Accueil ▷ Actualités ▷ Actualités
Appel
Date limite de soumission : samedi 30 septembre 2023
L’objectif principal de ce symposium international est de mobiliser les chercheurs, les praticiens et les divers acteurs intéressés par les problématiques liées aux savoirs endogènes, au patrimoine culturel et au développement dans la diversité de ses facettes (politique, économique, social, culturel, environnemental, etc.). D’une manière plus spécifique, il est question, à partir d’une diversité de contextes et de formes d’expression de la capitalisation des savoirs endogènes.
Le développement du Cameroun demeure au centre de nombreuses réflexions qui tendent non seulement à questionner la pertinence des approches, mais aussi les paradigmes sur lesquels peuvent s’adosser toutes les initiatives menées jusqu’ici. En effet, si le Cameroun veut, comme la plupart des Etats africains, être responsable de son futur et faire face aux défis y afférents, il est important que la réflexion en sciences humaines et sociales mette un accent sur le questionnement de la contribution des savoirs endogènes et du patrimoine culturel dans les dynamiques et les perspectives de développement au Cameroun. Bien que la Stratégie Nationale de Développement pour la décennie 2020-2030 (SND 20-30) n’évoque pas de manière explicite les savoirs endogènes, il faut tout de même souligner que les déclinaisons prioritaires faites dans ce document de politique publique font appel à la capitalisation des savoirs endogènes pour une transformation structurelle de l’économie nationale. Cela passe évidemment par la promotion du patrimoine culturel qui constitue l’un des domaines où sont majoritairement mis à contribution les savoirs endogènes. La poursuite de l’inventaire et de la valorisation du patrimoine culturel comme produit des savoirs endogènes au Cameroun décliné dans la SND 20-30 illustre à suffisance qu’aujourd’hui, l’Etat est plus que jamais conscient de la prise en compte des savoirs endogènes dans les initiatives de développement au Cameroun.
Il existe une relative confusion entre le concept de savoirs endogènes et ceux de savoirs locaux et savoirs traditionnels. Ce qui ne permet pas toujours de dégager une sorte de consensus en termes de définition. Selon le philosophe béninois Paulin Hountondji (1994), les savoirs endogènes sont « une connaissance vécue par la société comme partie intégrante de son héritage, par opposition aux savoirs exogènes qui sont encore perçus, à ce stade au moins, comme des éléments d’un autre système de valeurs. » Bien que les confrontations entre les terminologies traditionnels/locaux/endogènes font parfois l’objet de débats scientifiques, nous avons ces termes comme équivalents, car faisant chacun écho à la tradition comme un héritage d’une société, ou encore l’aspect local comme spécificité tirée d’un territoire. Les travaux de Joseph Mboui (1967, 1971 et 1980) orientés sur le peuple Bassa mettent un accent sur le concept de savoir et jettent une perspective de construction épistémologique et conceptuelle du concept de savoirs endogènes dans le contexte camerounais. Ces travaux mettent également en lumière le concept de patrimoine culturel qui entretient un lien étroit avec celui de savoirs endogènes étant donné que le patrimoine culturel est le produit des savoirs endogènes. En effet, par définition, les savoirs endogènes sont très largement inscrits (situés) dans les territoires. Dans les pays d’Afrique subsaharienne, ces savoirs endogènes ont jadis joué un rôle déterminant dans le maintien de l’équilibre des écosystèmes et même dans l’organisation sociale de ces communautés, avant d’être fortement remis en cause du fait des dynamiques de modernisation. La forte urbanisation et la croissance démographique ont également eu un impact négatif sur la préservation de ces savoirs. Au final, ils ont été souvent déconsidérés, voire en partie oubliés. Qualifiés de “savoirs sauvages” (Darré, 1984), ils ont en effet été dénigrés au nom de la scientificité en perdant leur légitimité d’un point de vue institutionnel, relégués le plus souvent à des croyances issues de la doxa (Darré, 1996).
