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Les administrations coloniales et la « pacification » XIX-XX siècles, Paris, mars 2012 (<31/03/2011)

Appel à communications

Les administrations coloniales et la « pacification » XIX-XX siècles

23-24 mars 2012, Ecole Militaire- Paris

(limite : 31 mars 2011)

Colloque international organisé par l’Institut d’histoire du temps présent–CNRS, l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole Militaire et l’Institut supérieur de l’armement et de la défense –Université de Paris II Panthéon-Assas

Vous trouverez ci-joint un document de présentation des axes du colloque. Si le sujet vous intéresse, nous vous prions de bien vouloir nous adresser, avant le 31 mars 2011, une proposition de communication sous la forme d’un intitulé et d’un bref résumé.

Contacts :

s.mechat chez free.fr - framel chez free.fr - jjroche chez noos.fr

Présentation du colloque

Bugeaud et la guerre totale en Algérie au milieu du XIX siècle, la révolte des Cipayes en Inde en 1857-58, le mouvement insurrectionnel de 1864 et 1871 en Algérie, la guerre des Boers en 1880 et 1899-1902, la reconquête du Soudan en 1898, la longue pacification du Maroc de 1903 à 1934 et la guerre du Rif dans les années 20, la campagne de Tripolitaine et Cyrénaïque en 1911-1912, la révolte chiite en Irak en 1920 et celle du Djebel Druze en 1925, la « guerre d’indépendance » en Palestine en 1936-1939, la tentative d’insurrection brisée en 1927 et « l’opération de police » en 1947 dans les Indes néerlandaises, la répression de l’insurrection malgache en 1947, la pacification en Algérie dans les années 50 …

Cette longue énumération le montre, tout au long des XIXe et XXe siècles, de multiples opérations de « pacification » ont rythmé l’histoire des rapports entre les métropoles coloniales européennes et les colonies, les protectorats et les mandats, en-dehors même des expéditions militaires directement liées aux conquêtes. La « pacification », instrument d’une stratégie impériale et outil d’un colonialisme en échec, a permis de renforcer la domination des pouvoirs coloniaux et d’assurer à la colonisation européenne la mise en valeur rapide et la rentabilisation financière de nouveaux espaces.
On distingue habituellement le temps de la conquête de la « pacification » proprement dite. La période de la conquête correspond à la mise en place de l’autorité de la puissance coloniale à l’aide de son armée, sur un territoire qu’elle vient d’occuper et qu’elle envisage parfois d’annexer. Les opérations de pacification renvoient à la répression des révoltes, des résistances armées ou des explosions de violence qui surviennent après l’achèvement de la conquête, parfois bien après celle-ci. Cette distinction entre la situation de guerre coloniale et les opérations de police ou celles dites de maintien ou de rétablissement de l’ordre apparaît cependant quelque peu artificielle. De la même manière, la distinction entre l’intervention des autorités militaires et celle qui relève des autorités politiques et administratives ne présente qu’un intérêt limité.

Souvent présentées comme l’émanation de la volonté des autorités militaires, les opérations de pacification sont le résultat d’un processus de décision impliquant à la fois les autorités militaires et civiles, le pouvoir politique étant appelé à se prononcer sur la planification et la mise en œuvre des mesures de pacification. Il s’agit en effet de combiner le recours à la force et l’utilisation des procédures de contraintes propres au rétablissement de l’ordre, avec des politiques qui sont susceptibles d’assurer durablement le maintien de la « paix » civile et la sauvegarde de l’empire. L’administration coloniale doit, selon la formule de « la tache d’huile » (Gallieni), renforcer son emprise sur le corps social en optant pour « l’action combinée de la force et de la politique »(Gallieni).

Après le cycle révolte- répression- soumission et la maîtrise de l’espace public, l’administration militaire ou civile opère une relative rupture avec la conception purement répressive de la « pacification ». De façon générale, l’administration cherche les moyens de légitimer sa domination et cela requiert à la fois l’usage de la force militaire ou policière, la recherche de compromis avec les notables en les associant au contrôle politique et social et à l’encadrement des populations que l’on souhaite rallier aux « bienfaits » de la colonisation, ou le recours à la réforme au nom du « devoir de civilisation ». Il s’agit non seulement d’imposer un pouvoir extérieur, mais aussi d’enlever à l’indigène les raisons de se révolter. Mais force est de constater qu’au bout du compte, les « bienfaits » pour les indigènes sont rares et le « devoir de civilisation » est très peu respecté. L’étude de la « pacification » renvoie ainsi de manière plus large au fonctionnement des administrations coloniales civiles et militaires dont les interventions se succèdent et se combinent pour atteindre un même objectif : rétablir l’ordre puis se donner les moyens de le maintenir.

