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Colloque
Mercredi 3 octobre 2018 (Paris)
Journée d’étude organisée par les membres de « Mondes Caraïbes et Transatlantiques en Mouvement » : Linda Boukhris, Paris 1 ; Christine Chivallon, CNRS “Passages” et FMSH ; Didier Nativel, CESSMA Paris-Diderot, et par Elsa Dorlin, Université Paris 8/Sophiapol Paris Ouest
La violence est intrinsèque à la colonisation qui est l’une des formes de domination les plus coercitives allant bien au-delà de la fabrique du consentement, même si cette dernière intervient dans les processus de stabilisation de la relation d’assujettissement. Cette violence s’exerce sur les corps de manière brutale, dans l’ensemble des processus de disciplinarisation qu’exige le maintien d’un ordre essentiellement conquérant et hiérarchique, confinant à la déshumanisation et à l’animalisation du colonisé. Le premier empire colonial français installe la violence la plus totale au fondement même des sociétés esclavagistes des Amériques au travers de ce qu’Orlando Patterson (1982) a su désigner par la « mort sociale », cette impossibilité de tout maintien de soi antérieur à l’entreprise d’asservissement. La formation du second empire colonial à partir du milieu du 19ème siècle, renouvelle d’autres formes de violences associées à la conquête de sociétés désormais menacées dans leur intégrité. Ces violences appellent forcément des formes de résistance par la violence, ce que nous voulons désigner par les « contre-violences » ou les multiples pratiques d’autodéfense, dont les formes les plus probantes sont les émeutes, révoltes et insurrections, la plupart se terminant par des massacres et des répressions de grande ampleur. Ce cycle de la violence ne s’arrête pas avec les abolitions et les décolonisations, mais se continue au-delà à partir du moment où les schèmes de la matrice originelle de la colonisation persistent, comme c’est le cas dans les Antilles françaises – Martinique, Guadeloupe – avec pour résultante la réactualisation des rapports sociaux fondés sur les clivages anciens. Cette journée d’études souhaite examiner cette violence dans ses manifestations plus ou moins récentes, en examinant plusieurs cas précis.
Intervenants
Yarimar Bonilla, anthropologue, Rutgers School of Arts and Sciences (New Jersey, US) : à propos du militantisme anticolonial à la Guadeloupe et des événements de 1967
Christine Chivallon, anthropologue, CNRS, UMR « Passages » : à propos de l’insurrection de 1870 à la Martinique et la naissance d’une « République raciale »
Elsa Dorlin, philosophe, Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis/Sophiapol Université Paris Ouest ; à propos de la violence coloniale et de la généalogie de l’autodéfense politique.
Didier Nativel, historien, Université Paris-Diderot et CESSMA : à propos de l’insurrection de 1947 à Madagascar, de sa répression et de son enjeu mémoriel actuel.
Matthieu Renault, philosophe, Université de Paris 8, LLCP : à propos de la violence anticoloniale chez Frantz Fanon.
Benjamin Stora, historien, Université Paris 13 et INALCO : à propos de La "Commission d’information et de recherche historique sur les événements de décembre 1959 en Martinique, de juin 1962 en Guadeloupe et en Guyane, et de mai 1967 en Guadeloupe"
Discutants
Maboula Soumahoro, civilisationniste, spécialiste des luttes pour l’égalité « raciale », Université de Tours.
Jean-Christophe Goddard, philosophe, spécialiste des pensées philosophiques européennes
Contacts :
Christine Chivallon | christine.chivallon chez cnrs.fr
Elsa Dorlin | elsadorlin chez gmail.com
Page créée le lundi 1er octobre 2018, par Dominique Taurisson-Mouret.