Les avancées théoriques sur la thématique des savoirs endogènes s’observent en conciliant la conceptualisation et la pratique des savoir-faire endogènes. En effet, pendant très longtemps, en remontant le fil de l’histoire jusqu’à l’ethnologie coloniale de certains africanistes ayant travaillé sur les sociétés africaines, les premiers chercheurs notamment français se sont appuyés sur des traducteurs et des informateurs pour percer les mystères de ce Cameroun profond et ambigu. Ces « informateurs », dotés d’une connaissance fine du « Cameroun des initiés », étaient souvent des maîtres dans leurs domaines respectifs. C’est pourquoi, par exemple, l’idée de la dichotomie médecine traditionnelle (médecine africaine) et médecine moderne (médecine occidentale), inscrite dans un rapport de complémentarité, n’a pas de fondement scientifique sur le plan anthropologique. En effet, une telle distinction conduirait à hiérarchiser deux systèmes de valeurs que la recherche d’efficacité rapproche sans les confondre. En prenant en compte toutes les dimensions des savoirs endogènes et leur imbrication dans un champ diversifié et complexe, il semble donc pertinent de questionner à travers une approche à la fois transdisciplinaire, multidisciplinaire, pluridisciplinaire et interdisciplinaire la pertinence, la portée ainsi que les logiques de mobilisation des savoirs endogènes dans les initiatives de développement au Cameroun.
Les objectifs du symposium
L’objectif principal de ce symposium international est de mobiliser les chercheurs, les praticiens et les divers acteurs intéressés par les problématiques liées aux savoirs endogènes, au patrimoine culturel et au développement dans la diversité de ses facettes (politique, économique, social, culturel, environnemental, etc.). D’une manière plus spécifique, il est question, à partir d’une diversité de contextes et de formes d’expression de la capitalisation des savoirs endogènes :
De réfléchir aux accompagnements possibles dans la perspective de la construction d’un Cameroun stable, prospère et compétitif ;
Par différentes expériences, de valoriser le pouvoir et la richesse de la diversité du patrimoine culturel et des savoirs endogènes camerounais ;
Par analyses croisées des problématiques pertinentes du développement du Cameroun, d’explorer comment les dividendes des savoirs endogènes et du patrimoine culturel, peuvent aider à l’édification d’un Cameroun adapté aux défis du présent et du futur.
Ce symposium international vise donc à comprendre les grands cadres de débats qui animent les recherches sur les savoirs endogènes, le patrimoine culturel et les perspectives de développement au Cameroun. En un mot, il sera l’occasion de revisiter les acquis, de penser l’avenir et de dire le présent du Cameroun au prisme des savoirs endogènes et du patrimoine culturel.
Les axes thématiques du symposium
Ce symposium dont l’objectif est de questionner dans le cadre d’une réflexion scientifique, technique et pratique les savoirs endogènes est organisé en axes thématiques qui permettront de mettre à contribution plusieurs disciplines des Sciences Humaines et Sociales. Bien qu’étant un travail de recherche, le traitement des sujets devra se faire dans le strict respect de la finalité recherchée et exprimée dans les objectifs du symposium. Les contributions émanant des axes thématiques devront s’atteler à s’inscrire dans une perspective transdisciplinaire, interdisciplinaire, pluridisciplinaire et multidisciplinaire.
Axe 1 : Les instruments juridiques et le cadre institutionnel de promotion des savoirs endogènes et du patrimoine culturel au Cameroun
Dans un contexte d’institutionnalisation tous azimuts, les normes et les institutions qui constituent les piliers d’édification des sociétés politiques modernes se hissent au cœur de toute activité humaine. Les savoirs endogènes tout comme le patrimoine culturel sont des domaines de l’activité humaine qui font l’objet des dynamiques multiples qui appellent à la mobilisation des mécanismes de régulation, d’incitation et de protection. Pour cela, cet axe permettra de questionner au prisme du droit, de la sociologie politique et des disciplines connexes, les instruments juridiques et le cadre institutionnel des savoirs endogènes et du patrimoine culturel au Cameroun. Toute chose qui pourra contribuer à saisir le sens, la pertinence et la portée des politiques publiques de valorisation des savoirs endogènes et du patrimoine culturel au Cameroun.
