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Vient de paraître : Pierre Duval, L’Appel de la rizière, Paris, Les Indes savantes, 2014

-  242 p., cahier photos 28 p., glossaire.

Recension de cet ouvrage par Pierre Brocheux : « L’Indochine comme sociogénèse d’une rencontre et d’une transculturation » pour le site Mémoires d’Indochine :

« Le manuscrit des mémoires de Pierre Duval dormait dans les archives des Missions étrangères de Paris d’où l’éditeur Frédéric Mantienne a eu l’heureuse idée de l’extraire et de le publier. La destinée indochinoise du colon Pierre Duval tranche avec celles des planteurs d’hévéas et d’autres coloniaux (comme Le Pichon.Récits et Lettres d’Indochine, cf. la recension dans Outre-Mers, 2ème semestre 2009) dont les récits ont été publiés. Elle diffère d’abord par la durée : de 1926 à 1960 ; par son théâtre : le centre du Viêt Nam où Duval s’immergea complètement dans le milieu indigène où il fit souche en épousant une Vietnamienne. En troisième lieu, l’exploitation Duval (3.000 hectares) reposait sur la polyculture vivrière et sur l’élevage et non sur une monoculture (riz ou hévéas ou café) ; la terre était amodiée selon la pratique locale qui associait l’affermage et le métayage, une pratique coutumière que l’on retrouvait chez les riziculteurs du delta du Mékong. Cependant Duval n’était pas un propriétaire absentéiste.

J’ajoute que ces souvenirs sont passionnants pour une quatrième raison : la concession était située dans un milieu pluriethnique : Viêt, Cham et Moï (Duval utilise ce mot qui désignait à l’époque les ethnies des hauts plateaux du centre du pays) qui fournissait la main d’œuvre au colon. Celui ci nourrissait une empathie visible pour ces populations dont il observait les mœurs et les coutumes avec une intelligence ouverte et indulgente.

Les trois décennies de colonisation (au sens propre du terme) ont valu à Duval une vie mouvementée où la crise économique des années 1930 a été suivie par la Seconde guerre mondiale (avec l’occupation japonaise devenue réelle et pesante à compter du 9 mars 1945). Puis la guerre franco-vietnamienne qui débute en 1945 et se poursuit, après les Accords de Genève par la guerre civile, place Duval dans une position périlleuse : sa concession fut attaquée par ceux que l’on appelait les Viêt Minh. Lui même fut capturé. S’il individualise et brosse, avec finesse et indulgence, les portraits de ses ravisseurs, il fait un récit sans complaisance de leur cruauté (récit de l’exécution de son fidèle assistant). Pour finir, en 1960, il dut renoncer à son exploitation lorsque le gouvernement nationaliste (du Sud Vietnam) expropria le colonat français à l’exception des grandes sociétés d’hévéaculture.

Ce témoignage est un récit d’histoire vivante qui dément les représentations souvent caricaturales dans un sens comme dans un autre de la colonisation et des coloniaux, j’entends les Français de la colonie. »

Pierre Brocheux


Page créée le mercredi 21 janvier 2015, par Dominique Taurisson-Mouret.


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