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Journées d’étude Centre Emile Durkheim Université de Bordeaux : Approches postcoloniales, quels usages, quels instruments ? (Bordeaux, 7-8/04/2014)

Journées d’étude Centre Emile Durkheim Université de Bordeaux : Approches postcoloniales, quels usages, quels instruments ?

lundi 7 avril et mardi 8 avril 2014, Bordeaux, Place de La Victoire, Amphithéâtre Fabre et salle 35

Coordination scientifique : Lætitia Bucaille, Michel Cahen, Agnès Villechaise

Lundi 7 avril 2014 – Amphithéâtre Fabre

- 14h Lætitia BUCAILLE (Université de Bordeaux, CED) : Introduction

14h30-18h30 Colonial, postcolonial : concepts, outils et objets

- Capucine BOIDIN (Sorbonne Nouvelle Paris 3 - IHEAL, CREDA) : Approches décoloniales et archives en langues amérindiennes (Guarani du XVIII) : quelques réflexions en cours.

L’évangélisation et la colonisation ont entraîné la scripturisation, littéralisation, grammatisation et christianisation de certaines langues amérindiennes, déjà véhiculaires avant les conquêtes ibériques. Ces faits sont diversement interprétés : ils sont tantôt la preuve d’une colonisation profonde des langues indiennes, ou au contraire les traces éclatantes des débuts des sciences modernes. Or ce sont peut être justement des lieux où se co-construisent modernité et colonialité. Cette communication montrera comment les archives en langues amérindiennes sont différemment lues par les études subalternes, postcoloniales et décoloniales, pour ensuite centrer la discussion sur quelques archives en guarani du XVIII, en cours d’analyse.

- Françoise DE BARROS (Paris 8, CRESPPA) : Une trajectoire postcoloniale : le cas des recherches sur les politiques françaises en direction des étrangers.

A partir de notre parcours de recherche, nous proposons une réflexion sur une forme d’analyse postocoloniale qui s’est développée dans les travaux sur les politiques françaises en direction des étrangers au XXème siècle. Pour comprendre comment nous nous sommes intéressée successivement à la genèse de la politique la ville, puis à la catégorisation des étrangers par les communes et enfin aux reconversions d’un personnel central de la colonisation française en Algérie, et dégager les conséquences de ce parcours en termes méthodologiques, nous prendrons également en compte les travaux d’autres chercheurs. Cette réflexion comprendra ainsi d’une part des éléments méthodologiques : comment fait-on du postcolonial ? Que revêt concrètement ce questionnement sur un objet précis ? D’autre part elle proposera des éléments de bilan bibliographique sur l’émergence d’un questionnement postcolonial dans un domaine précis.

- Michel CAHEN (CNRS, LAM, Bordeaux) : Un postcolonial à la portugaise ?

En raison de la Révolution des Œillets en 1974-75, les études postcoloniales ont pénétré au Portugal de manière moins tardive qu’en France, en littérature surtout, mais aussi dans les sciences sociales. On étudiera en particulier le cas du Centro de estudos sociais de l’université de Coimbra, dirigé par Boaventura de Sousa Santos. Celui-ci attira l’attention des chercheurs portugais sur la nécessité qu’il y avait de ne pas simplement copier ce qui se faisait dans le monde anglo-saxon, mais de développer une approche proprement portugaise dans la mesure où le Portugal était un pays "semi-périphérique", que son impérialisme colonial n’avait donc été que "subsidiaire" (au service de l’Angleterre) et que, enfin, la durée de l’empire portugais créait une situation spécifique. Or ces thèses sont presque parfaitement celles des mythes impériaux de la culture nationale portugaise. Il s’agit donc d’étudier le lien entre le postcolonial et les... traditions coloniales dans le pays.

- Maria-Benedita BASTO (Université de Paris Sorbonne/CRIMIC-IMAF) : Penser le politique dans les théories postcoloniales.

En quoi la question postcoloniale renvoie-t-elle à une problématique politique ? Et en quoi consisterait cette question politique ? Cette question on pourrait la nommer égalité et la décliner sous différents aspects : elle nous oblige à penser les pratiques quotidiennes des savoirs et des pouvoirs et par là à nous confronter avec les limites et les atouts des théories postcoloniales. À partir d’Amílcar Cabral, Frantz Fanon, Ann Laura Stoler, Edward W. Said et Jacques Rancière on essaiera de réfléchir sur des pratiques qui nous renvoient à la gestion des mémoires, des identités, de la résistance, du commun.

Discutante : Céline SPECTOR

Mardi 8 avril 2014

9h00-12h15, amphithéâtre Fabre Domination et sortie de domination

- Nicolas RICHARD (CNRS, CERHIO, Rennes) : Le problème des noms en situation coloniale : Chaco, 1930-70, Paraguay.

La conquête et colonisation du Chaco boréal suite à la guerre du Chaco (1932-35) et la mise en réduction de ses populations indiennes se traduisit par un basculement général du "problème des noms". Ainsi, entre 1940 et 1960 approximativement, l’ensemble des individus indiens de la région va être rebaptisé selon différentes logiques (qui apposent ou pas un patronyme indien, qui fragmente -trente patronyme pour une communauté- ou au contraire regroupe -sept patronyme pour une ethnie...) en organisant différents régimes de visibilité et d’invisibilité sociale, d’anonymats et d’homonymies, de filiation et d’inscription sociale. Nous étudierons trois cas de figure en essayant de poser, de façon plus générale, la question des noms propres dans des contextes coloniaux.

- Eric SORIANO (Université Paul Valéry, CERCE, Montpellier 3 et CRESPPA, Paris 8) : Calédonie : les conditions d’une révolte indigène.

