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Colloque : « Maîtres » et « indigènes » : fouiller le passé des autres / “Masters” and “Natives” : Digging the Others’ Past, (Université de Lausanne, 28-29/01/2016)

- Salle de conférence 511 de la BCU (Unithèque) - Université de Lausanne, Dorigny
Lausanne, Confédération Suisse

- Colloque organisé par l’Institut d’archéologie et des sciences de l’antiquité (Université de Lausanne, Faculté des lettres)
- Contact : Svetlana Gorshenina (gorsheni [at] ens [dot] fr)

Programme et résumés des communications

Ce colloque analysera les relations entre les archéologues occidentaux et la population locale, puis les archéologues occidentaux et ceux nationaux, afin de comprendre quelle place a été accordée aux acteurs locaux au cours des réflexions archéologiques et de l’écriture de l’histoire. Nous analyserons cette problématique sur la base de la documentation provenant de différentes régions comme l’Asie centrale post-soviétique, la Russie, l’Afghanistan, la Grèce, l’Inde, l’Iran, le Pakistan, le Moyen-Orient, le Népal ; cette documentation sera abordée à travers divers supports et médias comme le cinéma, la littérature, les ouvrages scientifiques et les vécus des archéologues œuvrant sur les terrains extra-européens. Nos réflexions seront menées dans la « longue durée », afin d’enquêter sur les tenants et les aboutissants des relations entre les idéologies coloniales et les imaginaires nationaux des pays ex-coloniaux.

Dans sa démarche tendant à repenser l’histoire complexe des empires, l’historiographie s’oriente depuis quelques années vers l’analyse des phénomènes liés à l’évolution des situations coloniales / post-coloniales des deux derniers siècles. Ce domaine de recherche vise à comprendre des mécanismes par lesquels les savoirs ont été construits dans des contextes impériaux / impérialistes faisant en même temps appel à une reformulation des mémoires collectives et des visions du passé. Bien que la situation politique générale ait changé il y a plus de vingt-cinq ans, cette approche n’a été qu’effleurée en ce qui concerne l’espace russo-soviétique-postsoviétique et plus généralement le camp communiste. En revanche cet angle d’analyse est désormais courant pour ce qui concerne le contexte du sous-continent indien et les chercheurs s’accordent à reconnaître le rôle majeur de la période coloniale pour la reconstruction d’un passé national, en particulier au travers de l’archéologie.

Après s’être en un premier temps concentrées sur les traditions nationales, les études se regroupent aujourd’hui sous l’égide d’une approche diversifiée des histoires croisées / connectées / branchées et des transferts inter-impériaux. Privilégiant une approche comparative des grandes puissances et des pratiques mises en place par elles à l’adresse des colonies, les études accordent une attention bien moindre aux relations entre les métropoles et leurs périphéries extra-européennes. En se concentrant plus spécialement sur les représentants du pouvoir impérial (le « Centre » déléguant les « colonisateurs » ou « maîtres »), ces études ont laissé de côté, à quelques notables exceptions près, le rôle qu’ont pu jouer les acteurs locaux (représentants de la « périphérie », des « colonisés », « indigènes », « subalternes » ou « amateurs ») et leurs expertises. Les empires modernes ont tous, pourtant, été façonnés par leurs colonies ou des périphéries extra-européennes. C’est plus précisément par le biais de transferts interculturels et d’échanges de connaissances à vecteurs multiples que ces deux pôles ont formé une nouvelle vision du passé des régions extra-européennes tout en créant des mémoires collectives résultant d’appropriations favorisées par la circulation des idées, des techniques et des êtres humains.

Afin de contribuer à combler cette lacune cette journée d’étude propose une réflexion sur la dynamique relationnelle entre les « maîtres » et les « indigènes » en portant l’accent sur les seconds, les « oubliés » des études post-coloniales récentes. Pour ce faire, ces réflexions pourraient prendre pour point de départ l’analyse proposée lors de de la conférence « Archéologie en situation coloniale »[1], l’une – parmi d’autres – des approches consacrées à la problématique relative à la construction du savoir dans un contexte colonial extra-européen.

Prises dans les limites du champ disciplinaire relatif à la recherche archéologique en Asie(s), les questions abordées seront donc les suivantes :

1) Comment lors des contacts les élites métropolitaines et locales se sont-elles façonnées les unes les autres ?

2) Comment, malgré des rapports d’inégalité, les sujets locaux ont pu s’imposer comme intermédiaires lors de la production des savoirs modernes sur les périphéries coloniales / impériales et même faire parfois passer, voire imposer aux « maîtres » leur vision du passé ?

3) Comment des savoirs locaux ont-ils été instrumentalisés par les pouvoirs en place ? Et, vice versa, comment les représentants locaux ont-ils adopté les outillages de la modernité européenne pour construire une image d’eux-mêmes, de leur passé et finalement créer leurs nationalismes ?

