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Séances de séminaires terminées
Lundi 28 janvier 2019, 14 h-16 h : « Les savoirs des frontières et les frontières des savoirs dans les espaces coloniaux » …
Sílvio Marcus de Souza Correa (Université fédérale de Santa Catarina, Brésil, « Les savoirs des frontières et les frontières des savoirs dans les espaces coloniaux »
Sonny Marie Jaofeno, « L’école ménagère des jeunes filles à Madagascar (1945-1972) »
Lundi 25 février 2019, 14 h-16 h : Edenz Maurice, « Les instituteurs en Guyane »
Lundi 25 mars 2019, 14 h-16 h : Mélanie Toulhoa, « Paulo Freire et l’Institut d’Action Culturelle en Afrique lusophone : expériences et récits d’alphabétisation pour adultes en Guinée-Bissau »
Lundi 15 avril 2019, 14 h-16 h : Amandine Charvet, « Les écoles primaires supérieures d’Algérie et leurs enseignant(e)s (années 1880-années 1940) »
Appel
Date limite de soumission : vendredi 15 février 2019
Le CEPED et le CESSMA souhaitent inviter des chercheurs travaillant sur l’histoire de l’éducation en Afrique, du Maghreb à l’Afrique du Sud, à un atelier international qui se tiendra à Paris le jeudi 9 mai 2019 portant sur les politiques éducatives, les écoles et les élèves, de la colonisation aux premières décennies suivant l’indépendance en Afrique, du milieu du XIXe siècle aux années 1970.
Nous souhaitons que cet atelier permette d’identifier les chercheur(e)s dont les travaux sont consacrés à l’histoire de l’éducation en Afrique, afin de constituer un réseau international.
L’histoire de l’éducation offre une perspective unique pour comprendre les constructions nationales, l’impérialisme et la structuration des sociétés ; elle renseigne sur les dynamiques politiques, économiques, sociales et culturelles de l’Afrique coloniale et post-coloniale. Bien que des recherches nombreuses existent, l’histoire de l’éducation en Afrique n’est pas suffisamment structurée ni traversée par beaucoup de débats scientifiques. C’est pourquoi nous souhaitons favoriser les collaborations internationales. L’accent mis sur l’histoire n’exclut pas les collaborations avec des collègues d’autres disciplines, à condition qu’une forte perspective historique caractérise leurs travaux.
Penser les sociétés coloniales africaines, les indépendances et les constructions nationales à travers la scolarisation enrichira une perspective comparatiste à l’échelle du continent car les questions liées à l’instruction et à la scolarisation ont occupé une place importante dans la constitution des empires coloniaux, des réseaux sociaux et intellectuels qui les ont structurés et des débats qui les ont animés.
La création d’écoles a d’abord participé de l’avancée missionnaire tout au long du XIXe siècle et les relations entre les missions et les pouvoirs coloniaux ont été bien étudiées. Dès après l’établissement de la domination coloniale et des structures impériales européennes, l’instruction primaire dispensée est devenue le substitut et le prolongement d’une violence politique destinée à assurer le contrôle des territoires et des populations. A l’interface du pouvoir colonial, de ses agents éducatifs et des populations colonisées, l’école est un lieu d’observation particulièrement pertinent pour comprendre la « rencontre » coloniale, les contradictions, conflits, négociations et processus de domestication à l’œuvre. Depuis L’aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane ou The River Between de Ngugi wa Thiong’o, nous savons aussi que l’éducation a participé de la prise de conscience qui a conduit aux mouvements de décolonisation et qu’elle a été le lieu de formation des futures élites nationalistes.
Depuis les années 1960, l’histoire de l’éducation s’est emparée de thèmes très divers. Les politiques scolaires coloniales ont fait l’objet des études les plus abondantes. Les façons dont les sociétés colonisées se sont approprié les institutions scolaires en les manipulant ont aussi rapidement attiré l’attention. Il en a été de même avec les contenus des enseignements, les relations pédagogiques et les formes de sociabilité scolaire. L’histoire de l’éducation a permis de comprendre comment l’éducation s’est inscrite et a participé à la structuration raciale des sociétés coloniales, à la mise en place de nouveaux ordres genrés, et à créer de nouveaux groupes et hiérarchies sociales. Les études sur les décolonisations et les constructions nationales se sont penchées sur le rôle de l’école dans les tentatives de décolonisation des savoirs scolaires, la formation de nouveaux cadres africains et la création du sentiment national alors que les pays nouvellement indépendants héritaient de systèmes scolaires inégalitaires, peu développés et mal organisés.
