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Colloque
29-30 novembre 2019 (Maison de la Recherche de l’Université Paris 8)
Colloque d’étape du projet ILA « Ici, là-bas, ailleurs : Les Amériques et les mobilités trans-impériales, trans- coloniales et trans-nationales (XVI-XXIe siècles) » organisé par l’Université Paris 8 -Vincennes Saint-Denis (EA TRANSCRIT), l’Université Paris Nanterre (CRIIA - EA Études Romanes), l’Université Bretagne Sud (EA 4249 HCTI) avec le soutien de la COMUE Université Paris Lumières dans le cadre du projet pluriannuel « ILA » et en partenariat avec les Archives Nationales
Le projet exploratoire ILA s’inscrit dans les démarches innovantes autour de la notion du « transtionalisme » développées par les études des migrations, en lien avec les recherches transatlantiques (Atlantic History) et l’histoire mondiale (Global History), particulièrement actives depuis ces deux dernières décennies. De nombreux travaux et projets comparatifs ont vu le jour entre spécialistes de ce que l’on a appelé l’histoire "coloniale", l’histoire des Empires, l’histoire des constructions nationales (nation building) et les migration studies.
Fort de ces approches, le projet ILA entend expertiser, avec une dimension résolument interdisciplinaire, les différentes acceptions de la notion de transnationalisme – notion dont la portée reste encore à déterminer –, afin d’étudier son impact sur la construction des Amériques de la période moderne à la période contemporaine.
Les questions des formes historiques des circulations des hommes et des idées, leurs impacts et conséquences dans les différentes formes de mise au travail des populations (colonies, esclavage, consolidation des économies connectées, par exemple), l’émergence de diasporas, les reformulations de la figure du colon puis du migrant, éclairent des débats contemporains en Europe comme en Amérique au sujet des identités nationales et des mémoires supposées les nourrir (les légitimer le cas échéant).
L’implantation des colons en Amérique, le maintien des liens avec la mère patrie ou la rupture de ces liens, comme l’intégration des trans-migrants dans les pays américains d’adoption ou leur résistance à s’intégrer, ont eu un impact sur le développement du « Nouveau Monde ». C’est l’objectif de ce projet que d’analyser les interactions mutuelles entre empires/colonies/nations au travers des populations mobiles.
Les échanges entre nations (pour reprendre l’idée de Randolph Bourne dans The Radical Will, 1916), les « doubles vies » des individus (en référence à la définition élaborée par Nina Glick-Schiller, Linda Basch et Cristina Blanc-Szanton - Nations Unbound : Transnational Projects, Postcolonial Predicaments, and Deterritorialized Nation-States, 1994, et Towards a Transnational Perspective on Migration. Race Class, Ethnicity, and Nationalism Reconsidered, 1992) ou encore l’association aux diasporas (voir l’exemple des Italiens dans les Amériques, développé par Donna Gabaccia dans Italy’s many Diasporas, 2000) sont autant de façons d’aborder le sujet qui, prêtant à controverse, reste à approfondir, voire à redéfinir au regard des expériences américaines.
Nous partons, pour ce faire, de l’hypothèse selon laquelle les individus concernés par ces phénomènes, quelle que soit l’époque, ont eu tendance à rester marginalisés dans les sociétés américaines, même si, en même temps, ils sont considérés comme intégrés : paradoxe du phénomène de trans-empire/trans-nation.
C’est cette tension intégration/marginalisation que nous souhaiterions examiner à la lumière du Life Course ou « parcours de vie », une notion encore très peu étudiée.
L’approche Life Course
Le Life Course demeure peu étudié, et pourtant, les expériences et les réalités liées aux statuts d’âge, aux différentes étapes de carrière, à leurs représentations collectives, s’avèrent déterminantes dans les (re)formulations des relations entre les éléments du triptyque ici/ailleurs/là-bas, ainsi que leurs évolutions du XVIe au XXIe siècle.
« Parcours de vie » (Life Course) est un concept sociologique, mais c’est en tant que notion scientifique multidisciplinaire que nous l’emploierons ici. En effet, elle permettra d’explorer les mobilités trans-empires, trans-colonies et trans-nations à la lumière du déroulement de la vie humaine, selon la double approche développée par ce champ d’étude : dans son extension temporelle – la vie de l’individu – et dans son cadrage socio-historique – les relations avec le contexte où évolue l’individu – (Dannefer, 2003).
Nous envisagerons les (re)formulations des imaginaires et représentations identitaires des populations étudiées depuis la perspective des étapes et transitions qui séquencent et constituent le parcours de vie. Ces (re)formulations concernent les relations familiales, la notion de classe d’âge, l’activité professionnelle et l’insertion (ou non) dans le marché du travail, par exemple. La trajectoire individuelle peut s’avérer un matériau éclairant en soi, mais aussi au regard des autres trajectoires individuelles, pour montrer d’éventuelles interdépendances. Ces interdépendances – ou leur délitement – peuvent éclairer les liens trans-impériaux / trans-coloniaux / trans-nationaux dans les Amériques.
Comme Cavilli (2007), nous retiendrons comme définition de « parcours de vie » ou Life Course celle que propose Lalive d’Epinay et al. (2005, p. 201) :
« Le modèle ou les modèles de curriculum qui, dans une société et un temps donnés, organise(nt) le déroulement de la vie des individus dans ses continuités et discontinuités. Ces modèles consistent, d’une part, en des systèmes de normes et d’allocation de ressources prenant la forme de profils de carrière et de statuts d’âge, ainsi que de transitions généralement associées à des âges typiques ; d’autre part, en un ensemble de représentations collectives et de références partagées. Ils constituent l’une des médiations centrales entre le système socioculturel et les individus » (Lalive d’Epinay et al., 2005, p. 201).
