Navigation

AccueilActualitésActualités

Colloque : Les empires ébranlés. Défaites militaires et mises en échec du colonialisme, XVIe-XXe siècle (Poitiers, 9-10/10/2013)

Les empires ébranlés. Défaites militaires et mises en échec du colonialisme, XVIe-XXe siècle

Programme : Les empires ébranlés. Défaites militaires et mises en échec du colonialisme, XVIe-XXe siècle, Poitiers, 2013

9 et 10 octobre 2013 : UFR SHA, salle des Actes - 8, rue René Descartes, Poitiers, France (86)

Cette rencontre se fixe pour objectif d’étudier de manière comparative les défaites subies par les puissances coloniales, mais aussi les périodes durant lesquelles elles ont été confrontées à une résistance telle que le projet impérial eût pu en être ralenti, ébranlé, menacé. Parler des défaites du colonisateur (et donc des victoires des colonisés) constitue ainsi un moyen d’échapper à une approche uniquement « victimaire » du passé colonial en mettant en exergue les luttes, parfois heureuses, de peuples agressés ou assujettis pour défendre ou reconquérir leur liberté. Le choix d’un « temps long » (XVIe-XXe siècle) répond à la volonté de dégager des questionnements transpériodiques qui mettent à jour des points communs mais aussi des évolutions.

Si tout le monde en France a entendu parler de Diên Biên Phu, qui se souvient qu’au fort de Vertières, le 18 novembre 1803, les armées rebelles de Jean Jacques Dessalines ont infligé à celles du premier consul Bonaparte sa première défaite terrestre ? Et que cette défaite du corps expéditionnaire français ouvrait la voie à l’indépendance d’Haïti ? Ce trou de mémoire illustre à quel point il est difficile au colonisateur de reconnaître, sur le champ de bataille comme ailleurs, la supériorité même momentanée de gens auxquels il est censé apporter la civilisation, et dont il niera ordinairement la vertu de bravoure, le sens de la discipline ou l’intelligence stratégique. La défaite des puissances impériales renverse l’ordre colonial des choses, établi sur un préjugé de race qui a servi à légitimer la conquête d’un territoire et la soumission d’un peuple. Et c’est pour cette raison que lorsqu’il n’est pas possible de la cacher, il faut lui trouver une explication « acceptable », soit en pointant les erreurs tactiques d’officiers incompétents, soit en soulignant l’intervention d’un renfort venu inopinément bousculer les règles du jeu (la puissance impérialiste rivale qui arme et renseigne les rebelles, l’affaiblissement des troupes coloniales par les maladies tropicales, etc). Bref, dans la plupart des cas, quand même la défaite du colonisateur serait finalement admise, le colonisé se verra, lui, privé de sa victoire !

Cette rencontre se fixe pour objectif d’étudier de manière comparative les défaites subies par les puissances coloniales (Tucapel, Vertières, Gandamak, Little Bighorn, Isandlwana, Adoua, Diên Biên Phu, etc.), mais aussi les périodes durant lesquelles elles ont été confrontées à une résistance telle que le projet impérial eût pu en être ralenti, ébranlé, menacé (comme ce fut par exemple le cas pour les Britanniques en Inde, au moment de la révolte dite « des Cipayes » en 1857-1858). Elle n’inclut donc pas toutes les révoltes ou les résistances auxquelles le colonisateur a dû faire face, mais seulement celles qui ont, un temps, vraiment compromis ou mis en danger son projet.

L’histoire des mises en échecs du colonialisme est, d’une part, intéressante examinée sous l’angle des réactions qu’ont provoquées ces événements dans les métropoles. Sous la pression de l’opinion, de la presse, des oppositions, des gouvernants ont ainsi été secoués au point de perdre le pouvoir ou, à tout le moins, de devoir infléchir significativement leurs orientations politiques.

Sur le terrain colonial, la défaite ou les difficultés du colonisateur ont pu marquer la fin d’un conflit aussi bien que son intensification. Si l’impérialisme vaincu a parfois été contraint au repli, il a pu, dans certaines circonstances, choisir de laver l’affront par plus d’engagement militaire, plus de violences et de répressions.

Du côté des populations colonisées, on se penchera sur l’impact immédiat de la victoire ou de ces épisodes de résistance acharnée et réussie. Comment ces derniers ont-ils été exploités par les chefs de guerre rebelles ? Ont-ils permis une mobilisation accrue des masses ? Quels échos ont-ils eu à l’étranger et spécialement parmi les nations qui subissaient le même sort et qui menaient les mêmes luttes ?

