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Appel
Date limite de soumission : lundi 15 décembre 2025
Depuis le 16e siècle, la catégorie « indien » et ses dérivés « amérindien » et « indigène » désignent la situation de colonisé, de dominé, racialisé, exotisé. La catégorisation des peuples créée par les colons européens est le substrat sur lequel s’est construit un processus de racialisation et de création de races. Comme le souligne l’anthropologue mexicain Guillermo Bonfil Batalla (1972), « indien » est une catégorie supra ethnique qui ne dit rien des groupes qu’elle comprend, mais dit plutôt la relation de subordination. L’Indien, en tant que catégorie coloniale, naît lorsque Christophe Colomb envahit l’île d’Ayiti, renommée Hispaniola pour asseoir la domination des Rois Catholiques sur l’île. Avant 1492, Abya Yala était composée de centaines de peuples et de sociétés très diverses, ayant chacune leur propre identité sociale et politique. L’invasion d’Abya Yala par les Européens a très vite été suivie de la violence colonisatrice et du génocide de 90% de la population du continent. Certaines régions, comme la Caraïbe, auront du mal à faire face à la violence du choc colonial des premières décennies de l’invasion du continent. Les peuples autochtones vivant de Saint Domingue à Cuba ont été décimés par une occupation européenne sanglante et violente. Au Mexique, celle-ci devient systématiquement marquée par le refus de l’autre, conçu par le colon comme « le même », voué à être incorporé comme chose à une totalité dominatrice. Dans les territoires où la colonisation arrive plus tardivement, il faudra attendre le milieu du 19e siècle pour que les peuples autochtones retrouvent leur niveau démographique précolonial. La subalternisation des Autochtones ne s’achève pas avec les indépendances du 19e siècle. De fait, à part dans le cas d’Haïti, il n’y a aucune révolution décoloniale dans les Amériques. Les colons renvoyés chez eux sont remplacés par leurs descendant·es, nés sur le continent américain. Dans certains espaces, comme la Guyane, la décolonisation ne s’est jamais produite. Et même Haïti, ayant connu une apparente décolonisation du pouvoir, celle-ci s’est faite au prix des nouvelles dépendances financières et commerciales imposées par l’ancienne métropole et les Etats-Unis à travers l’endettement.
Le colloque vise à explorer cette histoire douloureuse, oubliée et silenciée. Connaître le passé pour mieux le panser et réparer la blessure coloniale. L’objectif sera aussi de visibiliser les luttes anticoloniales, les résistances politiques et culturelles à la colonialité, tant passées que présentes. La création autochtone de nouveaux projets et concepts comme dans le cas de la notion d’Abya Yala, Buen Vivir, futur ancestral et des formes alternatives à l’État-nation moderne d’organisation sociale, caractérisées par la démocratie directe et l’autonomie politique, sont susceptibles d’entrevoir la concrétisation de l’utopie entièrement « américaine » évoquée par Quijano. Ou encore, la mise en évidence d’un processus de production en cours d’un nouveau sens historique qu’incarnent les peuples autochtones. Le colloque se propose de visibiliser ces apports théoriques et pratiques dans un dialogue transaméricain.
Le colloque vise à analyser les questions liées à l’autochtonie et la colonialité dans les Amériques dans une perspective transaméricaine et transdisciplinaire.
Les axes de réflexion du colloque seront les suivants :
Le lexique et les manières de nommer et dépasser « l’Indien » dans le temps et dans le territoire
Le système juridique occidental au cœur de la colonialité
Les formes d’acculturation
Les femmes autochtones : premier territoire de conquête
Les résistance autochtones à la colonialité
Le renouveau des mobilisations autochtones dans les Amériques
Les propositions de communication sont à envoyer à colonialiteetautochtonie chez gmail.com avant le 15 décembre 2025
Elles prendront la forme suivante : Nom et prénom, institution, adresse électronique, titre de la communication, résumé de 250 mots et une brève notice biobibliographique. Le comité d’organisation donnera sa réponse au plus tard fin janvier 2026.
Détails pratiques : Les langues de communication seront l’espagnol, le français, l’anglais et le portugais. Notre budget étant limité, nous ne pourront pas prendre en charge les frais de déplacement et de séjour. En revanche, nous assurerons le repas de midi, les pauses café ainsi que le dîner de gala du 5 juin au soir. Une publication des contributions validées par un comité éditorial ainsi que l’enregistrement des présentations est prévu.
Comité d’organisation
Willy Delvalle, doctorant, Chaire Géopolitique du Risque (ENS), République des Savoirs, UMR 8241
Yuwey Henri, Nation Kalin’a Tɨlewuyu, poète, écrivaine, penseuse et militante
Lissell Quiroz, professeure des Universités, CY Cergy Paris Université, AGORA EA 7392, IUF
Ana Carolina Delgado Teixeira, professeure, Université Fédérale de l’Intégration Latino-Américaine
Colloque
4-5 juin 2026 (ENS, Paris)
Page créée le jeudi 18 septembre 2025, par Webmestre.