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Appel
Date limite de soumission : samedi 25 mars 2023
Le 12 juillet 1884, sous l’initiative des commerçants de Hambourg et de Brème, l’Allemagne officialisait sa présence sur le territoire devenu Kamerun à travers un traité de protectorat signé avec les rois côtiers. La signature de ce traité vient mettre fin aux appétits des Européens qui convoitaient le territoire en marquant leur présence par des traités d’amitiés. Que ce soit les Portugais, les Anglais ou les Français, ces étrangers avaient côtoyé le territoire pour des raisons diverses (explorations, religions, commerce, etc). Mais au final, c’est le gouvernement allemand qui finit par siffler la fin de la récréation en hissant son drapeau sur le plateau Joss le 14 juillet 1884 malgré le caractère retissant de Bismarck (Tchoudja, 2017 : 152). En effet c’est par le truchement de la chambre de commerce de Hambourg et de celle de Brème suivi de l’appui de Henri Kûsserov (conseiller du chancelier) que Otto Von Bismarck avait accepté que l’Allemagne pouvait se permettre d’avoir des colonies sans pour avoir à les gérer directement comme le faisait les Anglais à travers les compagnies à charte. (Abwa, 2010 : 50).
Si la présence allemande sur ce territoire date de 1851, c’est avec cet acte de légitimité que se déclencha véritablement le processus de conquête, d’occupation, d’exploitation et de mise en valeur du Schutzgebiet[1], car le traité marquait le début d’une collaboration mettant au premier plan la souveraineté entre une partie parlant et agissant au nom de certains groupes des locaux d’une part, et un autre groupe opérant pour le compte de l’Allemagne Temgoua, 2014 : 8). Ainsi pendant son séjour au Kamerun comme puissance administrative, l’Allemagne aura impacté avec ses œuvres les domaines politique, administrative, économique et socioculturel la vie des administrés.
Au niveau administratif, le territoire qui se développe autour de l’estuaire est dénommé Kamerungebiet. Le 1er janvier 1901, un décret donna à la ville le nom de Douala et le pays fut baptisé Kamerun. Celui-ci allait connaître trois capitales : Ce fut d’abord Kamerunstadt ou Kamerun tout court (1885-1901) qui devint Douala. Buéa (1901-1909) finit par supplanter Douala et Yaoundé à partir de 1909 (Mveng, 1963 : 311). La mise en place de ces capitales poussa les populations locales à entrer en contact avec la gestion des affaires politiques et administratives à l’occidentale du fait que les Allemands avaient créé trois Wohnheimen (résidences) dans le grand nord et vingt-huit Bezirkämter (Districts) dans la partie sud du protectorat (Mveng, 1963 : 312).
Sur le plan économique, l’agriculture occupe le premier rang. Avec le développement des plantes trouvées sur place et l’introduction des nouvelles, on nota une nette évolution du tissu économique du territoire marqué par la création des routes, des voies ferrées, des entreprises agricoles et le développement du commerce (C.Signe, 2017 : 443). Parlant de l’aspect social, les Allemands mettent un accent sur l’éducation, la santé, la religion et la culture. La scolarisation durant le protectorat est en grande partie l’œuvre des missionnaires qui créaient des stations d’évangélisation suivie de l’implantation des écoles (Gwet, 2017 : 56). De ces églises et écoles, ont émergé des jeunes garçons subalternes prêts à seconder l’administrateur colonial et des jeunes filles formées dans des écoles professionnelles capables de mener sans difficultés majeures une activité. Cependant, certains auteurs voient en ces lieux d’éducation des centres de déracinement socioculturel car, c’est en leur sein que commençait le processus de démantèlement des structures sociales camerounaises dont la méthode consistait à soustraire l’enfant au milieu ambiant et à lui inculquer le mépris des valeurs qui faisaient de la société traditionnelle (Madiba Essiben, 1980 : 55). Celui-ci semble s’opposer aux bienfaits apportés par la civilisation allemande au Kamerun. Cela pourrait se justifier par le comportement brutal des Allemands dans le but d’atteindre leurs objectifs. D’ailleurs, à l’international, le territoire était reconnu comme la « colonie des 25 coups » (FUNFUNDZWANZIGERLAND) et des pendaisons (Temgoua, 2014 : 249). Touchant le domaine de la santé, la médecine traditionnelle était le seul moyen pour les populations de lutter contre les maladies. Avec les Allemands, on nota l’introduction de la biomédecine (Mve Belinga, 2017 : 133) pour vaincre certaines maladies qui défiait l’efficacité de la médecine camerounaise.
