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Appel
Date limite de soumission : vendredi 15 décembre 2017
Des révolutions de 1848 et du « printemps des peuples », tout semble avoir été dit. On en connaît les chronologies, les discontinuités, les espoirs, les luttes, les flux et les reflux. La dimension transnationale de la « plus européenne des révolutions du XIXe siècle » a été maintes fois soulignée, tout comme ont été étudiés ses effets géopolitiques à moyen terme. Pourtant, alors que l’âge des révolutions (années 1770-1840) est de plus en plus pensé à l’échelle globale, et que la domination coloniale et informelle de l’Europe croît dans la première moitié du siècle, la dimension globale de 1848 reste relativement méconnue.
Dans un article séminal, Miles Taylor avait montré qu’alors même que la Grande-Bretagne avait, Irlande exceptée, été relativement épargnée par la vague révolutionnaire de 1848, son immense empire colonial en avait ressenti de profonds échos, liés notamment à la fiscalité et aux migrations forcées[1]. De même, la place de l’abolition de l’esclavage dans les révolutions de 1848 a été réévaluée dans l’historiographie récente, au-delà même de ses effets locaux dans les Caraïbes. Dans les Amériques, les échos rencontrés par les révolutions de 1848 ont aussi été réexaminés, parfois autour d’espaces bien circonscrits, tel le Pernambouc au Brésil[2]. A une échelle plus globale, des perspectives stimulantes ont été ouvertes par Christopher Bayly[3] ou Jürgen Osterhammel[4].
Échos, effets, appropriations, réemplois restent cependant encore largement à établir. Ce colloque international organisé par la Société d’histoire de la Révolution de 1848, fondée en 1904, entend faire le point sur les dimensions coloniale, impériale et globale du moment révolutionnaire qui entoure 1848, dans la diversité de ses expressions et de ses connexions. Exhumer et identifier les « mondes de 1848 », dans leur pluralité, telle est donc l’ambition de cette manifestation, qui coïncide avec le 170e anniversaire de la Révolution de 1848. L’arc chronologique envisagé, premier effet de cette ouverture de focale, couvrira la période 1846-1851.
Plusieurs pistes mériteraient d’être approfondies :
Tout d’abord une étude des connexions entre les différents terrains européens et extra-européens (ou entre terrains extra-européens), à partir des circulations internationales et intercontinentales d’hommes, d’idées, de courants de pensée, de pratiques associatives, de symboles et d’images.
Sont également attendues des études plus serrées, à la fois sociales, politiques et culturelles, d’expériences insurrectionnelles ou contestataires sur des territoires extra-européens, afin de saisir la multiplicité des éclats alors à l’œuvre
Il est également souhaitable de mettre au jour des configurations globales, capables d’expliquer les logiques communes aux mouvements révolutionnaires à une échelle extra-européenne (crise économique, emprise croissante de l’État, aspiration à la souveraineté populaire, abolitionnisme, etc.).
Enfin, seront pris en considération les temps de reflux révolutionnaire, les échecs et la vague de répression qui mobilise parfois d’autres espaces (telle l’Algérie pour la France). La question de l’éventuelle cécité européenne face à cette dimension impériale et globale pourra également être étudiée.
Si les territoires les plus immédiatement offerts à l’analyse paraissent se situer dans l’espace atlantique (notamment autour des Caraïbes, des républiques latino-américaines et du Brésil), nous souhaitons pouvoir explorer un cadre plus vaste, fût-ce pour souligner la faiblesse des connexions ou, mieux, pour offrir des possibilités élargies de comparaison, en couvrant l’Afrique (du nord, de l’ouest, et du sud), l’Empire ottoman, l’espace méditerranéen, l’Asie du sud-est, mais aussi l’Australie ou la Nouvelle-Zélande.
