Séminaire CEMAf-CEAf - 2013-2014 : L’Etat documentaire et les mondes du papier en Afrique. matérialité, technologies, affects

Périodicité mensuelle / Séances de 3h (8 séances dans l’année) : Mardi de 13 h 30 à 16 h 30

CEMAf, salle Person, 9 rue Malher, 75004 Paris

Calendrier des séances : 5 novembre, 3 décembre 2013, 7 janvier, 4 février, 4 mars, 1er avril, 13 mai, 3 juin 2014.

Séminaire organisé par :
 Séverine Awenengo Dalberto (CEMAf)
 Aïssatou Mbodj-Pouye (CEMAf)
 Guillaume Lachenal (Université Paris VII, membre associé du CEMAf-Paris)

Présentation

Ce séminaire propose de réfléchir aux manières d’étudier la « gouvernementalité écrite » en Afrique, en prenant appui sur des travaux historiques et contemporains. L’enjeu est de comprendre la façon dont des dispositifs d’écriture ont permis à la fois la prise sur des sociétés et des individus et l’émergence de nouvelles subjectivités. Des travaux récents ont souligné le rôle de certaines pratiques de l’écrit (mise en carte, recensement, enregistrement des personnes et des biens) en particulier celles liées à l’identification, dans les processus de conquête puis de colonisation. L’objet du séminaire est de faire le point sur ces nouvelles approches, en les mettant en rapport avec des travaux sur des terrains contemporains. L’enjeu est de penser l’ambivalence de processus qui ne sont pas de l’ordre d’une imposition pure et simple sur des sociétés ignorantes de l’écriture et incapables de s’emparer de ces formes. Contre l’idée d’un « monde du papier » que les sociétés africaines auraient identifié de manière défensive comme quelque chose d’extérieur, il s’agira d’explorer la pluralité des instances de production documentaire et la complexité des rapports que les individus nouent à ces documents et institutions. L’objet du séminaire est de faire dialoguer des travaux d’horizons divers, notamment ceux sur l’administration et la bureaucratie et les études de la culture écrite, afin d’éclairer les reconfigurations de l’interface entre Etat et individus, familles, et autres collectifs, autour du rapport au document. Nous incluons dans le registre bureaucratique aussi bien ce qui émane de l’administration stricto sensu, que ce qui circule dans les sphères scolaires, juridiques ou médicales d’interventions de l’Etat. Au-delà de l’espace du bureau ou du service, nous proposons aussi de considérer ce qu’on peut appeler des « processus de bureaucratisation informels », en nous interrogeant notamment sur les significations des emprunts de l’apparat bureaucratique (tampons, papier à en-tête, signature, etc.) à d’autres contextes. L’Etat documentaire et les mondes du papier en Afrique : matérialité, technologies, affects Séminaire mensuel organisé par Séverine Awenengo Dalberto (CEMAf-Paris), Aïssatou Mbodj-Pouye (CEMAf-Ivry) et Guillaume Lachenal (Université Paris VII, membre associé du CEMAf-Paris).

D’un point de vue théorique, nous identifierons les apports du « material turn », qu’on constate en histoire comme en anthropologie, à l’étude des documents et de leurs effets. La prise en compte de la matérialité confronte le chercheur à des défis méthodologiques ; un des enjeux du séminaire sera d’élaborer un outillage qui prenne en compte la texture linguistique, les formats graphiques, les genres et modèles imprimés, les supports, les lieux de conservation et de circulation des documents. La spécificité des « papiers » nous orientera tout particulièrement vers l’étude des signes de validation et d’authentification. Il s’agira d’être attentif aux effets de l’absence de documents ou encore aux diverses formes de falsification du document officiel, ainsi qu’aux transformations de ces objets à l’ère du numérique. Une veine d’investigation particulièrement riche est celle des travaux sur l’écrit et la mobilité, avec des études historiques sur les permis de circulation ou les papiers d’affranchissements mais aussi des réflexions contemporaines sur les régimes documentaires de l’(im)mobilité et de la citoyenneté. Développées principalement à partir des terrains européens et américains, ces réflexions méritent d’être réévaluées à l’aune des expériences africaines coloniales et postcoloniales.

Pour cette première année, nous alternerons présentations d’études de cas par des invités, et séances de lectures – puisées parmi des travaux récents au sein des études africaines et au-delà.

 Mardi 5 novembre 2013, 13 h30-16 h 30

Site CEMAf-Paris / 9 rue Malher / 75004 Paris / Salle Person

Lorena Rizzo (Univ. Bielefeld & Basel) : Between the Book and the Lamp. Interiors of Bureaucracy and the Materiality of Colonial Power

Programme en cours de finalisation.