4) De quelle manière des appropriations réciproques ont-elles déterminé les mémoires collectives du passé dans une Asie plurielle et participé à la construction des identités nationales / impériales / locales, puis à la réinvention sur place de leurs traditions ?

[1] Alexandra Galitzine-Loumpet, Svetlana Gorshenina et Claude Rapin (éd.), Archéologie(s) en situation coloniale : paradigmes et situations comparées (vol. 1), in Nouvelles de l’archéologie, n° 126, décembre 2011 ; Alexandra Galitzine-Loumpet, Svetlana Gorshenina et Claude Rapin (éd.), Archéologie(s) en situation coloniale, 2. Acteurs, institutions, devenirs (vol. 2), in Les nouvelles de l’archéologie, n° 128, juin 2012.

Programme

Jeudi 28 janvier 2016

15h00, BCU (Unithèque), salle de conférence 511

- 15h15 : Philippe Bornet et Svetlana Gorshenina : Introduction. L’esprit de l’aventure : un « héros »-archéologue en face des mondes inconnus dans l’espace et le temps
- 15h45 : Léonid Heller : Les archéologues de la littérature russo-soviétique

16h15 : Pause café / coffee break

- 17h00 : Mehdi Derfoufi : A travers le miroir du temps : codages et reconfigurations postcoloniales de la figure de l’archéologue au cinéma, à la télévision, et dans les jeux vidéo (locaux de la section de cinéma, BCU)

Vendredi 29 janvier 2016

9h00, BCU, salle de conférence 511 L’archéologie au temps des empires : « maîtres » et « indigènes » en Asie centrale Modération / Chair : Philippe Bornet

- 9h00 : Svetlana Gorshenina : Des invisibles aux subalternes : réfléchir sur le passé au Turkestan précolonial et colonial
- 9h30 : Michel Bukharin : Russian Archaeological Expeditions in the Eastern Turkestan : Aims and Means
- 10h00 : Barbara Kaim : Au service du colonisateur. Léon Barszczewski et sa passion archéologique

10h30 : Pause café / coffee break

L’archéologie au temps des empires : « maîtres » et « indigènes » du Pakistan au Proche Orient Modération / Chair : Bruno Genito

- 10h45 : Rachel Mairs & Maya Muratov : Mohammed Hassan Attwa, Solomon N. Negima and Daniel Z. Noorian : Dragomans and Archaeologists in the Middle East
- 11h15 : Luca Maria Olivieri : Early Archaeology in a ‘Native State’ : khans, officers and archaeologists in Swat (1895-1939). With a digression on the 1950s

12h00 : Lunch (réfectoire)

L’archéologie en contexte soviétique : « maîtres » et « élèves » lors de la formation des « écoles nationales » Modération / Chair : Barbara Kaim

- 13h30 : Igor Demchenko : Instrumentalized or instrumental ? Stalinist project of peripheral modernization in the professional biography of usto Shirin Muradov, a master-builder
- 14h00 : Irina Arzhanceva & Heinrich Härke : ‘The General and his Army’ : Metropolitans and locals on the Khorezmian Expedition

14h30 : Pause café / coffee break

L’archéologie entre situation coloniale, post-coloniale et néo-coloniale : des « maîtres » et « subalternes » aux « partenaires » ? Modération / Chair : Hédi Dridi

- 14h45 : Agnès Meyer : Archéologie « indigène » et étrangère en Iran et en Afghanistan entre 1918 et 1980, une continuelle négociation
- 15h15 : Himanshu Prabha Ray : Legislation and the Study of the Past : The Archaeological Survey of India and Challenges of the Present

15h45 Pause café / coffee break

16h15-18h15 : Table ronde des archéologues : travailler en contextes extra-européens Modération / Chairs : Philippe Bornet & Svetlana Gorshenina

- Bruno Genito : Excavating in Iran : Cooperation or Competition : Archaeology and Art History of Iran and Central Asia. A question of Terminology ?
- Thierry Luginbühl : Inversion des rôles : « ethno-expertise » asiatique de données archéologiques occidentales
- Claude Rapin : Publier une découverte archéologique entre le « Nord » et le « Sud »
- Karl Reber : Titre à venir

Comité d’organisation

- Chercheure FNS senior Svetlana Gorshenina
- MER Philippe Bornet
- Prof. Michel Fuchs

Comité scientifique

- Maître d’enseignement et de recherche Philippe Bornet (Université de Lausanne),
- Professeure Anne Bielman (Université de Lausanne),
- Professeure Maya Burger (Université de Lausanne),
- Professeur Hédi Dridi (Université de Neuchâtel),
- Professeur Michel Fuchs (Université de Lausanne),
- Chercheure FNS senior Svetlana Gorshenina (Université de Lausanne),
- Chargé de recherche (CNRS-ENS, Paris) et Privat-Docent (Université de Lausanne) Claude Rapin

Avec le soutien du FNS, Département interfacultaire d’histoire et de sciences des religions et Faculté des lettres de l’Université de Lausanne


Page créée le mercredi 27 janvier 2016, par Dominique Taurisson-Mouret.


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