordeaux 2011 (AppelACommunications<30/10/2010)

Esclavages, traites, travail contraint en Afrique : logiques politiques et dynamiques sociales

3èmes rencontres atlantiques du Musée d’Aquitaine

Bordeaux, France, 12-14 mai 2011

Colloque coordonné par le CIRESC (Centre International de Recherches sur les Traites et les Esclavages, Acteurs, Systèmes et Représentations) (GDRI CNRS), le Musée d’Aquitaine, le Centre d’étude d’Afrique noire (CEAN), l’Université Montesquieu-Bordeaux IV, l’Université Paris Diderot et le laboratoire Sedet

Le colloque s’assigne un double objectif : celui de faire l’état de la recherche en cours sur les esclavages et les traites internes à l’Afrique et celui de rendre compte des perspectives de recherches avec une mise en débats de l’historiographie sur l’Afrique. Il s’agira d’analyser et de comparer la dimension sociale des esclavages et des traites, la législation et le traitement des esclaves africains ou sur le continent africain ainsi que les formes de l’esclavage moderne. On s’interrogera sur l’introduction de la question de l’esclavage dans les textes juridiques, les lois et les traités internationaux au sein des pays africains et des instances communautaires ou internationales. Derrière cette institution de la servitude, il s’agira d’analyser les enjeux socio-politiques et les représentations que l’on se fait à la fois du/sur le continent africain.

En Afrique, le discours sur l’esclavage occulte généralement plusieurs réalités, en particulier la dimension africaine du phénomène : il se concentre sur les traites atlantiques et, dans une moindre mesure, sur les traites sahariennes et celles de l’Océan indien. L’intrusion des Etats dans la spécification, la codification et la gestion des traites permettent d’expliquer la polarisation de l’analyse sur certains acteurs institutionnels et étatiques. Si la responsabilité européenne est établie, les traitants du Maghreb et du Moyen-Orient sont, eux, mis en procès, tandis que la culpabilité des acteurs africains est occultée sinon refusée. L’opinion largement partagée est que le continent a plus subi qu’il n’a été acteur des traites, soulignant ainsi la dimension marchande et l’inégalité des échanges. L’esclavage en Afrique, se réduit de ce fait, surtout, aux traites transatlantiques et transsahariennes et, dans une moindre mesure, aux conditions de mise en servitude : capture, transport, etc..

L’historiographie, après l’essor des études quantitatives ayant pour corollaire les débats sur les conséquences démographiques et leur impact sur le développement du continent africain, s’intéresse maintenant à la place des esclavages dans les sociétés africaines et leur effet dans la construction des identités. Ces recherches oscillent, d’ailleurs, entre études monographiques, thématiques et analyses de données sur des temps conjoncturels laissant voir une variété de situations comme les mouvements de population sur le continent, la violence avec son lot de guerres, de razzias et de rapts.
Les recherches en cours montrent qu’à la fin du XVIIIe siècle, la pression des abolitionnistes et les luttes des esclaves eux-mêmes en Afrique ou aux Amériques ont provoqué un tournant majeur dans la réglementation et ont abouti à l’interdiction du commerce des êtres humains aux niveau international et national au XIXe siècle. Certes, les États coloniaux se sont dotés alors d’un arsenal juridique répressif, mais les nouveaux statuts juridiques des populations africaines n’ont pas empêché l’exploitation par le travail forcé. Différentes formes de sujétion apparaissent alors indispensables au modèle économique de la colonisation qui prend place et s’accompagne de spoliation de terres, d’exploitation à outrance des richesses naturelles et de mise en place d’infrastructures pour l’évacuation des produits. La coercition prend le pas sur le salariat libre et donne naissance à une jurisprudence dans les colonies nouvelles. Le travail forcé supplée alors à l’esclavage. De cette longue et large assimilation du travail salarié à la mise en position d’esclave émerge une durable confusion entre l’entrée dans la modernité renforcée par les imaginaires religieux et les agendas des potentats locaux. Cette situation, assez bien documentée par certains administrateurs coloniaux et écrivains voyageurs, sous le couvert de l’apostolat du travail censé « tirer les indigènes de l’indolence et de la barbarie », est faite de réquisitions, de conditions de travail abominables sur les chantiers, les exploitations agricoles, forestières et minières, de rapines et d’autres artifices du patronat pour se soustraire à ses obligations légales.

La naissance des Etats modernes africains avec l’accession à la souveraineté des anciens territoires coloniaux au XXè siècle ne dissipe pas les situations d’asservissement. Bien que la plupart des États aient signé les conventions internationales sur l’abolition de l’esclavage et du travail forcé, transposé en droits nationaux les différents traités relatifs à la suppression de l’esclavage, et introduit le principe d’égalité des citoyens, les situations d’esclavage moderne perdurent dans les faits. Les organisations humanitaires font le procès des avatars de l’esclavage que sont le servage, la mise en gage pour dettes et leurs corollaires, les traites des femmes ou de main-d’œuvre infantile. C’est dans les constructions sociales et identitaires que l’esclavage apparaît en creux. Ainsi, son empreinte touche la sphère religieuse ou domestique (la « cinquième épouse » chez certains musulmans sahéliens), sociale (la transmission par héritage) ou politique (remise en cause de la citoyenneté, disqualification de compétiteurs).

Dans ce contexte, le colloque s’assigne un double objectif : celui de faire l’état de la recherche en cours sur les esclavages et les traites internes à l’Afrique et celui de rendre compte des perspectives de recherches avec une mise en débats de l’historiographie sur l’Afrique. Il s’agira d’analyser et de comparer la dimension sociale des esclavages et des traites, la législation et le traitement des esclaves africains ou sur le continent africain ainsi que les formes de l’esclavage moderne. On s’interrogera sur l’introduction de la question de l’esclavage dans les textes juridiques, les lois et les traités internationaux au sein des pays africains et des instances communautaires ou internationales. Derrière cette institution de la servitude, il s’agira d’analyser les enjeux socio-politiques et les représentations que l’on se fait à la fois du/sur le continent africain.

Proposition de communication

Les organisateurs du colloque favorisent la diversité des approches et des formats de présentation. Les résumés des communications d’une page maximum devront parvenir au plus tard le 30 octobre 2010 accompagnés d’un court CV (6 lignes au maximum) et mentionnés l’institution de rattachement et une adresse électronique valide.

Les communications devront être soumises aux organisateurs le 28 février 2011 au plus tard, selon les normes de présentation communiquées ultérieurement afin de permettre leur édition électronique.

Contact :

Prière de transmettre vos propositions de communications à Nathalie Collain, (secrétariat scientifique)

Centre International de Recherches sur les Esclavages – CNRS, EHESS

105, boulevard Raspail 75006 Paris, France

nathalie.collain chez ehess.fr

Le colloque se déroulera à Bordeaux (France), dans le cadre des « 3èmes rencontres atlantiques du Musée d’Aquitaine". Le détail des activités élaborées en partenariat avec le Musée d’Aquitaine, le Centre d’étude d’Afrique noire (CEAN), le Rectorat et l’Inspection Académique sera disponible en ligne sur les sites du musée d’Aquitaine, du CIRESC, du Rectorat d’Aquitaine et de l’Inspection Académique de Gironde, du CEAN et du laboratoire Sedet.


Page créée le mardi 12 octobre 2010, par Dominique Taurisson-Mouret.


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