Durant deux décennies, l’Allemagne a marqué considérablement sa présence dans tous les compartiments de la vie du protectorat dont elle avait la charge en Afrique centrale. Chassée du territoire par le duo militaire franco-britannique au début de la guerre de 1914-1918, celle-ci ne retourne nouer des contacts avec son ancien protectorat devenu Etat qu’après l’indépendance. Dès lors, ces deux entités se sont lancées dans un partenariat gagnant-gagnant puisque chacune d’elles y tire ses intérêts. Les pays de Paul Biya et Olaf Scholz ne cessent de recevoir sur leurs sols des migrants venus par divers moyens et pour des raisons multiples. Ces derniers participent à leur manière à l’avancée de la coopération qui unit leur pays d’origine avec celui d’accueil. Que ce soit au niveau politique, économique et socioculturelle, le Cameroun et Allemagne traînent derrière eux un passé lourd de riches expériences. Leurs patrimoines matériel et immatériel, leurs cultures, leurs traditions, leurs économies, leurs diplomaties etc sont des plaques tournantes qui ont mis et qui mettent encore au-devant de la scène un important agenda de recherches non égrainées en ce qui concerne les rapports entre les deux pays.
En sa qualité d’enseignant-chercheur, Albert Pascal Temgoua, homme rigoureux dans sa méthode de travail a rendu l’âme à Montréal au Canada lors d’un séjour scientifique. Jusqu’au soir de sa vie, il a consacré ses recherches sur l’histoire du Cameroun allemand. Sa dernière publication Le Cameroun à l’époque des Allemands 1884-1916 chez l’Harmattan en 2014 est une illustration parfaite. Motivé par ses études supérieures dont une partie a été faite en Allemagne, cette icône de la rigueur scientifique qui a façonné de nombreux chercheurs laisse derrière lui un vaste champ peu exploré qui mérite d’être creusé. Que ce soit l’économie coloniale allemande ou les nouveaux rapports Allemagne-Cameroun post indépendant, le Pr Temgoua a levé pas mal d’ombres. A son actif, plusieurs publications scientifiques au niveau national et international se rapportant à des thématiques majeures touchant les relations Allemagne-Kamerun et Allemagne-Cameroun. Les hommages à lui dédier se proposent de mener les réflexions dans cette lancée en touchant les axes suivant :
Axe 1 : Les heurts des relations germano-camerounaises
Axe 2 : Travail et main d’œuvre des diasporas germano-camerounaises :
Axe 3 : Le Cameroun et le Togo dans le commerce avec l’Allemagne
Axe 4 : Les églises dans les liens Cameroun et l’Allemagne
Axe 5 : Le genre dans les rapports germano-Cameroun
Axe 6 : La vie sociale et économique au Kamerun et au Togo allemand
Axe 7 : Le patrimoine camerounais et allemand
Calendrier
décembre 2022 : lancement de l’appel à contributions
25 mars 2023 : délai de réception des propositions de résumés ;
25 avril 2023 : notifications aux contributeurs ;
25 septembre 2023 : réception des articles complets ;
25 novembre 2023 : retour des expertises ;
30 janvier 2024 : réception des textes définitifs corrigés ;
premier trimestre 2024 : publication de l’ouvrage.
Soumission des articles
En français ou en anglais, elles ne doivent pas excéder 300 mots (police Garamond, taille 12 et interligne 1,5). Elles doivent indiquer l’axe dans lequel s’insère la proposition, le titre de l’article, la problématique, la méthodologie à adopter et les articulations du plan. A cela s’ajoutent les mots clés (Cinq au maximum). Chaque contributeur/rice, dans sa proposition, devra mentionner ses noms et prénoms, son intuition ou laboratoire d’attache, son adresse électronique, etc. Les normes bibliographiques à respecter sont celles de l’APA. Toutes ces données seront envoyées à hommagesapt chez yahoo.fr
Page créée le jeudi 5 janvier 2023, par Webmestre.