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Colloque
9-10 décembre 2020
Atelier organisé par DRM-Université PSL-Paris dauphine
Comité d’organisation :
Hèla Yousfi, Maître de conférences, Université Paris-dauphine (hela.yousfi chez dauphine.psl.eu)
Oussama Ouriemmi, Associate Professor, ISG, Paris (oussama.ouriemmi chez isg.fr)
Pierre Labardin, Maître de conférences, Université Paris-dauphine (pierre.labardin chez dauphine.psl.eu)
L’histoire coloniale tout autant que l’histoire de l’esclavage ont été longtemps absentes de l’histoire du Management et des organisations, cette absence a été largement contestée : d’abord par de nombreux historiens qui ont montré que les anciennes colonies et/ou les plantations étaient parmi les premiers sites de l’émergence du capitalisme industriel et l’organisation industrielle qui vont de pair avec une sophistication croissante des méthodes de gestion (cf. Marseille, 1984 ; Coquery, 2001 dans le cas de l’empire français ou Tyson & al., 2004, Fleischmann & al., 2011). Les approches postcoloniales en gestion qui se sont développées fin des années 90, tout en critiquant l’ethnocentrisme de la littérature managériale occidentale, ont mis l’accent sur les empreintes de la colonisation aussi bien sur la production intellectuelle et les pratiques de gestion dans les pays du Nord que dans les coopérations Nord/Sud (Prasad, 2003, 2012 ; Westwood, 2006). Cependant, force est de constater que les travaux en management abordent rarement, ou seulement de façon périphérique, la question des relations entre le développement de l’entreprise au XIXe et au XXe siècle et l’expansion des empires coloniaux (Cornelius & al., 2019 ; Mollan, 2019). De même, les effets de cette histoire sur l’émergence et l’évolution des entreprises dans les pays du Sud (ex-colonies) sont rarement évoqués.
La colonisation remonte à la conquête de l’Amérique et la ruée vers l’or, au XVIe siècle et les nouvelles terres colonisées deviennent un nouvel espace qui permet d’envisager de nouvelles relations commerciales profitables (Daudin 2004 ; McWatters, 2008). Néanmoins, c’est dans la deuxième moitié du XIXe siècle que les différences puissances coloniales, alors en plein essor industriel, se sont partagées le reste du monde. Des nouvelles richesses en sont extraites comme dans le cas des bagnes coloniaux (Fabre et Labardin, 2019). Cette histoire coloniale a un double impact : d’abord, elle permet de développer et d’améliorer l’exercice de l’activité de l’entreprise. A titre d’illustration, la construction de la figure de l’ouvrier docile s’est largement inspirée de la figure de l’esclave et/ou du colonisé (Ajari, 2016). Le « travail forcé » – tâches de construction, transport de marchandises, entretien des routes – qui est imposé aux « indigènes/autochtones » des colonies a nourri considérablement la réflexion autour de l’organisation « optimale » de l’entreprise (Cooke, 2003). Un autre exemple est celui de l’influence de l’entreprise coloniale sur les pratiques managériales et les méthodes de gestion qui se sont sophistiquées au contact des injonctions de rentabilité dans les anciennes colonies (Fernández-de-Pinedo, Castro & Pretel, 2008 ; Alawattage & Wickramasinghe, 2009 ; Verma, 2015 ; Verma & Abdelrehim, 2017). Deuxièmement, et au-delà des différences constatées entre les différentes puissances coloniales, de cette histoire coloniale émergent des trajectoires économiques particulières dans les pays du Sud (ex-colonies) marquées par la superposition de deux structures : une structure de type capitaliste qui prévaut dans le secteur industriel maîtrisé par les colons d’un côté et une structure caractérisée par des rapports de production traditionnels qui prévalent classiquement dans le monde de la paysannerie et l’artisanat d’un autre côté. Ainsi, des rapports sociaux de type capitaliste fondés sur le salariat se sont entremêlés avec des rapports sociaux précapitalistes régulés par l’appartenance communautaire. Cette histoire donne naissance à des modèles de management et des prolétariats bien diversifiés (Yousfi, 2014 ; Frenkel & Shenav, 2003 ; Alcadipani & al., 2012 ; Annisette, 1999).