Dans le champ mémoriel, il conviendra de questionner la manière dont les histoires officielles ont utilisé, détourné, promu ou occulté l’événement. Quel statut les histoires des peuples émancipés ont-elles finalement offert à ceux qui ont été considérés comme les grands acteurs de la victoire ? Comment ces épisodes héroïques ont-ils été intégrés dans la mythologie nationale et quels rôles continuent-ils d’y jouer ? La question se pose aussi, bien entendu, du point de vue des puissances impériales, le récit de la défaite ayant forcément été absorbé et déformé par la propagande coloniale avant d’être, le plus souvent, rejeté aux confins de la mémoire collective.

Le choix d’un « temps long » (XVIe-XXe siècles) répond à la volonté de dégager des questionnements transpériodiques qui mettent à jour des points communs mais aussi des évolutions. Il importe, en effet, de ne pas perdre de vue les spécificités de chaque ère coloniale. Comparés aux épisodes contemporains, les soubresauts de la colonisation du continent américain interfèrent par exemple de manière très différente sur la vie des populations locales ou européennes, les choix des gouvernants et la mise en scène des régimes politiques. Ces particularités peuvent, elles aussi, être l’objet d’un regard analytique.

Parler des défaites du colonisateur (et donc des victoires des colonisés) constitue ainsi un moyen d’échapper à une approche uniquement « victimaire » du passé colonial en mettant en exergue les luttes, parfois heureuses, de peuples agressés ou assujettis pour défendre ou reconquérir leur liberté. Les exposés et les débats qui les accompagnent seront l’occasion d’exhumer « ce filet de voix des vaincus et de leurs héros » (Christiane Taubira) en les plaçant, pour une fois, du côté des vainqueurs...

Programme

Mercredi 9 octobre 2013

8h45 : Accueil des participants

9h15 : Introduction (Laurent Colantonio et Sébastien Jahan)

Matinée – De Yorktown à Diên Biên Phu : échos des défaites du colonialisme

- 9h45 : « L’onde de la Révolution américaine dans l’Empire britannique et en Europe, 1780-1800 » (Anne Jollet)
- 10h10 : « Les répercussions de la défaite d’Adoua (1896) sur l’opinion publique, la diplomatie et la politique coloniale françaises » (Luc Chantre)

10h35 : pause

- 11h : « La guerre d’Indochine dans le processus de décolonisation "à la française" : facteur déclencheur, modèle, relais ? » (Alain Ruscio)

11h25 : discussion

12h : Pause déjeuner

Après-midi – Le colon et les autres : marges insoumises et îlots de résistance dans l’Amérique des Empires (XVIe-XIXe siècles)

- 14h : « Les résistances indiennes aux marges des empires dans l’Amérique coloniale » (Guillaume Boccara)
- 14h25 : « "L’isle estoit à la veille de succomber" : guerres et paix entre Indiens caraïbes et Français (1625-1660) » (Benoît Roux)

14h50 : discussion

15h15 : Pause – collation

- 15h45 : « Penser la défaite de Rochambeau (Républiqueville/Fort de France, mars 1794) » (Vincent Cousseau)
- 16h10 : « New Ulm (Minnesota), août 1862 : une victoire dakota ? Angoisse, identités et stratégie en contexte colonial nord-américain » (Tangi Villerbu)

16h35 : discussion

Jeudi 10 octobre 2013

9h : accueil des participants

Matinée – La défaite vue des métropoles (XVIIIe-XIXe siècles)

- 9h15 : « La retraite de Lang Son et ses conséquences politiques en France » (Jérôme Grévy)

9h40 : discussion

10h : pause

- 10h30 : « Autour de Pollilur (1780) et Seringapatam (1799). La place de l’image dans la formation de l’empire britannique des Indes » (Hugues Marquis)
- 10h55 : « Isandlwana 1879. La résistance zouloue à la colonisation britannique au sud de l’Afrique » (Ludovic Dubois)

11h20 : discussion

12h : Pause déjeuner

Après-midi – Usages mémoriels et historiographies des échecs du colonialisme (XIXe-XXIe siècles)

- 14 h : « La révolte de 1857-58 en Inde et ses interprétations » (Vanessa Caru)
- 14h25 : « La campagne du Mexique de Napoléon III : une bien étrange défaite » (Frédéric Johansson)

14h50 : discussion

15h15 : Pause – collation

- 15h45 : « L’insurrection baya revisitée (Afrique équatoriale française, 1924-1932) » (Catherine Coquery-Vidrovitch)
- 16h10 : « L’Empire et la Révolution ou Bolivar et son double : mythe et histoire au Venezuela » (Frédérique Langue)

16h35 : discussion

Contacts : Laurent Colantonio, courriel : laurent [dot] colantonio [at] univ-poitiers [dot] fr

Annonce from http://calenda.org/260561


Page créée le jeudi 3 octobre 2013, par Dominique Taurisson-Mouret.


Tout l’agenda

Dans la même rubrique

Dernières brèves