Cette intervention propose de revenir sur les conditions d’un sentiment de révolte contre l’emprise coloniale en Nouvelle-Calédonie. Elle tente d’articuler des données biographiques et sociologiques pour comprendre les raisons pour lesquelles on se révolte (ou pas) contre l’État colonial et pose ainsi quelques jalons pour saisir les logiques du passage entre domination coloniale et postcoloniale.

- Thomas BLASER, (University of Witwatesrand) : L’Afrique du Sud postcoloniale : continuités et discontinuités de l’oppression raciale.

Pour expliquer l’Afrique du Sud d’aujourd’hui, un pays qui a rompu avec son « colonialisme interne » il y a à peine vingt ans, nous proposons de suivre deux axes d’analyse. D’abord, au niveau théorique, nous identifierons les critiques principales du concept du postcolonialisme et, plus spécifiquement, leurs applications en Afrique du Sud. Ensuite, prenant l’Afrique du Sud comme étude de cas pour une grille d’analyse postcoloniale, nous analyserons les événements et les faits sociaux suivants : les attaques xénophobes de 2008, la pratique du pouvoir du régime de Jacob Zuma, l’exploitation des mineurs noirs et leur révolte à Marikana en 2013 et, finalement, la scission de l’ANCYL, l’expulsion de son ancien chef Julius Malema et la fondation de son nouveau parti, les Economic Freedom Fighters (EFF). En fin de compte, l’approche postcoloniale gagne en importance au regard des relations entre blancs et noirs qui tardent à évoluer.

- Christine CHIVALLON (CNRS, LAM, Bordeaux) : La créolisation : les enjeux d’un concept issu de la colonisation.

La créolisation est un concept issu de l’expérience esclavagiste du Nouveau Monde. Il se rapporte aux phénomènes de métissage des cultures dans le contexte du choc de la rencontre entre les univers européens, amérindiens et africains. Le concept a connu une migration intéressante puisqu’il a été repris comme notion paradigmatique pour décrire tout dynamisme culturel à l’œuvre dans les formations sociales. À partir de quelques écrits majeurs, cette communication reviendra sur les différentes "régions sémantiques" épousées par le terme de créolisation. Elle interrogera la portée politique du concept à travers ces différents usages, soit que celui-ci serve d’outil critique à la domination coloniale tout en louant les vertus d’une identité globalisée, soit qu’il soit perçu comme un obstacle à la reconnaissance d’identités ante-coloniales parvenues malgré tout à être reconduites par-delà de la violence esclavagiste.

Discutante : Lætitia BUCAILLE (Université de Bordeaux, CED)

14h-17h, salle 35 Revendications identitaires, le modèle républicain et révolutionnaire sous tension

- Blandine DESTREMEAU (LISE, CNRS et CNAM) : Cuba : Tensions entre universalisme, égalitarisme, différences et inégalités.

Cuba est une société coloniale, esclavagiste et terre de migrations, dont le projet révolutionnaire est un projet anti et post colonial en soi, fondé sur l’égalitarisme et qui s’est donné les moyens d’y parvenir par un certain nombre de politiques publiques. Dans la conjoncture de crise et de réformes qui prévaut depuis plus de deux décennies réapparaissent (ie sont rendus visibles, et se posent comme problèmes publics) des inégalités diverses, que certaines analyses considèrent partiellement fondées sur la race (ou la couleur de peau), ou qui sont formulées comme telles, et qui ont des inférences en termes de genre. Parallèlement, des discours identitaires (formulés en termes de « afrodescendants ») se développent. Les politiques de réformes affichent désormais une mise en valeur des différences, dans un cadre préservé d’universalisme. Nous nous proposons d’examiner la tension entre universalisme égalitariste et aménagement des différences, et l’euphémisation des questions de race et de genre.

- Jean-Michel LUCAS (consultant en dé-formation culturelle, ancien DRAC) : L’épreuve culturelle de la neutralité républicaine.

A partir du travail mené avec la fédération de Bretagne des MJC, nous voudrions montrer comment l’approche de tradition républicaine de la neutralité est incompatible avec une politique de reconnaissance des "personnes" et se réduit à la fourniture de services aux "habitants" et à la participation des "citoyens" . La France a ainsi renoncé à intégrer la diversité des identités culturelles des personnes dans les délibérations sur la vie commune. Sa signature des accords Unesco sur la diversité culturelle a perdu toute valeur en référence au développement des droits humains fondamentaux.

- Eric SAVARESE (Université de Nice, ERMES) : Rencontre postcoloniale et mise en tension du modèle Républicain de citoyenneté.

L’indépendance de l’Algérie a profondément modifié la société française, avec la mobilisation politique de nouveaux groupes d’individus qui constituent la chair du legs colonial : pieds -noirs, harkis, rapatriés. En effet, c’est dans le cadre de la rencontre entre des entrepreneurs de cause qui tentent d’homogénéiser ces groupes, et des élus à la recherche de soutiens électoraux, que s’opère une transformation de la vie politique, locale et nationale, mais également des politiques publiques - spécialement mémorielles. La rencontre postcoloniale met en tension le modèle républicain, individualiste et universaliste de citoyenneté, en créant les conditions d’un traitement particularisé des groupes d’individus dont l’existence est le produit de l’indépendance algérienne.

Discutante : Agnès VILLECHAISE (Université de Bordeaux, CED)

Contact : departement.sociologie chez u-bordeaux2.fr
05 57 57 18 52


Page créée le mardi 1er avril 2014, par Dominique Taurisson-Mouret.


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