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Journées d’études organisées par Isabelle Merle et Simon Imbert-Vier, les 4 et 5 novembre 2011 à Paris, avec le soutien de l’IRIS, du CEMAf, de l’Iremam et de de l’EHESS
Programme des journées
Vendredi 4 novembre
CNRS Paris A, 94200 Ivry
Matinée, 9h-12h30
Ouverture par Isabelle Merle et Simon Imbert-Vier
Introduction : Isabelle Merle (IRIS/CNRS-EHESS), Retour sur le régime de l’indigénat : état de la recherche
L’indigénat, genèse d’une loi et controverses
Discutant : Alexis Spire (CERAPS/CNRS)
Anne Simonin (IRICE/CNRS, Universités de Paris I et Paris IV), La diversité des statuts du citoyen : une idée révolutionnaire
Laure Blévis (Département de Sociologie, Université Paris X), L’indigénat, le droit et la violence. Réflexion à partir du texte de Gregory Mann
Après-midi, 14h-17h30
L’indigénat en situation, explorations locales
Discutante : Florence Renucci (Centre d’histoire judiciaire/CNRS-Lille 2)
Melissa Chauvin (Master, Département d’histoire, EHESS), La genèse de la loi sur le régime de l’indigénat de 1881 en Algérie
Emmanuelle Saada (Columbia University), « L’indigénat », une généalogie algérienne
Alix Héricord-Gorre (Docteur de l’Institut européen de Florence), Le code de l’indigénat comme fictio legis : l’encastrement du maintien de l’ordre colonial en Algérie dans les modalités autochtones de régulation sociales (1881-c. 1920)
Samedi 5 novembre
CEMAf, 9 rue Malher, 75004 Paris
Matinée, 9h-13h
L’indigénat en situation, explorations locales
Discutant : Didier Guignard (IREMAM)
Laurent Manière (SEDET), Le Code de l’indigénat en Afrique occidentale française et son application : le cas du Dahomey (1887-1946)
Simon Imbert-Vier (CEMAf) Particularités du statut de l’indigénat en Côte française des Somalis (1889-1981)
Uoldelul Chelati Dirar (Université de Macerata, Italie), From la Grande Italia to Mother Ethiopia. Trajectories of Italian Indigenat policies in Erythréa (1890-1952)
Jean Fremigacci (CEMAf), Le provisoire comme structure de l’Etat colonial. Le code de l’indigénat à Madagascar, 1901-1946
Après-midi, 14h30-18h
L’indigénat en situation, l’enfemement
Discutant : Emmanuel Blanchard (Université de Versailles Saint-Quentin, CESDIP)
Sylvie Thénault (CHS/CNRS), L’internement en Algérie. Un outil de la panoplie coercitive de l’Etat colonial
Adrian Muckle (Université de Wellington), L’internement comme pratique coloniale en Nouvelle-Calédonie/Océanie
Nicolas Fischer (IRIS/CNRS). De la mise à l’écart des indigènes à la mise à l’écart des étrangers : continuité des « camps » ou transformation du traitement des populations ?
Informations pratiques
Pour se rendre à la délégation Paris A du CNRS, 27 rue Paul Bert, 94200 Ivry sur Seine, Station Porte de Choisy (Tramway ligne 3 ou métro ligne 7, direction Mairie d’Ivry). A la sortie, prendre l’avenue de la Porte de Choisy, traverser le périphérique. Prendre à gauche le boulevard Hippolyte Marquès, qui longe le périphérique, puis à droite la rue Paul Bert. Le trajet est d’environ 600 mètres.
Pour se rendre au CEMAf, 9 rue Malher, 75004 Paris Station Saint-Paul (métro ligne 1) Prendre la rue de Rivoli vers la Bastille, puis la rue Malher à gauche.
Restauration à Ivry A Ivry se trouve un restaurant où il est nécessaire de réserver quinze jours à l’avance (compter environ 11e). Pour y manger, il est donc indispensable de nous confirmer avant le 19 octobre votre présence le vendredi midi [isabelle.merle chez ehess.fr et simon.iv chez laposte.net]. Pour les agents CNRS, vous devez préciser votre échelon.
Pour le samedi, de nombreux restaurants se trouvent à proximité du lieu de la rencontre.
Enjeu
L’enjeu consiste à réunir, pour la première fois, des spécialistes qui, depuis une vingtaine d’années, ont fait directement progresser la connaissance sur cet objet d’étude précis. Le « régime de l’indigénat » suscita au début du siècle l’intérêt des juristes dans le cadre du développement de ce qu’on appelait « le droit colonial », discipline qui accompagna la création de l’empire colonial français. Ce domaine, et avec lui l’étude du régime de l’indigénat, perdit son actualité lorsque l’Empire fut démantelé. Restait alors l’intérêt partiel des anthropologues et historiens travaillant sur telle ou telle ancienne colonie, désireux de comprendre localement les effets des réglementations coloniales.