C’est à une réflexion d’ensemble sur les modalités et les formes de gestion des mouvements de résistance, de contestation, et de révolte par les appareils militaires et administratifs coloniaux européens aux XIXe et XXe siècles, que le colloque souhaite inviter les intervenants. L’objectif principal du colloque est de mettre en parallèle, dans une perspective comparatiste, les campagnes de « pacification » qui ont été conduites, parfois de manière quasi-simultanée, dans les différents empires coloniaux en Afrique, en Asie, ou en Méditerranée. Cette mise en perspective devrait permettre de déterminer si la physionomie de la « pacification » a varié d’une puissance coloniale à l’autre, et de mettre en évidence les effets de symétrie ou de dissymétrie, voire d’établir, par-delà les différences de modèles historiques et de systèmes politiques, d’éventuelles convergences ou analogies.
On ne peut évoquer aujourd’hui la « pacification » sans s’interroger sur ses résonances très actuelles en Irak et en Afghanistan. L’invasion et l’occupation, notamment de l’Irak en 2003, les multiples dérives et erreurs stratégiques, tactiques et politiques commises par les forces d’occupation en Irak et/ ou les forces internationales en Afghanistan, ont déclenché une vague de violences extrêmes et une profonde déstabilisation des sociétés. Ces évolutions ont relancé le débat sur la notion de « contre insurrection » au sein de la hiérarchie militaire américaine, et sur la manière de combattre l’insurrection. Sur cette base, la nouvelle grille de lecture des enjeux en Irak et en Afghanistan des stratèges américains manifeste un intérêt nouveau pour l’oeuvre d’officiers qui ont exercé leur commandement sur des terrains coloniaux comme les Lyautey, Bugeaud ou Gallieni, en étudiant leurs méthodes et en essayant de tirer des enseignements de leurs expériences. La réflexion sur les modèles de pacification utilisés à l’époque coloniale n’a donc pas qu’un intérêt rétrospectif puisque dans le contexte post-colonial, elle retient encore l’attention et peut éventuellement connaître des prolongements.

Dans cette perspective, les organisateurs du colloque privilégient quatre axes de réflexion :

- 1. Le premier consiste à s’interroger sur la pensée et le rôle des hommes de la « pacification » (Bugeaud, Lyautey, Gallieni, Mangin, Gouraud, Gordon, Kitchener, …). Cela implique l’étude des stratégies mises en œuvre et leurs fondements, à travers les enjeux des représentations et de la perception de l’Autre.
- 2. Le second souhaite analyser les rapports entre les pouvoirs civil et militaire afin de mieux comprendre le rôle des administrations coloniales dans l’œuvre de « pacification » ainsi que les divergences doctrinales ou opérationnelles et de tenter d’élucider les causes de la « pacification », les erreurs de stratégies politiques et administratives, et leurs conséquences y compris sur le plan militaire. Ce deuxième axe concerne également les modalités et les formes des politiques de « pacification ». Il s’agit de saisir la diversité des modes de répression et de comprendre comment les modes de pacification ont circulé et comment ils ont été appliqués dans des situations et des contextes spécifiques : milieux urbains, ruraux et/ou religieux…
- 3. Le troisième axe cherchera à inventorier les effets de la « pacification ». A cette fin, les conséquences sur les sociétés européennes (par ex. la militarisation des sociétés coloniales) comme celles produites sur les sociétés indigènes seront prises en compte. Les décisions des tribunaux militaires et les sanctions qui suivent les insurrections retiendront ainsi l’attention comme les condamnations à la peine capitale, les amendes, les prises d’otages, les majorations d’impôt, la levée supplémentaire de travailleurs, l’emprisonnement, les déportations, la destruction de villages, et parfois les transferts de populations. Mais au-delà de l’aspect purement répressif, il s’agit de mettre en perspective l’action et les moyens de toute nature qui sont mis en œuvre par les administrations coloniales et dont les objectifs sont d’ordre social ou culturel, voire parfois politiques, à travers les réformes de structures ou de statut.
- 4. Enfin, le quatrième axe s’interrogera sur les résonances actuelles des expériences de pacification en milieu colonial. Il s’agit de comprendre comment et pourquoi les anciennes pratiques ont tendance à se perpétuer, de mieux saisir leur pertinence ou au contraire leur inadéquation aux situations actuelles, ainsi que les raisons de l’échec de la « pacification » engagée depuis le début des années 2000 en Afghanistan et en Irak.

Comité scientifique du colloque

- A.C. Bonneville (Saint-Cyr Coëtquidan)
- S. El Mechat (Université de Nice Sophia /IHTP)
- M. Goya (IRSEM)
- C. Ingrao (IHTP)
- G. Lasconjarias (IRSEM)
- F. Ramel (Université de Paris X- IRSEM)
- JJ. Roche (Université de Paris II- ISAD)

Source : http://www.ihtp.cnrs.fr/spip.php%3F...


Page créée le lundi 31 janvier 2011, par Dominique Taurisson-Mouret.


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