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Appel
Date limite de soumission : lundi 1er juin 2020
Journée d’étude de l’Association de Géographes Français
Cette journée d’étude sera consacrée au concept de transition énergétique et écologique. Ce concept qui a fini par supplanter celui de développement durable, ne semble pas être encore clairement défini et nécessite un approfondissement épistémologique. L’objectif de cette journée est d’explorer le concept de transition appliqué à des objets géographiques de natures et d’échelles variées. Les contributions chercheront donc à discuter les concepts de transition énergétique ou écologique et proposeront des analyses portant sur des thématiques géographiques opérationnelles.
Le concept de transition connaît depuis quelques années un certain succès médiatique et politique. La transition désigne un changement graduel d’un état de départ, plus ou moins stable, vers un autre censé être aussi relativement stable. Ce concept a d’abord été appliqué aux évolutions démographiques (la transition démographique) puis, dans les années 1990, à la transformation politique et économique des anciens pays communistes, et plus récemment encore pour évoquer les changements politiques dans différentes régions du monde. On a aussi parlé de transition urbaine, alimentaire, voire de transition épidémiologique (A. Omran) : autant d’efforts visant à cerner la trajectoire incertaine des changements sociétaux les plus amples, en les appuyant sur des états de référence plus stables et mieux documentés. Depuis le début des années 2000, c’est principalement pour évoquer les changements qu’impliquent les défis environnementaux en lien avec le changement climatique, que l’on évoque le concept de transition.
Cette transition qualifiée tantôt d’écologique, tantôt d’énergétique, a fini par supplanter le concept de développement durable, qui avait été mis en avant depuis le rapport Brundtland. Illustrant cette substitution, le ministère français de l’Ecologie et du Développement durable est devenu en 2017 le ministère de la Transition écologique et solidaire. Bien qu’il apparaisse dès le début des années 1980, le concept de transition énergétique, qui désigne alors une politique destinée à réduire la consommation en améliorant l’efficacité énergétique et à substituer les énergies renouvelables aux énergies fossiles, ne s’est imposé qu’assez récemment. L’accident de Fukushima en 2011 et ses répercussions sur la politique énergétique allemande, désormais désignée de « Energiewende » (transition énergétique) ont fortement contribué à ce succès (au moins médiatique). Depuis lors, plusieurs revues de géographie ou de sciences de l’environnement ont consacré des dossiers ou des numéros complets à la transition énergétique ou écologique. Dans d’autres revues publiant un dossier, ou un numéro consacré à un thème connexe comme le changement climatique, la transition est également abordée par un ou plusieurs articles.
Néanmoins, à l’image des insuffisances conceptuelles du développement durable, le concept de transition ne semble pas être encore clairement défini, comme l’illustre d’ailleurs la confusion entre transition écologique et énergétique. Il y a pourtant nécessité de bien distinguer ces concepts dans la mesure où l’on a pu mettre en évidence qu’à l’échelle des Etats, l’histoire de l’approvisionnement énergétique avait été marquée par une succession de transitions énergétiques d’ampleur et de durée variables, mettant en jeu différents combustibles fossiles . Une transition énergétique n’est donc pas forcément une transition écologique, qui prend d’ailleurs en compte d’autres éléments que le système énergétique. De plus, certains auteurs contestent la notion même de transition, au sens d’une substitution complète d’une catégorie de sources d’énergie à une autre et voient plutôt une évolution sous la forme d’une addition de ressources au cours du temps. Tout comme la notion de transition semble forcer la référence à des états d’équilibre préalables, la transition énergétique, comme toute forme de « transition », met fortement en débat la référence à un état initial mal identifié.
Ce qui semble peut-être le plus discutable dans le concept de transition tel qu’il est proposé aujourd’hui, est qu’il est conçu comme une évolution décrétée comme obligatoire, résultant des impératifs écologiques, tout comme les sociétés concernées ont été transformées par la transition démographique, ou les transitions économiques. Enfin, du point de vue géographique, les concepts de transition énergétique ou écologique sont peut-être trop larges, trop englobants, pour pouvoir servir de base à des analyses qui, en géographie, sont principalement menées à des échelles locales, voire régionales ou nationales.
Il existe donc un besoin d’approfondissement épistémologique du concept de transition énergétique ou écologique, notamment en géographie. L’objectif de cette journée est d’explorer le concept de transition appliqué à des objets géographiques de natures et d’échelles variées. Les contributions chercheront donc à discuter les concepts de transition énergétique ou écologique et proposeront des analyses portant sur des thématiques géographiques opérationnelles. Une première question consistera à définir l’échelle d’analyse permettant d’étudier les effets spatiaux des transitions, dont il conviendra de définir la nature et l’importance. À travers les objets géographiques examinés, les contributeurs sont invités à proposer une définition de ce que l’on entend par transition. Quels sont les changements, les transformations pris en compte, permettant de définir en quelque sorte l’entrée dans une transition entre deux modèles ? Une autre question essentielle est celui du rythme et de la durée des transitions. Peut-on distinguer différents modèles de transition comme cela est suggéré par certains auteurs ? Enfin, on s’interrogera sur la pertinence du concept de transition par rapport à d’autres concepts (changement, mutation, transformation, etc.) pour décrire et expliquer les phénomènes observés.
Modalités de communications
Les propositions de communication sont à adresser avant le 1er juin 2020 à michel.deshaies chez univ-lorraine.fr, sous la forme d’un titre et d’un résumé de 600 caractères au maximum.
Ces propositions seront évaluées par le comité scientifique (voir ci-dessous) et les réponses seront communiquée directement aux auteurs ayant fait les propositions de communication avant le 10 juillet 2020.
Comité scientifique
Antoine Beyer (université de Cergy-Pontoise)
François Bost (université de Reims)
Marianne Cohen (Sorbonne Université)
Sylvie Daviet (université d’Aix-en-Provence)
Samuel Depraz (université de Lyon 3)
Michel Deshaies (université de Lorraine)
Peter Dörrenbächer université de la Sarre)
Simon Edelblutte (université de Lorraine)
Edith Fagnoni (Sorbonne Université)
Bernadette Mérenne-Schoumaker (université de Liège)
Christian Schulz (université du Luxembourg)
Florian Weber (université de la Sarre)
Comité d’organisation
Bernadette Mérenne-Schoumaker
Michel Deshaies
Colloque
Samedi 10 octobre 2020 (Institut de Géographie, Paris)
Page créée le lundi 9 mars 2020, par Dominique Taurisson-Mouret.