On doit à Jean-Robert Ageron [1968], une analyse très détaillée, de la mise en place de ce régime entre 1830 et 1881 en Algérie et à Claude Collot [1987] l’étude des institutions répressives dans ce territoire. Ce n’est cependant que dans les années 1990, que le régime de l’indigénat suscita à nouveau l’intérêt en tant qu’objet de droit « en soi et pour soi ». Un certain nombre d’historiens et sociologues ont cherché à éclairer la genèse des principes fondateurs de ce régime et les contradictions qu’il suscita dans le cadre du droit républicain (Emmanuelle Saada [2001], Isabelle Merle [2004], Alix Héricord-Gorre [2008]), les modalités de sa diffusion et de son application dans divers territoires de l’Empire ainsi que ses effets pratiques sur les populations qui le subirent (Anthony Asiwaju [1979], lsabelle Merle [1995 & 1996] pour la Nouvelle-Calédonie, Laurent Manière [2007], Didier Guignard [2008] pour l’Algérie et Gregory Mann [2009] pour l’AOF). Adrian Muckle [2010] et Sylvie Thénault [2012] ont travaillé sur un aspect particulier de ce régime : l’internement administratif, respectivement en Nouvelle-Calédonie et en Algérie.
Nous voulons, aujourd’hui, par l’organisation de ces journées d’étude, dresser un bilan des travaux effectués, en évaluer les apports, les limites et les points aveugles, discuter au fond les questions que posent les interprétations divergentes et enfin poser les bases d’un programme de recherche à venir. Il s’agira de penser un programme de recherches trans-aires culturelles et trans-disciplinaires autour de l’étude de ce dispositif juridique particulier dont il faut rappeler qu’il occupa une place centrale dans l’organisation de la « gouvernance indigène » dans le contexte de l’Empire français. Sous l’angle de l’histoire de la nation française, l’étude du régime de l’indigénat éclaire les contradictions les plus aiguës de la République impériale. Sous l’angle de l’histoire des territoires coloniaux, il éclaire la socio-genèse de mondes sociaux nouveaux, au principe de nouvelles organisations spatiales, catégorisations (citoyens/indigènes/ assimilés), hiérarchies indigènes, rapports de travail et d’autorité et dont les traces demeurent, parfois, encore aujourd’hui. L’application du régime de l’indigénat sur les population assujetties, participa d’une microphysique du pouvoir jouant dans des domaines les plus variés : habillement, signes ostensibles de respect aux autorités coloniales, obéissance aux ordres de réquisition ou d’obligation de travail, paiement de l’impôt, respect des règles, respect des mesures de prophylaxie (lèpre, tuberculose), interdictions de circulation… Si le dispositif fut généralisé à l’ensemble des colonies françaises sur la base de principes similaires, il prit localement des formes très singulières en fonction des contextes locaux et de leurs caractéristiques et eut des effets très variables selon les situations.
L’intérêt d’une telle rencontre est de faciliter et d’organiser la discussion scientifique entre les spécialistes qui ont travaillé directement sur le sujet. L’intérêt est aussi de réfléchir à des collaborations nouvelles et futures, au sujet de territoires jusque là non ou insuffisamment pris en compte (Madagascar, l’Indochine sur l’ensemble de la période coloniale, les territoires de l’AOF et l’AEF), au sujet des exemples étrangers de « gouvernance indigène » menée par d’autres empires (britannique, allemand, hollandais, italien, belge, portugais) encore insuffisament mobilisés. L’intérêt est enfin d’élargir la discussion en resituant l’histoire du régime de l’indigénat dans le débat qui s’organise au XIXe siècle sur les modalités de catégorisation et d’identification des individus en fonction des principes progressivement affirmés de la nationalité, de la citoyenneté, du statut personnel ou du statut de droit commun dans le contexte d’une souveraineté française en expansion et la construction d’une nation et d’un empire. L’intérêt est aussi de s’intéresser plus précisement aux effets d’héritage d’un tel régime pour les territoires anciennement colonisés et les anciennes métropoles impériales.
Contact
Simon Imbert-Vier
courriel : simon [point] iv (at) laposte [point] net
CEMAf Aix
MMSH
5, rue du Château de l’Horloge
B.P.647, F-13094 Aix-en-Provence, cedex 2
Isabelle Merle
courriel : isabelle [point] merle (at) ehess [point] fr
IRIS - EHESS
190 avenue de France
75244 Paris cedex 13
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Page créée le mardi 11 octobre 2011, par Dominique Taurisson-Mouret.