Les trajectoires des populations étudiées doivent être appréhendées en relation avec leur contexte historique, culturel, social et économique. L’approche sur un temps volontairement long (16e-21e) promue par le projet ILA permettra à cet égard de réfléchir à l’évolution des transitions biographiques, non seulement d’une société à l’autre (celle de départ/celle d’arrivée), mais dans le temps long de l’histoire des mobilités.
Pour appréhender ces étapes de la vie, leurs segmentations et leurs éventuelles modifications, nous partirons des deux approches généralement adoptées dans l’étude du « parcours de vie » : l’institution du parcours de vie, d’une part, et le parcours de vie individuel, d’autre part. Pour Cavalli (2007), en effet, « l’institution du parcours de vie » doit être distinguée du parcours de vie des individus. Le parcours de vie individuel est composé d’un ensemble de trajectoires plus ou moins entrelacées et renvoyant aux différentes sphères dans lesquelles se déroule l’existence individuelle : scolaire, professionnelle, familiale, associative, etc. (Elder, 1998). « L’institution du parcours de vie », en revanche, observe la manière dont la société – via l’État, le système économique, etc. – organise la vie humaine en termes de séquence ordonnée de positions (Cavalli, 2007).
Les deux approches sont complémentaires, même si nous privilégierons l’approche par le parcours de vie individuel. En l’occurrence, il s’agira de comprendre comment se construisent les trajectoires des populations étudiées ainsi que les (re)négociations qu’opère l’individu face aux étapes/rites /transitions que la société lui propose, voire lui impose, qu’il s’agisse de la société de départ ou bien d’arrivée.
Objectifs
L’approche Life Course apportera de nouveaux éclairages sur la notion malléable et vaste du « trans-national ». À cet égard, la période étudiée, de la période moderne à la période actuelle, revêt un caractère original, puisque la notion de « trans-national » est mise en perspective avec celles, antérieures du point de vue chronologique, de « trans-impérial » et de « trans-colonial ». En effet, si on admet que le transnationalisme résulte de l’interconnexion accrue entre les personnes, de leur mobilité et de l’importance économique et sociale des échanges transfrontaliers, alors force est de reconnaître que ces phénomènes préexistent aux États nationaux. Ils sont à l’œuvre bien avant les XIXe et XXe siècles, dès ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui la « première mondialisation ».
En l’occurrence, il s’agira de voir si les composantes et les éléments des parcours de vie dans les mouvements « trans-impériaux » et « trans-coloniaux » annoncent des caractéristiques présentes dans les migrations « trans-nationales » des générations ultérieures. L’objectif est de chercher à comprendre si les phénomènes sont comparables, similaires ou opposés, et de cerner en quoi consistent les formes et les manifestations de ruptures et/ou de continuités éventuelles.
Vendredi 29 novembre 2019
10h - Daniele Fiorentino (Roma Tre) : « Reconsidering Transnational America : Randolph Bourne and the issue of Americanization ».
10h30 - Marie-Christine Michaud (Université Bretagne Sud) : « Le transnationa-lisme des Italo-Américains, entre ubiquité et absence ».
11h - Anne-Claire Fauquez (Université Paris 8) : « Frédérick Philipse, du charpen-tier néerlandais au ´Seigneur’ de Philipsburg Manor : histoire d’une ascension so-ciale dans le New York colonial ».
12h-14h - Déjeuner
14h - Luca Codignola (Université de Gênes) : « L’insignifiance des identités nationales dans les échanges entre l’Amérique du Nord et la péninsule italienne à l’âge des révolutions (1763 à 1846) ».
14h30 - Seynabou Thiam (Université Paris 8) : « Mémoires et témoignages de loya-listes noirs dans les Provinces Maritimes du Canada à la fin du XVIIIe siècle ».
15h00 - Elodie Peyrol-Kleiber (Université de Poitiers) : « Vie et migration d’un en-gagé irlandais en Virginie et au Maryland au XVIIe siècle ».
15h45 - Pause
16h15 - Annick Foucrier (Université Panthéon-Sorbonne) : « Eugène Chapin (1868-1937) et Gérard Brullard (1894-1987). Jeter l’ancre en Californie après une vie d’aventures ».
16h45 - Pascale Riviale (Archives Nationales, EREA Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative / CNRS-Université Paris-Nanterre) : « Le parcours de vie de Théodore Ber, vu à travers son journal »
Samedi 30 novembre 2019
10h00 - Fred Gardaphé (John Calandra Institute, Queens College, CUNY) : « Transnational Modernism : Life Courses in Italian and Italian American Modernist Literature ».
10h30 - Juan Carlos Grijalva (Assumption College, Massachusetts) : « Geographic Dislocations of Three Latin American Women Writers : The Case of El Tesoro del Hogar, First Ecuadorian Women Newspaper, 1887 ».
11h00 - Alexis Medina (Université de Franche Comté, Centre de Recherches Inter-disciplinaires et Transculturelles - CRIT EA 3224) : « José Indelicato, de Palerme à Oaxaca : Parcours d’un médecin, journaliste et militant politique sicilien en Amé-rique, 1827-1856 ».
11h30 - Débats et synthèse
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