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Appel
Date limite de soumission : lundi 25 février 2019
Cette journée d’étude, qui se déroulera au laboratoire IRHIS–UMR 8529 (Univ. Lille, CNRS), ouverte à la participation de tous chercheurs, notamment étrangers, jeunes chercheurs et doctorants, examinera les questions soulevées par le rôle des médias dans les décolonisations des pays africains.
Les décolonisations arrivent dans un contexte médiatique nouveau. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les médias, télévision, cinéma, presse et image, bien souvent à usage de propagande, et surtout la radio, sont considérés comme des armes de guerre capables de se jouer des frontières nationales et des fronts. Ils apparaissent comme des moyens privilégiés d’influencer et de convaincre les populations1. Ils prennent enfin, dans le contexte de la croissance économique d’après-guerre, une ampleur inégalée.
Ainsi, en Afrique, après 1945, les médias sont utilisés par les puissances coloniales pour renouveler la légitimité de leur domination auprès des populations colonisées et métropolitaines dans le cadre du « colonialisme de développement2 ». Ils participent au renouvellement du discours et de l’imagerie coloniale au sein des empires. Mais ces médias sont aussi engagés dans les guerres coloniales comme instruments de propagande et de contre-propagande à destination des populations colonisées et de l’opinion publique en général. Dans le nouveau contexte de Guerre Froide, qui délimite clairement les camps des amis et des ennemis, ils favorisent une radicalisation des esprits, mais aussi une simplification de la représentation du rapport de force, confirmant le bien-fondé de l’action coloniale, ou à l’inverse une contestation de l’ordre colonial3. En outre, ces médias sont intégrés aux stratégies de maintien de l’influence des anciennes puissances coloniales dans leur pré-carré africain, au-delà des indépendances4.
Loin de rejeter le cinéma, la radio et la télévision comme des outils néfastes de l’Occident, les mouvements indépendantistes souhaitent au contraire les mettre à profit. Les médias audiovisuels apparaissent en effet comme des couteaux suisses au service de l’État postcolonial en formation. Dans des pays où l’analphabétisme est massif, l’image et le son semblent être le meilleur moyen d’entrer en contact avec les populations, de fonder l’identité nationale, et de promouvoir le développement économique et social5. Instruments contrôlés par l’État, ces médias sont un attribut essentiel de la souveraineté et de l’affirmation internationale des nouveaux pays. Dans le cadre des guerres coloniales, les mouvements indépendantistes, ainsi que leurs relais étrangers (journalistes, militants, etc.), savent en outre utiliser les médias pour donner à leur combat une dimension internationale et délégitimer la puissance colonisatrice.
Les médias apparaissent donc comme un des enjeux de la décolonisation. Ils peuvent être le théâtre d’un affrontement radical entre la métropole et les mouvements nationalistes. Mais ils peuvent aussi faire l’objet de compromis entre les intérêts des nouveaux États et des anciennes métropoles, laissant perdurer des liens culturels forts au-delà des indépendances.
La situation des médias dans les décolonisations africaines apparaît ainsi comme particulièrement complexe et variée. Elle justifie une journée d’étude qui s’enrichirait de la participation de chercheurs étrangers (Portugais, Britanniques, Belges) afin d’approfondir l’histoire des médias en Afrique dans une perspective comparatiste. Les communications donneront lieu à une publication en ligne (https://books.openedition.org/irhis/).
Nous avons défini quatre axes de travail dans lesquels peuvent s’intégrer les propositions de communications :
Histoire des technologies de la communication
Guerres et médias ; opinions publiques
Pratiques d’influence ; gouvernance
Médias africains au lendemain des indépendances
Les communications dureront 20 minutes et seront suivies de discussion
Modalités
Les propositions sont à envoyer impérativement à jemediasdecolonisations chez gmail.com avant le 25 février 2019.
Elles devront comprendre : un titre de communication, un résumé problématisé de 2 000 signes espace compris, un bref curriculum vitae
Les participants sélectionnés par le comité scientifique seront prévenus au plus tard le 8 mars 2019.
Un programme provisoire sera disponible à partir de 25 mars 2019
Langues du colloque : français, anglais
Lieu du colloque : IRHiS–UMR 8529, Université de Lille, site du Pont-de-Bois, Villeneuve d’Ascq
Comité scientifique
Thomas Leyris (IRHiS, ULille)
Mehdi Djallal (IRHiS, ULille)
Isabelle Surun (IRHiS, ULille)
Colloque
Jeudi 25 avril 2019 (IRHiS–UMR 8529, Université de Lille)
Journée organisée par Th. Leyris et M. Djallal
« Cette journée d’étude, ouverte à la participation de tous chercheurs, notamment étrangers, jeunes chercheurs et doctorants, examinera les questions soulevées par le rôle des médias dans les décolonisations des pays africains.
Les décolonisations arrivent dans un contexte médiatique nouveau. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les médias, télévision, cinéma, presse et image, bien souvent à usage de propagande, et surtout la radio, sont considérés comme des armes de guerre capables de se jouer des frontières nationales et des fronts. Ils apparaissent comme des moyens privilégiés d’influencer et de convaincre les populations. Ils prennent enfin, dans le contexte de la croissance économique d’après-guerre, une ampleur inégalée.
Ainsi, en Afrique, après 1945, les médias sont utilisés par les puissances coloniales pour renouveler la légitimité de leur domination auprès des populations colonisées et métropolitaines dans le cadre du « colonialisme de développement ». Ils participent au renouvellement du discours et de l’imagerie coloniale au sein des empires. Mais ces médias sont aussi engagés dans les guerres coloniales comme instruments de propagande et de contre-propagande à destination des populations colonisées et de l’opinion publique en général. Dans le nouveau contexte de Guerre Froide, qui délimite clairement les camps des amis et des ennemis, ils favorisent une radicalisation des esprits, mais aussi une simplification de la représentation du rapport de force, confirmant le bien-fondé de l’action coloniale, ou à l’inverse une contestation de l’ordre colonial. En outre, ces médias sont intégrés aux stratégies de maintien de l’influence des anciennes puissances coloniales dans leur pré-carré africain, au-delà des indépendances… »
Page créée le vendredi 26 avril 2019, par Dominique Taurisson-Mouret.