Alors que ces questions demandent à être approfondies par de nouveaux terrains et cas d’études, d’autres demeurent dans l’ombre. Par exemple, si nous avons beaucoup traité des écoles comme lieu de formation des élites nationalistes indépendantistes, qu’en est-il des collaborations et ententes avec les pouvoirs coloniaux et néo-coloniaux qui ont permis la reproduction, au-delà des indépendances, de formes de pouvoir élitistes au profit des élites nationalistes et au détriment de la majorité des populations ? Par ailleurs, l’histoire des acteurs et actrices subalternes de l’école n’a été qu’effleurée. Ainsi, alors que les recherches sur les enseignant(e)s européen(ne)s et le devenir des élites africaines sont relativement nombreuses, l’histoire sociale des enseignant(e)s africain(e)s, notamment en milieu rural, ou des élèves, garçons et filles, qui n’ont pas dépassé le niveau primaire reste largement à écrire. Enfin, il y a beaucoup à développer sur les revendications et initiatives africaines en termes de scolarisation. Celles-ci s’expriment notamment par des adresses aux gouvernements pour développer le système scolaire mais les modalités de ces revendications et la nature précise des demandes restent à étudier. Ces revendications s’expriment aussi à travers la mise en place d’établissements voire de réseaux scolaires autonomes, dès la période coloniale, que ce soit pour combler un manque d’écoles ou pour développer des modèles scolaires alternatifs. On pense ici aux écoles coraniques, plus ou moins intégrées aux systèmes étatiques mais aussi à de multiples autres types d’institutions. Ces revendications et initiatives, étudiées plutôt dans des études sur le nationalisme ou le militantisme, mériteraient d’être intégrées plus nettement dans le champ de l’histoire de l’éducation.
L’atelier cherche à avoir l’approche la plus large possible de l’histoire de l’éducation. Les interventions pourront porter sur des établissements d’enseignement, sur l’école en tant que lieu de formation et de construction des identités, sur ses acteurs et de ses publics, les moyens d’enseignement, la réception de l’idée de scolarisation obligatoire, la gratuité et le "désir d’école" en Afrique sous la colonisation et au cours des premières décennies d’indépendance. À partir d’exemples ancrés dans une période, un contexte, un événement ou un pays (du Maghreb à l’Afrique du Sud), les communications aideront à comprendre dans quelle mesure les politiques et les pratiques scolaires, les lieux de formation, l’investissement individuel ou collectif des acteurs et ses conséquences, les expériences innovantes, sont indissociables de la construction des sociétés coloniales puis des jeunes nations indépendantes.
Nous devrons aussi aborder des aspects méthodologiques et théoriques afin de questionner et envisager un renouvellement de nos pratiques de recherche. Des archives missionnaires à celles des administrations coloniales ou postcoloniales, des documents conservés dans les écoles locales aux sources orales, en passant par les manuels scolaires, les plans des écoles, les lettres ou les photographies, quelles sources utilisons-nous en priorité pour écrire quelle histoire de l’éducation ? Comment poser de nouvelles questions à ces sources et enrichir notre corpus documentaire ? Nous pourrons aussi interroger les
dialogues de l’histoire de l’éducation en Afrique avec les différents champs scientifiques dans lesquels elle est insérée. Quels usages faisons-nous des outils forgés, d’une part, par l’histoire de l’éducation et, d’autre part, par l’histoire de l’Afrique, de la colonisation et des décolonisations ? Comment des concepts tels que celui de Grammar of Schooling (Tabulawa ; Depaepe et al.) ou de « pédagogisation » sont-ils utilisés et retravaillés dans les recherches sur l’Afrique ? Comment les grands débats de l’histoire de la colonisation ou de l’histoire impériale se répercutent-ils dans l’histoire de l’éducation ? L’usage éventuel de catégories et de notions « autochtones », comme celle d’ubuntu (Makalela) pourra être interrogé, de même que la prise en compte des critiques récentes de philosophes de l’éducation africains (Ali Alamin Mazrui). Portées sur le plan du discours, ces dernières ne pourraient-elles pas inspirer de nouvelles recherches empiriques ? De même, les critiques du féminisme occidental par les féministes africaines sont-elles prises en compte, discutées et intégrées dans nos recherches sur l’histoire de l’éducation ? Enfin, l’histoire de l’éducation en Afrique dialogue-t-elle avec des courants développés à partir d’autres continents, comme les Subaltern Studies en Inde ou les théories latino-américaines de la décolonialité ?
