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Appel
Date limite de soumission : samedi 15 janvier 2022
Les recherches sur l’esclavage en Afrique ont bénéficié ces dernières années d’un dynamisme certain, soutenu en partie par des programmes de recherche internationaux ainsi que par la publication de nombreux ouvrages et dossiers de référence. Des régions auparavant peu étudiées ont fait l’objet de nouveaux travaux de recherche (comme le Cameroun, l’Éthiopie et la Corne de l’Afrique), des thématiques autrefois secondaires sont devenues centrales (comme les abolitions de l’esclavage ou la stigmatisation sociale héritée de l’esclavage), des perspectives comparatistes ont été soulevées sur l’ensemble du continent et des îles adjacentes (Zanzibar, Comores, Madagascar, Maurice) et des domaines spécifiques ont pris une nouvelle ampleur (comme la muséographie de l’esclavage, la reconnexion ou la question des réparations). L’importance historique de l’esclavage en Afrique, son poids dans les relations entretenues par les différentes composantes de la société et la construction des États-nations contemporains, ne sont plus à démontrer. Mais ces questions ont souvent un caractère sensible et très contemporain, elles sont parfois objet de polémiques publiques, ou réduites au silence. Au vu du dynamisme de la production des savoirs sur l’esclavage en Afrique, il s’agit ici de faire le point sur les avancées les plus récentes, afin de pouvoir par la suite les transmettre au plus grand nombre, dans les enseignements scolaires et universitaires, et dans les actions partagées avec la société civile.
La conférence internationale à laquelle nos institutions invitent les chercheur.e.s et enseignant.e.s a pour ambition de contribuer à ce bilan des savoirs sur l’esclavage en Afrique et à faire le point sur les avancées scientifiques significatives les plus récentes. Huit ans après la conférence « L’esclavage en Afrique : histoire, héritages, actualité » (SLAFCO) tenue à la Catholic University of Eastern Africa (Nairobi, 2014), cette initiative bénéficie des travaux développés dans le cadre du projet européen « Slavery in Africa : A dialogue between Europe and Africa » (SLAFNET, H2020 RISE, 2017-2022), ainsi que d’un écosystème scientifique riche de plusieurs initiatives collectives. Avec une approche favorisant le dialogue scientifique interdisciplinaire (histoire, anthropologie, sociologie, muséologie) et le dialogue avec la société civile (à travers la présence d’associations anti-esclavagistes, la projection de films, et la présentation d’ouvrages), l’ambition est ici de poursuivre les efforts visant au décloisonnement entre les différentes régions du continent africain, leurs historiographies et leurs acteurs.
Axes thématiques
Citoyenneté, marginalisation et injustices
L’analyse comparative des expériences sociales, politiques et économiques des descendants d’esclaves dans les sociétés africaines contemporaines révèle la stigmatisation, la marginalisation et la sousreprésentation politique dont ils sont tributaires. Bien des conflits encore vivaces trouvent leurs origines dans l’histoire de l’esclavage et l’altérité (ethnique, raciale ou autre) qui y est associée. Dans certains pays, l’activisme des descendants d’esclaves permet de faire évoluer les pratiques, mais dans d’autres, le silence continue de recouvrir des traumatismes devenus intergénérationnels. L’idéal d’une citoyenneté partagée est parfois mis à mal par des revendications de justice et de réparation qui exposent les fractures sensibles au cœur du tissu social et des politiques nationales et internationales.
Sources, mémoires sociales et récits de soi
Documenter la prégnance de l’esclavage, les discontinuités de ses pratiques autant que ses séquelles est une préoccupation centrale des chercheurs. La collecte et la préservation des sources orales, l’archéologie, les sources écrites et iconographiques, et les récits de vie sont autant d’éléments qui permettent la mise en production du travail scientifique. Mais ce sont également des éléments qui structurent ou influencent les mémoires sociales, les façons dont les individus et les sociétés représentent leurs perceptions du travail (genré, forcé, migrant), de l’ancestralité (comme rapport aux origines familiales), de l’autochtonie (comme rapport au territoire et aux origines géographiques) et de l’appartenance (comme rapport à un groupe ou une nation).
