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Appel
Date limite de soumission : jeudi 1er avril 2021
Le désastre environnemental global invite à relire l’histoire des démarcations disciplinaires et à analyser les recompositions qui sont en cours au sein de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Comme le souligne l’Atlas de l’Anthropocène (Presses de Sciences Po, 2019), un tel contexte rend les sciences naturelles et les sciences sociales « indissociables, parce qu’il marque la collision de l’histoire de la planète avec celle de l’humanité qui l’occupe ». Les Cahiers de Framespa, pour leur numéro 2022/1, proposent de se demander si les bouleversements environnementaux en cours font sauter les verrous disciplinaires et, lorsque c’est le cas, de quelle manière sont réinventés les sujets, revus les objectifs voire redéfinies les méthodes des sciences. La prise de conscience de la catastrophe et le besoin de donner du sens et d’agir engendrent en effet depuis quelques années doutes, contestations, explorations ou réinventions, au sein du monde scientifique. Ces questionnements peuvent par exemple concerner :
La nécessité de comprendre les socio-éco-systèmes dans leur complexité, qui remet en cause la distinction traditionnelle nature/culture et celle entre sciences naturelles et sciences sociales. Quels types d’échanges disciplinaires pour comprendre les trajectoires de nos sociétés ? Ces échanges conduisent-ils à une naturalisation ou à une modélisation des phénomènes sociaux ? Dans quels cadres se font-ils ? Peut-on remarquer ou justifier une hiérarchisation des savoirs (dans le champ académique, dans le champ politique…) face aux ravages écologiques ?
Le questionnement sur l’utilité de savoir face aux nécessités du présent. Alors que l’alerte écologique est ancienne et de longue date étayée, ne faut-il pas privilégier l’action ? N’est-ce pas déserter « vers le domaine de l’irresponsabilité » face à l’urgence que de continuer, « en universitaires, à peaufiner [nos] contributions à l’étude de tel ou tel sujet, compte tenu de tel ou tel aspect particulier » ? (Günther Anders, dans un autre contexte). Comprendre et connaître, pourquoi faire ? Est-ce-que savoir et mesurer de plus en plus précisément permet de mieux agir ? Ces questions ne sont sans doute pas nouvelles et pourraient recevoir des éclairages passés et actuels.
L’interrogation sur les conditions de production et l’usage des savoirs : quelle responsabilité des sciences (naturelles comme sociales) et des techniques dans les ravages en cours ? Quels cadrages politiques passés et présents ont pu contribuer à les orienter vers une exploitation accrue de l’environnement, vers des applications renforçant l’extractivisme, l’industrialisme, le consumérisme... ? Quelles sont et quelles ont été les relations des sciences avec la sphère productive en général et avec le secteur privé en particulier ? Quels rôles et quelles visées ont pu se donner les scientifiques face à de tels enjeux et en quoi les exemples d’hier contribuent-ils aux réflexions actuelles ?
La place de l’histoire dans les recompositions en cours. Qu’apporte l’approche historienne dans des recherches en intersciences autour des enjeux écologiques et de political ecology ? Qu’est-ce que la fréquentation de chercheur.es formés dans des traditions scientifiques bien différentes fait, en retour, à ces historien.nes et à leur façon d’approcher le sujet ? Produire un récit historique, réviser l’histoire du « progrès », à partir de l’énergie ou du point du vue animal, est-ce encore faire de l’histoire ? Est-ce dépasser la séparation entre nature et culture, ou réintroduire de nouveaux déterminismes et risquer de nouvelles formes de téléologie ?
Cet appel s’adresse autant à des historien.ne.s qu’à tout.e scientifique qui s’interroge sur l’évolution historique de sa discipline, au prisme du désastre écologique en cours. Le dossier permettra ainsi d’entrevoir ce que les dynamiques transversales apportent intellectuellement et disent du milieu de l’ESR face à l’urgence actuelle et à l’impératif moral et politique d’y répondre. On sondera, en somme, les conditions d’émergence et d’élaboration d’un savoir qui soit transformateur, qui éveille l’imagination et rende le monde intelligible tout en ouvrant la voie à de nouvelles manières de l’habiter.
Ce dossier assume un caractère exploratoire et donc l’ouverture à des formats d’articles inhabituels. Les croisements entre disciplines sont à privilégier. Les voies possibles d’écriture plurielle sont bienvenues, y compris des dialogues entre chercheur.es et des entretiens.
Modalités pratiques d’envoi et d’évaluation de propositions
La taille des contributions est d’environ 30 000 à 40 000 signes.
Propositions à adresser avant le 1er avril 2021 avec indication des auteurs, du titre prévisionnel et d’un résumé d’au moins une dizaine de lignes (la réponse de la revue sera donnée aux auteurs le 2 mai 2021).
Articles à remettre avant le 30 novembre 2021.
Les propositions seront reçues par les quatre personnes en charge du dossier, et sélectionnées par elles en fonction de l’adéquation par rapports aux axes proposés et à l’équilibre général du dossier.
Avant acceptation définitive, chaque article sera ensuite soumis à une évaluation scientifique en double aveugle :
•Évaluation 1, par un spécialiste du sujet traité dans l’article, appartenant à une université extérieure à celle de l’auteur.
•Évaluation 2 par un membre du Comité de lecture, qui donne son avis autant sur la rédaction, la présentation, que sur le contenu scientifique.
Les coordonnateurs et coordonnatrices du dossier transmettrons ensuite aux auteurs une synthèse des évaluations, accompagnée de leurs commentaires et recommandations.
Contacts de l’équipe de coordination du dossier
Laure Teulieres laure.teulieres chez univ-tlse2.fr
Jean-Michel Hupé jean-michel.hupe chez cnrs.fr
Steve Hagimont steve.hagimont chez uvsq.fr
Adeline Grand-Clément adeline.grand-clement chez univ-tlse2.fr
Page créée le mercredi 3 mars 2021, par Dominique Taurisson-Mouret.