La diversité des thèmes envisagés, à l’image de celle de ces mouvements révolutionnaires, est grande : la fiscalité et les résistances qu’elle suscite ; les abolitions de l’esclavage et leurs effets, notamment le développement du coolie trade et de l’engagisme ; les circulations d’exilés et de migrants, mais aussi de volontaires armés internationaux ; la dimension cosmopolitique des luttes (autour de la « République universelle ») ; la question plus précise des projets politiques (diversité des républicanismes, pensées de l’utopie, expériences concrètes de colonies agraires, etc.) ; l’expérience du suffrage, des gardes civiques et de l’associationnisme ; les reconfigurations de l’idée de liberté ; la question du genre, du féminisme et des masculinités ; les répertoires d’action mobilisés (barricades, rituels, images en action, conspirations, etc.) ; et enfin les peurs sociales et les violences répressives.
Les communications pourront se faire en français ou en anglais. Les propositions sont à rendre pour le 15 décembre 2017 ; elles expliciteront le projet de communication (5 à 6 000 signes environ) et présenteront également une bio-bibliographie. Elles seront examinées par le comité scientifique, et une réponse sera donnée autour du 15 janvier 2018. Les frais de transport, sauf exception, ne pourront pas être pris en charge par les institutions organisatrices.
Comité scientifique :
Sylvie Aprile (Université Paris-Ouest Nanterre), Fabrice Bensimon (Université Paris-Sorbonne / University College London), Chris Clark (University of Cambridge), Michel Cordillot (Université Paris 8- Vincennes Saint-Denis), Myriam Cottias (CNRS), Quentin Deluermoz (Université Paris 13), Delphine Diaz (Université de Reims), Céline Flory (CNRS), Alexandre Frondizi (Sciences Po), Emmanuel Fureix (Université Paris Est-Créteil), Pilar González (Université Paris-Diderot), Catherine Hall (University College London), Martha Jones (Johns Hopkins University), Axel Körner (University College London), Clara Lida (El Colegio de México), Hebe Mattos (Universidade Federal Fluminense), Paul Pickering (Australian National University), James Sanders (Utah State University), Jennifer Sessions (University of Iowa), Sujit Sivasundaram (University of Cambridge), Miles Taylor (University of York), Clément Thibaud (EHESS), Ibrahima Thioub (Université de Cheikh Anta Diop).
Comité d’organisation : Sylvie Aprile, Fabrice Bensimon, Myriam Cottias, Quentin Deluermoz, Delphine Diaz, Alexandre Frondizi, Emmanuel Fureix, Clément Thibaud
Institutions partenaires : Société d’histoire de la Révolution de 1848, Université Paris-Est Créteil, Université Paris 13, Institut universitaire de France, CNRS, Université de Reims, Université de Nantes.
Contacts : efureix chez free.fr ; quentin.deluermoz chez gmail.com
Colloque
Du 12 au 14 décembre 2018 (Paris)
12/12 : Université Paris-Est Créteil, Métro Créteil-Université (ligne 8), Campus Centre de Créteil, Auditorium (amphi 8)
13/12 : Université Paris 13, Station Epinay-Villetaneuse, Campus de Villetaneuse, Amphi 2 (UFR Droit)
14/12 : École des Hautes Etudes en Sciences sociales, 54, boulevard Raspail, Salles BS1_05 et BS1_28
Colloque international organisé par la Société d’histoire de la Révolution de 1848 et des révolutions du XIXe siècle
Des révolutions de 1848 et du « printemps des peuples », tout semble avoir été dit. On en connaît les chronologies, les discontinuités, les espoirs, les luttes, les flux et les reflux. La dimension transnationale de la « plus européenne des révolutions du XIXe siècle » a été maintes fois soulignée, tout comme ont été étudiés ses effets géopolitiques à moyen terme. Pourtant, alors que l’âge des révolutions (années 1770-1840) est de plus en plus pensé à l’échelle globale, et que la domination coloniale et informelle de l’Europe croît dans la première moitié du siècle, la dimension globale de 1848 reste relativement méconnue.…
Page créée le vendredi 8 septembre 2017, par Dominique Taurisson-Mouret.