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Colloque
Du 3 au 7 octobre 2022
« La nature est une invention des temps modernes. […] À l’origine l’homme ne se distingue pas de la nature ; il est partie d’un univers sans fissure où l’ordre des choses continue celui de son esprit : le même souffle animait les individus, les sociétés, les rocs et les fontaines.[1] »
Cuisant tribut de la révolution industrielle et du développement étourdissant de la technique[2], la menace climatique alarme aujourd’hui la plus grande parcelle de l’humanité, réveillée du sommeil coupable de son indifférence triplement séculaire. Trop contents d’avoir découvert l’individu dans chaque homme, la Renaissance et les Lumières ont consacré leur triomphe contre les déterminants de la Nature, désormais « aménagée » au prétexte d’être ménagée, mais exploitée sans ménage pour les besoins impérieux et impériaux de quelques habitants de ce « petit tas de boue[3] » qu’ils ont baptisé « Terre ». Pendant plusieurs siècles, science et progrès ont constitué les deux bords d’une lame qui tranchait sans réplique les équilibres écologiques, en même temps qu’elle nourrissait l’humanité en matière et en esprit.
Les défis de la subsistance n’ont pas disparu, mais s’accompagnent désormais d’un nouveau péril pour le genre humain, déclenché par l’outil même qui devait l’en libérer. L’auguste corps des gens de science, hier éparpillé dans les armées du dérèglement climatique, scandent aujourd’hui des remontrances à l’unisson. Cette unité soudaine est inédite. Mais les pays pauvres, frappés plus durement que tous les autres, n’osent parfois se passer des instruments maudits de leur renaissance tant espérée ; les pays riches eux-mêmes, mécontents de céder leur rang, font souvent mille difficultés pour y renoncer. Le monde contemporain, inquiet pour sa propre survie, prête plus que jamais une oreille attentive à ceux qui prophétisent son trépas[4], comme à ceux qui imaginent son salut dans les échos instructifs de l’histoire[5] ou dans les ressources messianiques du progrès technique[6], en dépit des conclusions déjà cinquantenaires du club de Rome[7].
Dans tous les domaines de la connaissance, les sciences humaines et sociales actualisent la conversation multimillénaire entre la Nature et le genre humain. Par l’outil comparatif, elles confrontent des époques, des expériences, des géographies, des populations, des pensées et des gouvernements. Les propositions de communication devront illustrer l’intérêt du comparatisme pour comprendre les rapports complexes et ambigus entre l’être humain et son environnement. Les approches multidisciplinaires et originales seront particulièrement appréciées.
Le comité organisateur accueillera toute proposition s’intéressant – de manière non exhaustive – aux axes suivants :
L’opposition et/ou le mariage entre Nature et Culture.
Les normes et politiques publiques environnementales
Naturalisme, jusnaturalisme et hygiénisme
Les pensées écologistes et/ou anti-industriels.
L’histoire des rapports entre l’humain et son environnement
Autochtonie et rapport au territoire
La littérature, particulièrement de fiction, consacrée à l’enjeu climatique
Le dialogue sciences naturelles/sciences sociales.
Modalités de contribution
L’appel est ouvert exclusivement aux « jeunes chercheurs », compris comme étudiants, doctorants et chercheurs postdoctoraux de toutes les disciplines des sciences humaines.
Les propositions doivent être transmises à l’adresse suivante : ctjc2 chez gmail.com
avant le 31 juillet 2022.
La proposition doit comporter un titre et un résumé (2500 signes) consistant en la présentation générale du sujet, l’énoncé des questions de recherche et hypothèses, la méthode employée.
La proposition doit s’inscrire dans le cadre d’une démarche comparatiste en justifiant les cas sélectionnés et le choix de la démarche.
La proposition doit comporter quelques mots-clefs ainsi que cinq références centrales en lien avec l’objet traité.
La proposition doit être accompagnée de votre nom complet, de la ou les disciplines dans laquelle/lesquelles vous êtes inscrit ou diplômé, du nom de l’Université d’accueil et du laboratoire de rattachement, le cas échéant.
Les propositions acceptées seront réputées retenues en vue du numéro thématique des Cahiers Tocqueville des Jeunes Chercheurs qui fera suite au webinaire, et donneront lieu à des articles soumis à la révision.
Conseil scientifique
M. Thibaut DAUPHIN,
M. Jeremy ELMERICH,
Mme Andrada CRETANU,
M. Julien DORIS,
M. Hugo HOUBART,
M. Hugo BEUVANT,
Mme Camille DELPECH,
M. Jérémy FILET,
M. Camille ROELENS
Mme Joëlle LÉGERET.
Informations pratiques
Le Webinaire se tiendra du 03 au 07 octobre 2022 de 15h30 à 17h30 (Heure de Paris- Bruxelles-Berne) soit de 9h30 à 11h30 (Heure de Montréal-Ottawa). Chaque jour se tiendra un panel de trois à quatre personnes.
En cas d’indisponibilité au cours de la période concernée, merci de nous en informer à l’adresse susmentionnée afin que l’équipe d’organisation puisse procéder aux ajustements nécessaires.
Notes
[1] Bernard Charbonneau, Le Jardin de Babylone, Paris, Gallimard, 1969, réédition de l’Encyclopédie des Nuisances [2002], p. 17.
[2] Jacques Ellul, La Technique ou l’Enjeu du siècle, Paris, Armand Collin, 1954, 402 p.
[3] Voltaire, Micromégas [1738], chapitre 1.
[4] Isabelle Attard, Carolyn Baker, Nicolas Casaux, Yves Cochet, Nicolas Hulot, Derrick Jensen, Jean Jouzel, Arthur Keller, Vincent Mignerot et Pablo Servigne, L’Effondrement de l’empire humain, Regards croisés, Paris, Rue de l’échiquier, 2020, 228 p.
[5] Jared Diamonds, Effondrement [2004], Paris, Gallimard, 2009, 880 p.
[6] Keith R. Skene, Artificial Intelligence and The Environmental Crisis. Can Technology Really Save the World ?, Abingdon, Routledge, 2020, 276 p.
[7] Les limites à la croissance (dans un monde fini), Rapport du Club de Rome, Chelsea Green Publishing, 1972.
Page créée le lundi 16 mai 2022, par Webmestre.