Axe 2 : Les savoirs endogènes et le patrimoine culturel au service de la production et de la compétitivité économique au Cameroun
Le cadre macro-économique du Cameroun aujourd’hui montre que les principales activités qui constituent le tissu productif traversent une forte crise d’adaptation et de rentabilité du fait d’un contexte international devenu difficile depuis l’avènement de la pandémie à Corona virus. Avec une agriculture qui peine à se moderniser et un tissu industriel plus que jamais inadapté, l’économie camerounaise a besoin d’alternatives permettant de rendre plus que résilient le tissu productif. Ainsi, cet axe thématique essayera de réunir les contributions susceptibles de montrer comment les savoirs endogènes et le patrimoine culturel réussissent à s’articuler dans le tissu économique national. L’art culinaire, la médecine traditionnelle, la sculpture, les arts visuels et toutes autres techniques doivent faire l’objet d’une analyse tendant à montrer leur contribution dans le tissu économique national.
Axe 3 : les savoirs endogènes et le patrimoine culturel comme socle de la construction des identités au Cameroun
Le Cameroun est un Etat unitaire décentralisé et multi-ethnique au sein duquel se côtoient plusieurs groupes ethniques qui sont à l’origine d’une diversité identitaire caractéristique de ce pays. Ces multiples identités oscillent entre tensions et cohésion nationale. En dépit de la résurgence des conflits identitaires observés au Cameroun, les sociétés camerounaises ont su au fil du temps se constituer un riche patrimoine culturel en mobilisant les savoirs endogènes. Ce riche patrimoine culturel est à l’origine de la construction des identités culturelles qui composent le Cameroun, cette « Afrique en miniature » qui demeure à la croisée des chemins dans un contexte de mondialisation. Dans cet axe, les contributions émanant des disciplines tels que la Sociologie, l’Anthropologie, la Géographie, l’Histoire, la Science Politique, la Psychologie, la Philosophie ou encore les Sciences de l’Education permettront ainsi de questionner les dynamiques de construction des identités au Cameroun par l’usage des savoirs endogènes et du patrimoine culturel.
Axe 4 : Les instruments de transmission et de diffusion des savoirs endogènes
Les savoirs endogènes comprennent également un ensemble de savoirs faire et des techniques produites et transmises au sein de la société. Leur transmission et leur diffusion requiert ainsi des compétences détenues par des personnes dotées de certaines qualités et aptitudes à la fois matérielles et immatérielles. Parmi ces compétences, se trouvent des procédés et techniques utilisés dans le domaine de la production agricole, l’art, l’artisanat, la médecine, les langues, et bien d’autres. Les contributions de cet axe tenteront de questionner la dimension technique, technologique, didactique et pratique de certains savoirs endogènes en termes d’instruments ainsi que des modalités de diffusion et de transmission.
Axe 5 : Joseph MBOUI et les savoirs endogènes au cœur des enjeux de l’Afrique nouvelle
Le monde est aujourd’hui le théâtre d’une intense bataille à la triple dimension géopolitique, géoéconomique et géoculturelle qui ne laisse pas l’Afrique en reste au regard de sa position et de ses rapports aux autres grands ensembles qui constituent le système mondial. Ainsi, elle n’entend pas rester à la traine dans ce vaste mouvement d’ensemble, titré sous le label de Mondialisation. A cet égard, l’exigence d’objectivité et de réalisme nous poussent à relever pour nous-mêmes et pour les autres la nécessité pour le continent noir de décoder le contexte, d’appréhender les contours et de garantir le suivi tout en sauvegardant son essentiel vital dans cette nébuleuse fraternité planétaire. Pour cela, les savoirs endogènes doivent se positionner comme un instrument par lequel l’Afrique en sortira victorieuse et pourra se projeter comme un acteur qui fait sens. Tout au long de son parcours académique et scientifique, Joseph MBOUI s’est hissé comme l’un des portes flambeau d’une pensée intellectuelle africaine adossée sur la mise à contribution des savoirs endogènes comme instrument de développement en Afrique. Le combat qu’il aura mené est celui d’une consécration épistémologique des savoirs endogènes comme objet de recherche en Sciences Humaines et Sociales dans le contexte africain et camerounais en particulier. Il aura également milité pour l’adoption des postulats méthodologiques spécifiques à l’étude des sociétés africaines à travers les savoirs endogènes produits. Les contributions de cet axe devront donc s’atteler à questionner l’essence épistémologique des savoirs endogènes, de proposer des nouvelles perspectives méthodologiques de recherche afin que les résultats des recherches concernant les problématiques liées aux savoirs endogènes soient bénéfiques pour l’Afrique nouvelle.
NB : A noter que ces axes ne sont pas exhaustifs.
Page créée le vendredi 8 septembre 2023, par Webmestre.