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Appel
Date limite de soumission : vendredi 1er décembre 2017
Les propositions pourront s’articuler autour des axes suivants :
- Créer et voyager
L’étude de la production en contexte colonial amène à s’interroger sur les créateurs d’œuvres et d’artefacts, sur les circonstances de création et sur la typologie des productions. Les facteurs et modalités du déplacement varient, tout comme les profils de voyageurs et les destinations. Les mouvements géographiques liés à des intentions artistiques concernent les artistes métropolitains voyageant dans les territoires de l’Empire - artistes accompagnant les explorations scientifiques ou militaires sur d’autres continents, peintres de la Marine, artistes lauréats de bourses de voyage ou voyageurs solitaires – ainsi que, dans une moindre mesure certes, les artistes dits « indigènes » qui se rendent en métropole. Qu’elles procèdent d’initiatives individuelles ou de commandes, les créations en métropole et dans les colonies constituent un ensemble considérable, encore peu étudié. L’analyse de l’iconographie et des techniques de création ouvrent la réflexion à la diffusion des modèles artistiques et culturels, ainsi qu’aux phénomènes d’acculturation.
- Eduquer et former
La mission civilisatrice revendiquée par la puissance coloniale a donné naissance à une politique pédagogique dans le domaine artistique et culturel. De nombreuses institutions d’enseignement ont été créées dans les colonies dès la fin du 19e siècle et dans le premier quart du 20e siècle, notamment des écoles de beaux-arts et des écoles d’arts appliqués. L’étude de ces institutions de formation, par le biais du personnel enseignant, du contenu des enseignements et du devenir des élèves, représente une des composantes essentielles pour interroger ce système colonial des arts. Ce volet comprend également l’éducation esthétique par le biais de la constitution de collections et l’ouverture de musées dans les colonies, à Saint-Denis de la Réunion, à Alger, ou encore à Hué.
- Exposer et diffuser
La circulation des objets et des artefacts est intimement liée à leur présentation dans des lieux dédiés, en métropole et dans les colonies, dans des foires, des expositions internationales et coloniales, des salons de sociétés d’artistes, des agences, des galeries et musées, et d’autres structures et événements qui ne sont pas toujours nécessairement présentés comme « coloniaux ». Les réseaux de mise en place de telles manifestations, les personnalités impliquées, tout comme les similitudes et divergences dans les ensembles présentés, enrichiront la réflexion sur les modalités de promotion des arts coloniaux, mais aussi sur leur réception, à travers l’étude de la presse.
- Dominer et s’approprier
Toutes ces démarches ont eu pour objectif de construire une conscience coloniale qui accompagne des formes d’appropriation des arts "indigènes" et ont mis en place une relation coloniale qui, dans le cadre spécifique des arts et des représentations qu’il diffuse, a longtemps tendu à justifier la domination. Sa remise en cause a provoqué des dénis dont les disciplines et les musées qui ont en charge ces domaines et les collections d’artefacts qui ont été produits, demeurent marqués.
Modalités de soumission des propositions et calendrier :
Les propositions de communications en français (5000 signes maximum) ainsi qu’une courte biographie sont à adresser à anna.laban chez quaibranly.fr avant le 1er décembre 2017
Les décisions du comité scientifique sur les propositions seront communiquées au mois de février 2018.
Comité scientifique :
Dominique Jarrassé, professeur en histoire de l’art contemporain, Université Bordeaux Montaigne, centre François-Georges Pariset
Frédéric Keck, directeur, département de la Recherche et de l’Enseignement, musée du quai Branly-Jacques Chirac
Aurélien Lemonier, directeur du Musée national de l’histoire de l’immigration
Sarah Ligner, commissaire de l’exposition, conservatrice du patrimoine, responsable de l’unité patrimoniale mondialisation historique et contemporaine, musée du quai Branly-Jacques Chirac
Coordination :
Anna Gianotti Laban, responsable de la coordination des manifestations scientifiques, département de la Recherche et de l’Enseignement, musée du quai Branly-Jacques Chirac
Colloque
10-11 octobre 2018 (Paris)
À l’occasion de l’exposition Peintures des lointains. La collection du musée du quai Branly-Jacques Chirac (30 janvier 2018 – 6 janvier 2019), le musée du quai Branly-Jacques Chirac s’associe avec le Palais de la porte Dorée pour organiser, en partenariat avec le centre François-Georges Pariset – Université Bordeaux-Montaigne, un colloque sur la notion d’ « arts coloniaux ». Ce colloque pluridisciplinaire, au croisement de l’histoire de l’art, de la sociologie des institutions et des études postcoloniales, se propose d’interroger la circulation des artistes et des artefacts entre la France et les territoires de son Empire, comme support pour une réflexion sur la relation coloniale.
