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Appel
Date limite de soumission : mercredi 30 août 2017
Les sociétés anciennement colonisées présentent une situation particulière : leur « décolonisation » ne semble pas être systématique et complète. Elles conservent encore les séquelles de la colonisation dans certains domaines. La production de savoirs dans ces sociétés offre, en ce sens, un espace où l’on peut interroger leur « processus de décolonisation », ce qui, par conséquent, permet de comprendre la manière dont la colonisation les influence. Elle semble aussi pouvoir rendre compte de leur(s) rapport(s) aux valeurs portées par les anciennes métropoles.
Concrètement, le constat est que la « bibliothèque coloniale » dominée par des références européennes constitue un réservoir où puise la recherche scientifique dans les sociétés décolonisées. Les approches scientifiques occidentales, souvent teintées d’eurocentrisme, dominent la recherche qui se donne pour objectif d’établir une intelligibilité de ces sociétés dans la mesure où elles en constituent les principales références. A défaut de références locales dues à de faibles infrastructures scientifiques, le regard est tourné vers l’appareil théorique de l’ancienne métropole. Les penseurs classiques haïtiens en sont un exemple : Joseph Anténor Firmin (1885) s’appuie sur le positivisme pour décortiquer le racisme européen, Démesvar Delorme (1870) mobilise toutes les références occidentales pour critiquer la gouvernance politique haïtienne et Jacques Roumain (1934) fait de même avec le marxisme pour combattre l’occupation américaine 1915-1934.
Analyser ainsi ce qui sous-tend le choix des objets d’études des chercheurs dans les sociétés anciennement décolonisées, les outils conceptuels et théoriques qu’ils mobilisent, leurs attitudes faces aux productions scientifiques européennes, peut constituer une piste importante pour saisir les enjeux liés au processus de décolonisation enclenché dans ces sociétés. Cette situation soulève donc un ensemble de questions. A partir de quel « lieu » faut-il produire du savoir dans les pays décolonisés ? Le « lieu » dans ce cas se réfère au théorique, géographique, culturel et idéologique. Comment penser les phénomènes haïtiens à partir d’Haïti ? Quelle place occupe l’Occident dans les recherches scientifiques portant sur les pays décolonisés ? Comment produire du savoir dans les sociétés décolonisées sans tomber dans le piège colonialiste ? Jusqu’où peut-on mobiliser l’Europe dans ces recherches scientifiques ? Ne faudrait-il pas « provincialiser l’Europe » (Dipesh Chakrabarty, 2000) avant de déterminer sa pertinence dans le cas des sociétés colonisées ?
Cette journée d’étude tend à répondre à ces questions en discutant des travaux de recherche portant sur Haïti. Ce « singulier petit pays » peut être constitué en laboratoire pour les études qui tentent de saisir le « processus de décolonisation ». Il a subi une colonisation féroce et des occupations étrangères qui ont façonné son identité internationale. Haïti est l’une des sociétés décolonisées qui offre des perspectives intéressantes pour penser la recherche scientifique dans les sociétés non occidentales. Pendant ces trente dernières années, les productions scientifiques le concernant ne cessent d’augmenter. Cette journée vise à en réunir une bonne partie autour de la thématique du processus de décolonisation.
Cette journée se veut aussi un espace d’échange entre ceux qui travaillent sur Haïti et plus généralement sur les sociétés décolonisées. Elle permettra à ces jeunes chercheurs de se connaître tout en se familiarisant avec d’autres thématiques de recherche. Ce sera aussi un moment de soumettre à la raison critique les grandes thèses des recherches en cours.
Quatre axes généraux sont proposés :
Education et société
Histoire des idées
Politique
Culture et tourisme
Dates importantes :
L’activité aura lieu le 1 décembre 2017 à l’Université Paris 8 (Saint-Denis).
