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Appel
Date limite de soumission : mardi 15 juillet 2025
Cette journée d’études propose une approche comparative et interdisciplinaire. L’objectif est d’examiner les modalités de ces circulations, d’identifier les acteurs et les réseaux qui les rendent possibles, et d’analyser les dynamiques d’appropriation et de contestation dans un cadre transatlantique. À travers l’étude des réseaux intellectuels, des transferts culturels, des espaces de négociation des savoirs — qu’ils soient politiques, scientifiques, urbains, artistiques ou sociaux — cette rencontre vise à mieux comprendre comment ces échanges ont structuré les débats du XIXᵉ siècle et continuent d’influencer la réflexion historiographique et culturelle actuelle.
Au XIXe siècle, les circulations culturelles et les réseaux intellectuels entre l’Amérique latine et l’Europe s’inscrivent dans un cadre d’échanges dynamiques, marqués par des transferts de savoirs, d’idées politiques, d’innovations scientifiques, urbaines, et de représentations culturelles. Loin de se limiter à une diffusion unilatérale des modèles européens vers l’Amérique latine, ces interactions sont le fruit de processus d’appropriation, d’hybridation et de reformulation qui façonnent les débats intellectuels des deux rives de l’Atlantique. Ces échanges culturels transatlantiques ne sauraient être réduits à une influence unidirectionnelle, ils relèvent plutôt d’une dynamique d’appropriations mutuelles, de réinterprétations et de confrontations productives (Compagnon, 2013).
Ces circulations émergent dans un contexte de profondes transformations sociales, urbaines et intellectuelles. L’Amérique latine, en quête de consolidation après les indépendances, interroge et adapte des modèles européens dans les domaines politique, éducatif, institutionnel, mais aussi scientifique et urbain, tout en affirmant des identités culturelles propres. De son côté, l’Europe découvre en Amérique latine un terrain d’expérimentation politique et sociale, mais aussi une source d’inspiration littéraire, artistique et intellectuelle. Cette relation transatlantique, loin d’être périphérique, nourrit les débats sur la modernité, la tradition, la créativité intellectuelle et la construction nationale. L’approche développée par François-Xavier Guerra dans Modernidad e independencias éclaire ces dynamiques, en insistant sur la spécificité des révolutions hispano-américaines comme des processus originaux de transition vers la modernité, et non comme de simples copies des révolutions européennes (Guerra, 1992).
Les échanges entre ces espaces se manifestent dans divers domaines. Politiquement, les constitutions et institutions des nouvelles républiques s’inspirent des modèles européens tout en intégrant des réflexions propres sur la souveraineté et l’État. En littérature et en arts, les contacts avec l’Europe favorisent la formation des créateurs latino-américains, tandis que l’Amérique latine devient, en retour, une source d’inspiration pour de nombreux artistes européens. La presse et les associations intellectuelles jouent un rôle clé dans la circulation de ces idées et dans la structuration d’un espace public transatlantique qui contribue aux débats sur la modernité et la tradition.
Cependant, ces circulations ne sont pas exemptes de tensions et de résistances. Si certains modèles sont adoptés, d’autres sont contestés ou détournés en fonction des réalités locales et des enjeux politiques et culturels spécifiques à chaque région. Ces circulations, loin de suivre un axe vertical ou unilatéral, mettent en jeu une réciprocité complexe où l’Europe elle-même devient espace de réception, de reformulation et même de réinterprétation des expériences coloniales (Schaub, 2013). Ces résistances témoignent des rapports de force et des stratégies d’appropriation qui caractérisent ces transferts culturels, mais aussi de la capacité des sociétés latino-américaines à produire des discours autonomes et critiques sur la modernité et l’identité. À ce titre, la place des femmes dans les réseaux intellectuels transatlantiques mérite une attention particulière. Souvent oubliées ou invisibilisées, elles furent pourtant actrices de ces échanges, que ce soit à travers les cercles de sociabilité, les publications, les correspondances ou les pratiques artistiques et éducatives. Leur contribution engage une relecture critique de la manière dont les savoirs et les idées circulent, se réécrivent et s’inscrivent dans des rapports de genre.
Axes thématiques proposés
Transferts politiques et institutionnels : réceptions, adaptations et critiques des modèles européens dans les jeunes républiques latino-américaines.
Circulations littéraires et artistiques : influences croisées, appropriations culturelles, figures intermédiaires.
Réseaux intellectuels et presse : journaux, correspondances, cercles savants et sociabilités transatlantiques.
Appropriations et résistances des modèles importés : prise de distance, de réinvention ou de contestation.
Genre et savoirs : rôle des femmes dans les réseaux de savoir, productions culturelles et éducation transatlantique.
Ville, science et modernité : dynamiques urbaines, pratiques scientifiques, débats sur la modernité et la tradition.
la modernité et la tradition.
Modalités de soumission
Les propositions de communication avec titre, résumé d’entre 300 et 500 mots, 3 à 5 mots-clés, accompagnés d’une brève biographie académique) sont à envoyer au Comité organisateur aux adresses suivantes avant le 15 juillet 2025
Sara De Unamuno y Espuela (Université PSL - EHESS) : unamunosara chez gmail.com
Sebastián Ramírez Elizalde (Université Paris 8) : juserael chez gmail.com
Jessica Torres Quiroga (Université Paris 8) : jessica-torres chez hotmail.fr
Langues acceptées : français, espagnol.
Durée des communications : 20 minutes, suivies de discussions collectives.
La sélection fera l’objet d’une réponse à la fin du mois de juillet 2025, après évaluation des propositions.
Un format hybride est prévu, afin de permettre la participation à distance des intervenant·e·s résidant à l’étranger.
Comité organisateur
Sara De Unamuno y Espuela (Université PSL - EHESS)
Sebastián Ramírez Elizalde (Université Paris 8)
Jessica Torres Quiroga (Université Paris 8)
Références
Altamirano, C., & Myers, J. (Coords.). (2008). Historia de los intelectuales en América Latina. Katz Editores.
Références
Compagnon, O. (2013). L’Euro-Amérique en question. Penser les échanges culturels entre l’Europe et l’Amérique latine. Dans A. Lempérière (Éd.), Penser l’histoire de l’Amérique latine (pp. XX-XX). Éditions de la Sorbonne.
Guerra, F. X. (1992). Modernidad e independencias : Ensayos sobre las revoluciones hispánicas. Editorial Mapfre.
Lempérière, A. (Coord.). (1998). L’Amérique latine et les modèles européens. L’Harmattan.
Rama, A. (1984). La ciudad letrada. Ediciones del Norte.
Romero, J. L. (2020). L’Amérique latine : Les villes et les idées, (1re éd.). Les Belles Lettres.
Schaub, J.-F. (2013). La politisation en Europe comme expérience coloniale. Dans A. Lempérière (Éd.), Penser l’histoire de l’Amérique latine (pp. 261–275). Éditions de la Sorbonne.
Sinardet, E. (2010). Construction nationale en Amérique latine et histoire des femmes (1860–1930). Cahiers des Amériques latines, (63), 11–29. https://doi.org/10.4000/cal.1792
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