L’objectif est de mieux cerner la production artistique et artisanale en situation coloniale et cela dans une acceptation large, qu’il s’agisse d’artefacts produits par des artistes issus des populations colonisées ou par des artistes originaires de métropole. Pour ce faire, plusieurs axes ont été retenus, afin d’interroger les catégories d’artefacts et les paradigmes qui sous-tendent leur production, leurs auteurs et leur statut, leurs promoteurs et leurs modes de diffusion, ainsi que les phénomènes de domination et d’appropriation qui ont pu s’exercer dans le domaine artistique et culturel. Tous ces aspects sont envisagés sous l’angle des réseaux de circulation de personnes, d’artefacts et de concepts, dans une pluralité de mouvements qui ne répondent pas à un schéma univoque.
Programme
Mercredi 10 octobre 2018
Auditorium - Etablissement public du Palais de la porte Dorée
9h00 Accueil
9h15 – 9h45
Introduction par Benjamin Stora, président du comité scientifique, Palais de la Porte Dorée (à confimer)
Introduction du colloque par le comité scientifique
Définir et imposer des modèles : formes et déclinaisons
L’histoire coloniale débute par une phase expansionniste à laquelle succède l’assimilation des territoires conquis, ce qu’Ashis Nandy nomme la « seconde colonisation » (L’Ennemi intime, 1983-2007), celle des esprits ; or il rappelle aussi que les esprits des colonisés qui ont été transformés à leur tour... Le colonisateur assoit son emprise sur ses nouvelles possessions par une série de mesures destinées à renforcer son pouvoir et à transformer les sociétés sous son ascendant selon un argument civilisateur. Ainsi se produisent dans les sociétés colonisées une série de bouleversements dans les domaines religieux, politique, économique, social, culturel. Identifier les formes de continuités comme de mutations dans le champ de la création artistique amène à questionner les modèles qui les guident, particulièrement en termes de circulation des images. Afin de saisir quelques aspects du recours aux images par le colonisateur pour tenter d’imposer son hégémonie, il sera ici question des acteurs tout comme des lieux d’élaboration de nouvelles formes d’artefacts à l’époque coloniale dans le domaine de l’art et de l’artisanat, mais aussi des supports qui permettent l’extension de ces modèles à plus vaste échelle, voire leur assimilation dans la société colonisatrice.
Modérateur : Dominique Jarrassé
9h45 – 10h15 Gwenaël Ben Aissa, Citadelles & Mazenod, Objets africains et collections missionnaires, échanges matériels et immatériels
10h15– 10h45 Sophie Leclercq, Réseau Canopé et Sciences Po, Éduquer et séduire. Les arts coloniaux dans les images scolaires des colonies des années 1880 aux années 1940
10h45 – 11h00 pause-café
11h00– 11h30 Mathilde Allard, ACHAC, Dessins d’écoliers des colonies françaises conservés au musée du quai Branly-Jacques Chirac
11h30– 12h 00 Chloé Soliot, Ecole du Louvre, L’Ecole des Beaux-Arts de l’Indochine : Projet artistique et reconnaissance de l’établissement de Victor Tardieu (1925-1937)
12h – 12h30 discussion avec le public
12h30 – 14h30 pause
Construction de la figure de l’ « artiste indigène »
Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, puis de la première moitié du XXe siècle, la circulation des productions matérielles des sociétés colonisées par la France s’intensifie à l’échelle internationale. La présence de ces artefacts se renforce notamment dans les expositions universelles et coloniales organisées par les principaux empires, qui ne se contentent pas d’exposer mais composent aussi le discours sur ces productions pour une large part présentées comme anonymes et évaluées à l’aune du modèle artistique occidental. Le dessein colonialiste, se déploie dès lors sur deux plans, une politique active qui vise la « stimulation » ou la « rénovation » des arts dits « indigènes » ou encore leur « encouragement », et la mise en place de structures imposant de nouveaux modèles. Emergent alors des artistes qui mêlent à l’expression de leur propre culture la référence à des techniques et à une esthétique exogènes. Il convient de revenir ici sur les lieux et modes de construction en métropole et dans les colonies de cette figure de l’ « artiste indigène » ainsi que sur ses multiples incarnations.
Modérateur : Sarah Ligner, musée du quai Branly –Jacques Chirac
14h30 – 15h00 Alexandre Girard-Muscagorry, Institut national du patrimoine, Y a-t-il un art à Madagascar ? » : circulation et réception de la création malgache en France durant la période coloniale
15h00 – 15h30 Giulia Golla Tunno, Université Bordeaux Montaigne/IMT Scuola Alti Studi Lucca, Un ordre colonial des arts : la place de l’« artiste indigène » au Musée de la France d’Outre-Mer
15h30 -15h45 pause-café
15h45 – 16h15 Christelle Lozère, Université des Antilles, 1943, La création de l’école des arts appliqués de Fort-de-France. Les graines de la rébellion esthétique.