Enjeux patrimoniaux, musées et restitutions
Les sites, les objets et les cultures liés à l’esclavage sont parfois marginalisés dans la mémoire nationale ; ils sont parfois intégrés dans les musées et participent (ou pas) d’une expérience commune. Deviennent-ils des outils de sensibilisation favorisant le dialogue entre anciens maîtres et esclaves ou leurs descendants ? Les artefacts servent de supports de dialogue entre les générations et entre des mémoires divergentes, mais ils sont aussi au cœur de revendications persistantes et d’enjeux politiques qui parfois les dépassent.
Humanités numériques et esclavage
Plusieurs bases de données relatives à l’esclavage et à la traite négrière en Afrique, dans l’océan Indien occidental et dans l’Atlantique existent déjà. L’inventaire des sources (noms de personnes et des lieux, des histoires de vie, la variabilité linguistique et économique, les terminologies) mobilisées par ces bases de données, leur accessibilité et les questions techniques liées à leur utilisation (presse, confidentialité, conditions générales, mentions légales, etc.) sont autant de questions centrales. Il s’agit aujourd’hui de développer des outils facilitant une analyse complète des données et d’élaborer des politiques communes de gestion de ces données afin de les exploiter au mieux.
Modalités de soumission
Il est demandé aux personnes souhaitant présenter une communication à cette conférence d’envoyer un résumé de 1500 signes (espaces compris) en français et en anglais, ainsi qu’une notice biographique indiquant l’affiliation institutionnelle et l’adresse complète avant le 15 janvier 2022.
Les personnes souhaitant présenter un panel de 3 ou 4 intervenants doivent envoyer une présentation (2500 signes, espaces compris) ainsi que les titres, résumés et notices biographiques de tous les intervenants.
Les propositions sont à soumettre sur le site officiel de la conférence
Une sélection sera faite par le comité scientifique dont l’avis sera envoyé le 30 janvier 2022.
Les communications, d’une longueur maximale de 50 000 signes (Times 12 ou équivalent, espaces, notes et bibliographie compris) devront parvenir aux organisateurs avant le 31 mars 2022.
Organisation de la conférence
La conférence se tiendra à l’Université de Yaoundé 1 au Cameroun les 19, 20 et 21 avril 2022 ; des lieux d’hébergement seront proposés aux participants. Outre les circuits classiques, toutes les informations utiles aux participants seront disponibles sur le blog suivant à partir du mois de janvier 2022. Chaque intervenant devra s’assurer de réunir le financement nécessaire à sa participation à la conférence. Un budget restreint sera dédié au soutien à la participation de quelques chercheurs africains junior. Un formulaire de demande d’aide financière sera mis en ligne sur le blog de la conférence.
Des militants associatifs anti-esclavagistes seront invités à débattre avec les scientifiques de leurs engagements d’une part et de leurs attentes par rapport à la recherche africaine d’autre part. Au programme de la conférence figurent la projection d’un film documentaire sur l’esclavage et les traites esclavagistes en Afrique ainsi que la présentation de l’ouvrage issu de la précédente conférence SLAFCO (2014).
Le contexte sanitaire au Cameroun ne pose pas de problème particulier pour la tenue de cette conférence. À date du 15 novembre 2021, il est exigé un test négatif de moins de 72 h avant l’embarquement et un test rapide à l’arrivée, en plus de l’invitation à respecter les mesures barrières. Les participants seront régulièrement informés de l’évolution de la situation.
Colloque
Du 19 au 21 avril 2022 (Université de Yaoundé, Cameroun)
Page créée le mercredi 22 décembre 2021, par Webmestre.