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Appel
Date limite de soumission : jeudi 7 décembre 2017
« Pour ne prendre que l’exemple du droit, ce que les juristes nomment « nature », qui est selon nous ce qu’ils posent a priori comme étant la nature (et surtout d’ailleurs la nature humaine depuis le XVIe siècle), n’a que très peu de lien avec l’environnement tel que nous le concevons hic et nunc et échappe presque totalement aux réalités physiques et biologiques. Le formalisme et l’abstraction juridiques conduisent d’ailleurs à forger une représentation juridique du monde qui permet de le normaliser et donc de le dominer, mais revient en outre à fixer une ontologie autoproductive de règles indifférentes à la science, aux choses et donc, a fortiori, à l’environnement (la « nature des choses » des juristes masque en effet presque parfaitement et l’histoire et la réalité physique, biologique, sociale, économique, etc.). Poser la question de la nature en droit conduit ainsi à interroger cette indifférence fondamentale des juristes à la matière et leur « naturalisme » qui permet de penser la maîtrise technique du monde environnant. L’histoire de l’environnement comme objet n’est certes pas une nouveauté pour les historiens qu’ils soient historiens des sciences, historiens de l’environnement ou historiens du droit . Ces derniers s’intéressent en effet depuis quelques décennies à l’histoire du droit forestier ou de l’eau (lato sensu). Sauf exception, les travaux publiés restent toutefois le plus souvent focalisés sur les normes directement liées à la prise en charge par l’Etat ou les collectivités publiques des questions environnementales. Les lois en la matière étant relativement peu nombreuses, ces choix sont logiques et nécessaires. Les études plus globales restent, quant à elles, trop peu fréquentes alors qu’il semble nécessaire d’appréhender la question environnementale dans l’ensemble du système juridique . L’objet devient alors plus complexe et plus théorique, mais n’en demeure pas moins fondamental en ce qu’il ne saurait être question de réduire la réflexion environnementale aux règles dédiées à la protection de la « nature » ou à celles qui contribuent à la gestion des ressources naturelles. C’est ici que les travaux récents relatifs à la crise environnementale viennent alimenter de nouvelles perspectives. La question posée à titre liminaire n’est plus l’évolution des règles permettant de protéger les « choses qui nous entourent », mais celle d’une évolution radicale de nos façons d’agir et de penser. Il s’agit donc d’associer pleinement les apports de l’histoire environnementale devenue très riche en la matière et d’une histoire du droit environnemental entendu lato sensu qui doit encore être bâtie. Pour ce faire, l’histoire du droit doit être réalimentée par l’histoire de la pensée juridique en opérant un tournant méthodologique à même de centrer le regard sur une « nature » objet de droit, mais également concept normatif décisif au coeur des opérations du droit, de l’administration, des politiques publiques, etc. La nouveauté de ce colloque est ainsi de décloisonner les approches non seulement entre les disciplines, mais également au sein même des disciplines en plaçant la « nature » relue à l’aune de la crise environnementale au centre des questionnements et des méthodologies. … … »
Hervé Ferrière, CFV, Université de Brest Nader Hakim, CAHD/IRM, Université de Bordeaux (porteur du projet) Charles-François Mathis, CEMMC, Université Bordeaux Montaigne
Pour lire la suite de l’Appel à communication :
Colloque
18-19 octobre 2018 (Université de Bordeaux et Université de Bordeaux-Montaigne)
Programme
Jeudi 18 octobre 2018
14h-14h30 : Accueil
14h30-15h : Mots de bienvenue et introduction
Agnès Vatican (Directrice des Archives départementales)
Nader Hakim (Historien du droit, Université de Bordeaux)
Charles-François Mathis (Historien, Université Bordeaux Montaigne)
Hervé Ferrière (Historien des sciences, Université de Bretagne Occidentale)
15h-17h30 : L’invention de la nature européenne
Présidence de session : Nader Hakim
Le droit naturel dans les dictionnaires d’Ancien régime, Pierre Bonin (Historien du droit, Université Paris 1)
La nature comme norme formelle. Le naturel du texte juridique (XVIe-XVIIIe siècle), Géraldine Cazals (Historienne du droit, Université de Rouen)
Le droit et "l’invention" de la nature au XVIIIe siècle, Paolo Alvazzi del Frate (Historien du droit, Roma Tre)
Ethique et droit Environnemental face à la valeur intrinsèque, Donato Bergandi (Philosophe, Muséum national d’Histoire naturelle)
Vendredi 19 octobre 2018
9h-9h30 : Accueil et café
9h30-12h : L’ordonnancement de la nature
Présidence de session : Hervé Ferrière
L’ordonnancement de la nature dans l’empire colonial français : le cas des concessions des Caraïbes au Pacifique, Eric de Mari (Historien du droit, Université de Montpellier)
Les limites des ressources de la terre comme norme et la dimension impériale et internationale de la naissance du conservationnisme, 1864-1919, Christophe Bonneuil (Historien, Centre Koyré, EHESS)
Normaliser le "beau" ? De la sélection animale à l’élection du beau paysage pastoral, réflexions historiennes sur la performativité des critères esthétiques et éthiques appliqués au vivant piloté (France fin XIXe - début XXIe s.), Pierre Cornu (Historien, Université de Lyon 2)
Déjeuner
13h30-15h : Pollution, nature et protection
Présidence de session : Charles-François Mathis
Le droit de polluer les eaux navigables (1860-1926) en France, GB, USA et Russie : santé, pêche et pétrole sont dans un bateau…, Hervé Ferrière (Historien des sciences, Université de Bretagne Occidentale)
De la nuisance à la pollution, de quelle nature parle-t-on ?, Thomas Le Roux (Historien, CRH-CNRS)
Pause café
15h30-17h30 : À chacun sa nature ?
Présidence de session : Charles-François Mathis
Le médecin, la loi de la nature et la loi civile, Céline Pauthier (Historienne du droit, Université de Strasbourg)
La nature comme norme dans la pensée libertaire (1880-1914), Claire Vachet (Historienne du droit, Université de Bordeaux)
"Et tu obéiras aux lois de la nature !", la notion de loi de la nature chez Malthus, Morel, Reclus, Valérie Chansigaud (Historienne, SPHERE)
Conclusions
Lieu : Université de Bordeaux et Université de Bordeaux-Montaigne
Colloque organisé par le Centre Aquitain d’Histoire du droit (Institut de Recherche Montesquieu, U. Bordeaux), le Centre d’Etudes des Mondes Moderne et Contemporain (U. Bordeaux Montaigne), le Centre François Viète – Epistémologie des sciences et des techniques (U. Brest), Sciences Philosophies Humanités (SPH, U. Bordeaux), le Centre Universitaire Rouennais d’Etudes Juridiques (U. Rouen) et le Réseau Universitaire de Chercheurs en Histoire Environnementale
« L’objet de cette rencontre ne saurait être, comme pourrait l’indiquer le titre choisi, de postuler la normativité de la nature. Il est au contraire de s’interroger sur les usages normatifs de la nature, qu’il s’agisse des sciences, de la philosophie, de l’histoire, du droit ou plus largement de tous les savoirs qui mobilisent cette notion polysémique. … »
Page créée le lundi 22 octobre 2018, par Dominique Taurisson-Mouret.