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Jeudi 13 septembre 2018
« Psychanalyste, Karima Lazali a mené une singulière enquête sur ce que la colonisation française a fait à la société algérienne, enquête dont elle restitue les résultats dans ce livre étonnant. Car elle a constaté chez ses patient∙e∙s des troubles dont rend mal compte la théorie psychanalytique. Et que seuls les effets profonds du « trauma colonial » permettent de comprendre : plus d’un demi-siècle après l’indépendance, les subjectivités continuent à se débattre dans des blancs de mémoire et de parole, en Algérie comme en France.
Elle montre ce que ces « blancs » doivent à l’extrême violence de la colonisation : exterminations de masse dont la mémoire enfouie n’a jamais disparu, falsifications des généalogies à la fin du XIXe siècle, sentiment massif que les individus sont réduits à des corps sans nom... La « colonialité » fut une machine à produire des effacements mémoriels allant jusqu’à falsifier le sens de l’histoire. Et en cherchant à détruire l’univers symbolique de l’« indigène », elle a notamment mis à mal la fonction paternelle : « Leurs colonisateurs ont changé les Algériens en fils de personne » (Mohammed Dib). Mais cet impossible à refouler ressurgit inlassablement. Et c’est l’une des clés, explique l’auteure, de la permanence du « fratricide » dans l’espace politique algérien : les fils frappés d’illégitimité mènent entre frères une guerre terrible, comme l’illustrent le conflit tragique FLN/MNA lors de la guerre d’indépendance ou la guerre intérieure des années 1990, qui fut aussi une terreur d’État.
Une démonstration impressionnante, où l’analyse clinique est constamment étayée par les travaux d’historiens, par les études d’acteurs engagés (comme Frantz Fanon) et, surtout, par une relecture novatrice des œuvres d’écrivains algériens de langue française (Kateb Yacine, Mohammed Dib, Nabile Farès, Mouloud Mammeri…). »
Karima Lazali, psychologue clinicienne et psychanalyste, exerce à Paris depuis 2002 et à Alger depuis 2006. Elle est l’auteure de nombreux articles et de La Parole oubliée (Érès, 2015).
Conférence
Samedi 30 mars 2019, 14 h 30-17 h (Lyon, Bibliothèque de la Part Dieu)
Entrée libre dans la limite des places disponibles
« Dans son nouveau livre, Le trauma colonial : une enquête sur les effets psychiques et politiques contemporains de l’oppression coloniale en Algérie, paru aux éditions La Découverte en 2018, Karima Lazali restitue les résultats de la singulière enquête qu’elle a menée sur ce que la colonisation française a fait à la société algérienne.
Partant du constat que les troubles présentés par ses patients portent les effets profonds du « trauma colonial », Karima Lazali propose de requestionner les blancs de mémoire et de parole qui persistent, un demi-siècle après l’indépendance, en Algérie et en France.
Que recouvrent ces blancs ? Quel est cet impossible à refouler ? Quelle est son actualité ?
Ces questions sont abordées dans une langue voulue accessible à tous et faisant dialoguer histoire, littérature et psychanalyse. Karima Lazali propose en effet une démonstration impressionnante où l’analyse clinique est étayée par des travaux d’historiens, des études d’acteurs engagés et une relecture novatrice des œuvres d’écrivains algériens de langue française comme Kateb Yacine, Mohammed Dib, Nabile Farès, Mouloud Mammeri, etc. »
Psychologue clinicienne et psychanalyste, Karima Lazali exerce à la fois à Paris et à Alger. Elle est également l’auteure de La parole oubliée, publié aux éditions Eres en 2015. La conférence sera animée par Marc André, historien, Denise Brahimi, professeur de littérature comparée, et Fafia Djardem, psychiatre.
Page créée le jeudi 13 septembre 2018, par Dominique Taurisson-Mouret.