Délai pour les propositions de communications (une page au maximum, avec une notice biographique) : 30 août 2017
Réponse du comité scientifique : 18 septembre 2017
Modalités de soumission :
Les propositions de communications doivent être envoyées à l’adresse suivante : haiti.groupedereflexion chez yahoo.fr
Comité scientifique :
Patrice Vermeren, Professeur de philosophie à l’Université Paris8, LLCP
Délide Joseph, Postdoctorant en histoire, CNRS
Fréderic Thomas, Docteur en science politique, chargé d’étude au CETRI
Edelyn Dorismond, Docteur en philosophie, Université d’Etat d’Haïti
Matthieu Renault, Maitre de conférences à l’Université Paris8, LLCP
Glodel Mezilas, Docteur en Etudes Latino-Américaines, Espagne
Stéphane Douailler, Professeur de philosophie à l’Université Paris8, LLCP
Jacques Nesi, Docteur en science politique, Université Antilles-Guyane
Georges Eddy Lucien, Docteur en histoire, Université d’Etat d’Haïti
Jhon Picard Byron, Professeur à l’Université d’Etat d’Haïti, LADIREP
Didier Moreau, Professeur des Universités, EXPERICE
Comité d’organisation :
Jean-Jacques Cadet, doctorant en philosophie, LLCP
Saul Jacinthe, doctorant en sciences de l’éducation, EXPERICE
Sterline Sama lindor, doctorant en philosophie, LLCP
Grégory Ulysse, doctorant en sciences de l’éducation, ESCOL
Contact Jean-Jacques Cadet (cadet [dot] jeanjacques [at] yahoo [dot] fr)
Colloque
Vendredi 1er décembre 2017 (Université Paris 8)
Les sociétés anciennement colonisées présentent une situation particulière : Leur "décolonisation" ne semble pas etre systématique et complète. Elles conservent encore les séquelles de la colonisation dans certains domaines. La production de savoirs dans ces sociétés offre, en ce sens, un espace ou l’on peut interroger leur processus de "décolonisation", ce qui, par conséquent, permet de comprendre la manière dont la colonisation les influence.
Partenaires : LLCP (Paris8), EXPERICE (Paris8), LADIREP (UEH)
Comité d’organisation : Jean-Jacques Cadet, Saül Jacinthe, Ulysse Grégory.
Contact : Jean-Jacques Cadet (cadet [dot] jeanjacques [at] yahoo [dot] fr)
9h : Accueil des participants
9h15 : Discours d’ouverture (Jean-Jacques Cadet)
9H30 : Conférences plénières
Stéphane Douailler, Professeur des universités (Paris 8) : La réhabilitation au tranchant de l’égalité.
Georges Eddy Lucien, Professeur des universités (UEH) : Le Nord-est d’Haïti, un territoire identifié, référencé et instrumentalisé par et pour l’Autre.
Panel I : Le spectre européen ; 11H-12H30 Président de séance : Jean-Jacques Cadet
Pauline Vermeren, Docteure en philosophie (Paris 7) : Désobéissance épistémique des déshérités de l’histoire.
Matthieu Renault, Maitre de conférences en philosophie (Paris 8) : Distiller Marx.
Wilsot Louis, Paris 7 : L’emprise de l’idéologie managériale dans les relations de travail dans les ONG en Haïti.
Panel II : Le politique ; 14H-15H30 Président de séance : Mimose André, Doctorante en philosophie
Cléane Prélat, Docteure en philosophie (Paris 8) : De la décolonisation naturelle à la décolonisation politique. Plaidoyer pour une relance du secteur agricole.
Jacques Nesi, Docteur en philosophie (Université Antilles-Guyane) : La lutte pour la reconnaissance de l’Etat en Haïti comme objet d’étude spécifique.
Milcar Jeff Dorce, Doctorant en droit (Bordeaux) : Service public en Haïti. Droit et colonialité.
Fodnot Jacinthe, Doctorant en philosophie (Paris8) : Le nouveau contrat social du groupe des 184. Une tentative de théorisation contractualiste en Haïti.
Panel III : Le symbolique ; 15H30-17H Ulysse Grégory, président de séance
Jerry Michel, Doctorant en sociologie (Paris 8 / UEH) : Le rapport de la société haïtienne à la mémoire collective.
Ulysse Mentor, Doctorant en littérature (Paris 8) : Usage de la colonialité dans le roman haïtien.
Chedlet Guilloux, ENS/Paris8 : Le patrimoine culturel immatériel d’Haïti.
Pierre Mardochée Pierre, Doctorant en sciences de l’éducation (Paris 8) : Démocratisation et inégalités scolaires dans les pays anciennement colonisés. Le paradoxe Haïtien.
Discours de clôture
Page créée le mercredi 29 novembre 2017, par Dominique Taurisson-Mouret.