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Dimanche 29 août 2021
Version électronique sur Cairn
« L’objectif de ce dossier, qui se poursuivra dans le prochain numéro de la RHMC, n’est pas de se situer dans [le débat qui fait actuellement rage en France, à la lisière des champs politique et académique, sur la pertinence de l’usage de la catégorie de race dans l’analyse sociale et politique] mais de plaider pour une réelle approche historique qui interroge certaines évidences à partir desquelles fonctionnent souvent ces prises de position. L’un des intérêts de l’analyse historique consiste à décentrer les termes mêmes de la controverse, au premier rang desquels la catégorie de race. De ce point de vue, l’importance de revenir sur l’époque moderne est double. D’abord, c’est à ce moment que se met en place le vocabulaire de la race, la notion elle-même s’imposant dans tout un ensemble de champs et d’aires culturelles au cours de cette période ; ensuite, certains auteurs, nous y reviendrons, voient dans le début de la période moderne (les XVe-XVIe siècles) un moment fondateur dans l’émergence du racisme contemporain et la mise en place de systèmes de discriminations fondées sur la catégorie sociale de race . Il nous semblait donc essentiel de revenir sur ces questions de manière approfondie. Les éditeurs de ce numéro ont été guidés de ce point de vue par un double souhait. D’une part, réunir un ensemble de travaux historiques, issus d’aires (ibériques, anglophones et francophones) et de champs (noblesse, religion, espaces coloniaux, etc.) variés sur la manière dont la notion de race a été (ou non) mobilisée entre le XVe et le début du XIXe siècle ; d’autre part, plaider pour la nécessité d’une analyse attentive à la pluralité et à la complexité des usages sociaux de la race dans le monde moderne. Il s’agit d’en appeler à des études qui prêtent attention à la manière dont la catégorie de race a été effectivement utilisée par les acteurs étudiés, aux contextes sociaux de ses usages, aux grammaires plurielles dans lesquelles elle s’insère, en se gardant de confondre immédiatement la race avec une série d’autres catégories (la couleur, le sang, les différences corporelles naturalisées), en se gardant aussi de postuler son lien avec des rapports sociaux donnés (l’esclavage, l’exclusion, la hiérarchie et la domination). En examinant la variété des domaines dans lesquels elle est convoquée, ses contextes et les acteurs sociaux qui la mobilisent, il s’agit de redonner à cette catégorie qu’on prétend ériger en grille d’analyse sociale générale la contingence et l’équivocité de son histoire effective. Même si le souci d’intégrer des approches diverses sur la race à l’époque moderne fait que tous les contributeurs du numéro ne respectent pas nécessairement ce principe, nous souhaitons commencer par marquer ces orientations méthodologiques et pourquoi elles nous semblent nécessaires. »
Vendredi 18 février 2022
La version électronique est disponible sur Cairn.info
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