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Mardi 27 mars 2018
« Qu’est-ce qu’un aborigène taïwanais sous le regard des colons japonais ? En participant à la construction de l’indigène dans une colonie japonaise, comment la photographie a-t-elle permis aux colonisateurs Japonais d’affirmer leur propre identité et de découvrir d’autres formes d’altérité ? En quoi la photographie contribua-t-elle à légitimer l’expansion de l’Empire du Japon ?
La légende de ces peuples autochtones devient un thème populaire de la photographie coloniale après l’annexion de Taïwan par le Japon en 1895. L’image de ces premiers habitants de l’île matérialise la découverte de la sauvagerie par les anthropologues japonais au moment même où nait leur discipline dans l’archipel. On vend ainsi de l’exotisme aux touristes en tissant un fantasme, celui d’un terrain vierge dans les marges de la civilisation de l’empire japonais. On va même jusqu’à dénuder les aborigènes pour insister sur leur barbarie supposée.
Les représentations se diversifient au cours du temps avec l’émergence de nouvelles générations de photographes, du développement des supports médiatiques, de l’industrie du tourisme, mais aussi sous l’influence des politiques coloniales en tant que telles. On commence alors à les rhabiller dans les publications de propagande pour suggérer les progrès de l’œuvre civilisatrice coloniale, tandis que les cartes postales continuent à représenter leur corps dénudé.
Le colonialisme japonais articule l’ethnie et l’identité à l’aide de la photographie et crée ainsi un imaginaire propre de son empire en expansion. »
Ju-Ling Lee, docteur en histoire de l’Université Lyon 2, est actuellement chercheuse à l’Université de Genève. Ses recherches s’intéressent aux politiques coloniales des corps et à l’usage des médias par l’Empire du Japon.
Page créée le mercredi 27 mars 2019, par Dominique Taurisson-Mouret.