La manière dont l’histoire coloniale interroge l’histoire du management dans les pays du Nord comme ceux du Sud, telle est la question centrale à laquelle ce workshop souhaite apporter quelques éléments de réponse.
Inscription obligatoire
Programme :
Mercredi, 9 décembre 2020
14h Mot de bienvenue par Hèla Yousfi, Oussama Ouriemmi et Pierre Labardin
14h :15 -16h :00 Conférenciers invités :
Bill Cooke, Management and Organization Studies as White Imperial Historiography
Yannick Lemarchand, La rationalisation de la traite négrière, l’exemple français
16h :15-17h :45 Session 1 ; Thème : Can Business history highlight the neo-liberal governementality in Global South ? Modératrice : Hèla Yousfi
Présentation 1 : “Decolonizing the Historiography of Unilever within Anglo-American Business History”, Alex Faria, Jaeder Cunha
Discutant : Charles Bienvenu Djonk
Présentation 2 :"Accounting and the impossible prisoner French Guiana overseas penal colonies in the liberal governmentality (1859-1873)", Pierre Labardin et Antoine Fabre
Discutante : Wafa Khlif
18h- 19h30 : Session 2 Thème : Des entreprises témoins de l’histoire du management au Sud Modérateur : Oussama Ouriemmi
Présentation 1 : Un management du Sud ? La Guadeloupe, une île-entreprise des années 1930 aux années 1960, Marie-Christine Touchelay
Discutant : Yves Livian
Présentation 2 : La puissance coloniale française et la multinationale Total (ex CFP) au Cameroun, Jules Kouosseu, Charles Bienvenu Djonk
Discutante : Marie-Christine Touchelay
Jeudi, 10 décembre 2020
9h.30-11 :00 Session 3 Thème : Histoire du management au Sud et au Nord : un continuum colonial ? Modérateur : Oussama Ouriemmi
Présentation 1 : L’influence de la colonisation française sur les modes de gestion en Algérie, Yasmina Benabderrahmane
Discutant : Ferruccio Ricciardi
Présentation 2 : Histoire du processus d’une exploitation coloniale des ouvriers spécialisés dans l’automobile française : le cas de la Régie publique Renault et du constructeur privé PSA, Jean Christophe Scilien
Discutant : Pierre Labardin
11h :15-12h : 45 Session 4 Thème : La fabrique de la figure de l’ouvrier docile : Ce que nous apprend le Sud Modératrice : Hèla Yousfi
Présentation 1 : Travail et consentement en « situation coloniale » : le cas de la Compagnie française du haut Congo (années 1900-1940), Ferruccio Ricciardi
Discutant : Jean Chrisophe Scilien
Présentation 2 : Héritage postcolonial et néolibéralisme, la résolution des conflits au travail au Burkina Faso, Maïmouna Ouampaguié Akowoura et Yves Livian
Discutante : Cynthia Srnec
14h.00-15h :30 Session 5 Thème : Quand l’histoire du management au Sud éclaire les défis d’un management alternatif Modérateur : Pierre Labardin
Présentation 1 Worker’s recovered companies and alternative management in the XXI century in Argentina. Shadows of the colonial heritage and post-colonial imperialist economic history, Cynthia Srnec
Discutant : Alex Faria
Présentation 2, Multiplicity of corporate governance code in Nigeria, the past explains the present, Igwe Monday, Nweke Wafa Khlif, Sami El Omari
Discutant : Antoine Fabre
16.00-17:00 Conclusion et perspectives de collaboration futures
Page créée le vendredi 11 décembre 2020, par Dominique Taurisson-Mouret.