16h15 – 16h45 discussion avec le public
17h – 18h30 Cocktail
Jeudi 11 octobre 2018
Salle de cinéma - musée du quai Branly-Jacques Chirac 9h15 Accueil
9h30 Mot de bienvenue par Stéphane Martin, président du musée du quai Branly- Jacques Chirac
Structuration et propagation des artefacts et discours à l’échelle de l’empire
Les modes de promotion des arts coloniaux relèvent non seulement d’enjeux artistiques, mais aussi économiques et politiques. De multiples initiatives résultant d’une volonté de l’Etat ou d’acteurs privés voient le jour pour exposer et diffuser les arts coloniaux en métropole et dans les possessions françaises outre-mer : sociétés d’artistes et leurs salons, foires, expositions et autres manifestations. Quelle est leur finalité et quel est leur impact auprès du public ? Quelles images de la France et de ses colonies s’élaborent à travers ces manifestations ? Plusieurs cas d’étude précis interrogent les fondements d’un système colonial de l’art qui crée des institutions spécifiques de propagande pour diffuser productions et représentations.
Modérateur : Hélène Bocard, Palais de la Porte Dorée
9h40 – 10h10 Marion Lagrange, centre de recherches François-Georges Pariset (EA 538) Construire « un lien d’intellectualité » : l’exposition artistique de l’Afrique française (1928-1939)
10h10 – 10h40 Laurent Houssais, université Bordeaux Montaigne, Centre F.-G. Pariset (EA 538) Empire et prospérité : la promotion des arts coloniaux aux Salons de la France d’Outre- Mer
10h40 – 10h55 pause
11h – 11h30 Isidore Pascal Ndjock Nyobe, université de Douala, Cameroun, Graver et dessiner les colonies pendant l’entre-deux-guerres : l’image du Cameroun dans l’œuvre de Suzanne Truitard et de Christian Couillaud
11h30 – 12h30 Discussion avec le public
12h30 – 14h30 Pause
Formes de domination et d’appropriation
Des formes multiples de pouvoir sous-tendent la circulation des artistes et des artefacts entre la France et ses colonies. La construction d’une conscience coloniale, accompagnée des formes d’appropriation des arts "indigènes", a engendré une relation coloniale qui, dans le cadre spécifique des arts et des représentations qu’il diffuse, a longtemps tendu à justifier la domination. Sa remise en cause a provoqué des dénis dont les disciplines et les musées qui ont en charge ces domaines et les collections d’artefacts qui ont été produits, demeurent marqués.
Modérateur : Frédéric Keck
14h30 – 15h Carlo A. Célius, CNRS, Situation coloniale et hégémonie des beaux-arts
15h – 15h30 Daniel Foliard, Paris Ouest Nanterre/ UMR Sirice - Université Paris 1 Panthéon- Sorbonne, Fondre ou conserver ? Collecte et premières circulations métropolitaines du trésor de Ségou (1890-début du XXème siècle)
15h30 – 16h Emilie Goudal, Centre Norbert Elias (CNRS/EHESS), Partage d’un « butin de guerre » ? Retours et répartition de la collection du musée des Beaux-arts d’Alger (1962-1969)
16h – 16h30 Florence Hudowicz, musée Fabre, musée des beaux-arts de Montpellier, Des regards sur les œuvres produites en Algérie à l’époque coloniale
16h30 – 17h discussion avec le public
17h – 17h15 pause
17h15 – 18h30 Table-ronde « Perspectives de la recherche »
Interrogation sur les sources disponibles pour le chercheur dans le domaine des arts coloniaux, cette table-ronde est l’occasion de revenir sur des travaux pionniers et de mettre en exergue certains fonds patrimoniaux qui permettent d’envisager de nouveaux sujets de recherche.
Modérateur : Laurent Houssais, université de Bordeaux Montaigne
Clothilde Roullier et Pascal Riviale, Archives nationales Xavier-Philippe Guiochon, Centre national des arts plastiques
19h – 21h En clôture du colloque :
Projection-débat en présence des réalisateurs.
Projection du film (docu-fiction) Eugène Delacroix. D’Orient et d’Occident, réalisé par Arnaud Xainte écrit avec Jean-Frédéric Thibault, produit par Illégitime Défense et diffusé sur Arte en avril 2018.
Page créée le dimanche 23 septembre 2018, par Dominique Taurisson-Mouret.