De nombreux thèmes sont donc possibles :
circulation des politiques (objectifs, concepts et pratiques) entre les administrations coloniales ou postcoloniales, les universités et les instituts d’éducation dans les métropoles et les colonies.
approche quantitative et qualitative des équipements scolaires en Afrique depuis le milieu du 19ème siècle.
acteurs masculins et féminins des politiques éducatives en Afrique et de leur formation à l’étranger ou sur le continent.
impacts sur les identités individuelles et collectives et sur les politiques locales / régionales.
les changements sociaux et économiques avant et après l’indépendance jusqu’à la fin des années 1970.
réflexions théoriques et méthodologiques sur les concepts et les sources
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Pierre Guidi, CEPED Université Paris Descartes, Chercheur IRD & Jean Luc Martineau, CESSMA, INALCO, Maître de conférence & Florence Wenzek, CERLIS, Université Paris-Descartes, Agrégée d’histoire et doctorante.
Veuillez envoyer votre résumé à for.an.education.network chez gmail.com avant le 15 février 2019.
Les résumés doivent faire 1500 signes maximum, espaces compris.
Précisez votre nom, vos prénoms, votre institution ou université, votre adresse, votre email, et votre poste ou statut actuel.
Enfin, pourriez-vous préciser quelles sont vos thématiques et aires de recherche au-delà de ce que vous proposez pour votre communication ?
Colloque
Jeudi 9 mai 2019 (Paris, Université Paris Diderot)
Journée d’étude du séminaire : « Politiques scolaires, écoles et publics scolaires de la colonisation aux indépendances en Afrique (mi-XIXe siècle - années 1970) »
Séminaire dirigé par Pierre Guidi (Ceped-IRD) & Jean-Luc Martineau (Cessma-Inalco)
Les séances mensuelles du séminaire se tiendront de 14 h à 16 h les lundis 28 janvier, 25 février, 25 mars et 15 avril 2019 à l’Université Paris-Descartes, 45 rue des Saints-Pères, 75006 Paris (Salle J 322 – Bâtiment Jacob)
La journée-séminaire se déroulera à partir de 9 h le Jeudi 9 mai 2019 à l’Université Paris Diderot, Salle 209, Bât. Olympe de Gouge, Rue Albert Einstein
Il sera consacré à l’histoire de l’institution scolaire, de ses acteurs et de ses publics, aux enseignements, à la réception de l’idée de scolarisation et au « désir d’école » en Afrique sous la colonisation et pendant la première décennie des indépendances. A partir d’exemples ancrés dans une période, un contexte, un événement ou un pays particuliers (du Maghreb à l’Afrique du Sud), il s’agira de comprendre dans quelles mesures les politiques et pratiques scolaires, les lieux de formation, l’investissement individuel ou collectif des acteurs de l’école et leur vécu sont indissociables de la construction des sociétés coloniales mais aussi des jeunes nations indépendantes.
Ce séminaire sera constitué de 4 séances mensuelles entre le 28 janvier et 15 avril 2019 et d’une journée-séminaire le jeudi 9 mai. L’ensemble des interventions permettra d’approcher l’histoire de l’éducation en Afrique mais aussi dans d’autres sphères colonisées car l’histoire de l’éducation offre un point de vue particulièrement fécond sur les dynamiques impériales et les sociétés coloniales.
Penser les sociétés coloniales africaines, les indépendances et les constructions nationales à travers la scolarisation dans une perspective comparatiste à l’échelle des « Suds » sera au cœur du séminaire car les questions liées à l’instruction et à la scolarisation ont occupé une place importante dans la constitution des empires coloniaux, des réseaux sociaux et intellectuels qui les ont structurés et dans les débats qui les ont animés. La création d’écoles a d’abord participé de l’avancée missionnaire tout au long du XIXe siècle. Dès après l’établissement de la domination coloniale et des structures impériales européennes, l’instruction primaire dispensée est devenue le substitut et le prolongement d’une violence politique destinée à assurer le contrôle des territoires et des populations. A l’interface du pouvoir colonial, de ses agents éducatifs et des populations colonisées, l’école est un lieu d’observation particulièrement pertinent pour comprendre la « rencontre » coloniale, les contradictions, conflits, négociations et processus de domestication à l’œuvre. Depuis Amadou Hampâté Bâ ou L’aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane, nous savons aussi que l’éducation a été au cœur de la prise de conscience qui ont conduit aux mouvements de décolonisation. Point de départ de la revendication d’égalité avec les métropoles, elle a été le lieu de formation des futures élites nationalistes, des meneurs de partis et de syndicats indépendantistes malgré l’objectif impérial initial assigné. Elle a enfin été considérée, au moment des indépendances, comme un des principaux instruments de construction des nouveaux États qui ont hérité de systèmes peu développés certes, mais dont la genèse et les évolutions sont inséparables autant de la colonisation que des processus de constructions nationales postérieurs aux années 1960.
Page créée le dimanche 5 mai 2019, par Dominique Taurisson-Mouret.