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Après le post-colonial : décoloniser la géographie (Colloque 18-19/03/2010)

Le mouvement post-colonial a peu touché la tradition académique française. Discussions et mises au point n’ont pas manqué, confirmant, justifiant ou nuançant ce constat. Le même mouvement a peu touché la géographie, non seulement en France, mais aussi là où, justement, cette posture critique entraînait les disciplines littéraire, historique…comme en Inde par exemple. Des itinéraires différents ont guidé les géographies africaine (pas du tout décolonisée) ou latino-américaine (radicalisée ou néo-positivée), chinoise (réfugiée dans le physique)… Est-il possible de dresser un tableau de ces différentes perspectives ?

En nous appuyant sur l’état du débat français autour du mouvement post-colonial, nous ferons le point :
- sur l’état de la géographie en situation post-coloniale au sens chronologique du terme ;
- sur la place critique qu’a occupée la géographie culturelle, marginalisée au sein de la discipline institutionnelle et pourtant porteuse précoce des orientations qu’aurait pu suivre une géographie post-coloniale au sens épistémologique du terme (la position pré-post de G. Balandier pour l’anthropologie) ;
- sur les défis actuels comme ils s’imposent à la géographie après que le mouvement post-colonial a perdu de sa vigueur ou s’est trouvé entraîné dans le traitement plus large de la mondialisation ou du « développement durable » ;
- sur les raisons pour lesquelles le débat existe dans les champs disciplinaires voisins et non en géographie.

Si la géographie internationale n’a pas réellement connu l’épisode critique post-colonial, elle a, dit- on, opéré un « tournant culturel ». Mais la géographie française reste, quant à elle, largement dominée par l’analyse spatiale « théorique et quantitative » et par les doctrines d’aménagement et de développement territorial qui lui sont liées. Or, ces perspectives peinent à prendre en compte les réalités sociales lorsqu’elles s’expriment par des voies (voix) culturelles.

Le rapport d’altérité ne doit-il pas supporter d’autres appréciations que celles qui conduisent à un classement dans un ordre universel supposé mais discontinu ? Pourquoi les vieux fondements disciplinaires déterministes de l’articulation des terres et des mers ou de la distribution des climats sont-ils rejetés dans l’implicite, jusqu’au refoulement, alors que la manie du découpage en conserve l’esprit ?

Quel est l’effet d’une démarche spéculaire utilisant l’espace comme une surface d’enregistrement, métonymie de la société ? Pourquoi la demande expresse formulée par Henri Lefebvre n’a-t-elle pas reçu l’écho qu’elle méritait en tentant le passage de la « représentation de l’espace » à « l’espace des représentations » ?

Comment les outils de saisie et de représentation des sociétés à travers cartes et maintenant SIG neutralisent-ils la pensée sociale et historique critique ? Pourquoi Harley n’a-t-il pas connu de suites post-coloniales ? Pourquoi des anthropologues ou historiens et non des géographes assurent-ils ce détour critique ? Ces questions et problèmes ont bien sûr été abordés par des géographes minoritaires tout au long de l’histoire disciplinaire. Ils n’ont malgré tout pas entraîné un retour réflexif d’une ampleur équivalente à celui qui animait le champ des sciences humaines et sociales.

L’éclairage porté sur les raisons de cette « impasse » disciplinaire à la lumière des expériences voisines, permettra d’aborder mieux le contexte actuel « post-post » de la « repossession » du monde. Il permettra surtout de passer l’étape « post-coloniale » pour s’interroger sur ce qu’il est possible de faire maintenant pour traiter ce qui est facilement présenté sous la forme dichotomique de la mondialisation vs. les crispations identitaires, le mouvement vs. les ancrages, comme, il y a peu, le couple « réseau-territoire ». Comment décoloniser une géographie qui a échappé à la critique post-coloniale ?
Contributions

Conférenciers et grands témoins sont contactés, géographes et non-géographes, pour aider à caler les contributions originales des participants. Chacun des participants volontaires est invité à présenter brièvement :
- un exemple (homme, terrain, proposition théorique) que l’on pourrait considérer comme proche de ce qu’a été l’épistémologie post-coloniale (géographie critique, géographie par le bas…) ; ou des contre exemples (insensibilité à l’alerte post-coloniale ou déconstructrice de manière générale) ;
- un exemple de traitement contemporain d’une situation d’un double point de vue culturel et politique.

Il s’agit de tenter ensemble la définition d’une géographie post post-coloniale qui n’est pas passée explicitement par l’étape précédente. Une publication est prévue de ces témoignages et des réflexions qui s’ensuivront.

Organisation des journées

Jeudi 18 mars

Débat

10 heures-12 heures : Le post-colonial et le débat français ; la géographie.

Discussion libre en compagnie de grands témoins

14 h-16 h : Trois Conférences (3 x 30 mn) :

- La géographie en situation coloniale Dubois, Hardy, Gourou (O. Soubeyran, L. Gagnol),
- Une géographie radicale de la tropicalité et du sous-développement (M. Bruneau),
- Géographie post-coloniale ? (B. Collignon).

Témoignages (1) : pré-post

16 h 30-18 h 30 : La géographie « pré-post ».

Communications brèves

Vendredi 19 mars

Témoignages (2) : post-post

9 h 30-12 h 30 : La géographie « post-post ».

Débat programmatique (décoloniser la géographie par les sciences humaines et sociales)

14 h : Dialogue avec les autres disciplines touchées par le mouvement post-colonial.

Comment la géographie peut-elle rejoindre un mouvement dont elle a contourné certaines étapes ? Avec la présence de témoins issus d’autres traditions académiques d’Europe, d’Inde, d’Afrique et d’Amérique latine.

En février 2006, le laboratoire Ailleurs fut créé par D. Retaillé pour que soit abritée la lignée de géographie et d’écologie culturelles dont J. Gallais avait été l’initiateur (espace vécu). Un colloque inaugural avait été organisé autour des « formes de la distance » qui constituaient la thématique centrale du nouveau laboratoire. Ailleurs est devenue l’EA 2534 le 1er janvier 2008, pour 4 ans. A mi-parcours, c’est un autre aspect du questionnement d’Ailleurs qui est soumis à la communauté géographe. Pourquoi une approche critique prenant en compte l’écart séparant les espaces de représentation n’a-t-elle pas constitué un môle culturel « post-colonial » ? Comment ce fonds là est-il exploité aujourd’hui ? Quelle géographie critique contemporaine pouvons-nous produire ?

Comme dans les précédents séminaires, la discussion et le débat sont privilégiés. C’est pourquoi des communications brèves (5mn) mais qui peuvent être multiples au cours des deux journées sont souhaitées pour amorcer les échanges. L’objectif est de débattre de ce qu’il est possible d’engager dans la géographie contemporaine attentive à ces questions.

L’accès au colloque est libre mais pour en faciliter l’organisation nous vous prions de nous communiquer votre intention le 1er mars 2010 au plus tard.

Odette Louiset, directrice du laboratoire Ailleurs (EA 2534, Rouen)
odette.louiset chez univ-rouen.fr

Denis Retaillé, directeur adjoint du Laboratoire ADES (UMR 5185 Bordeaux)
d.retaille chez ades.cnrs.fr


Page créée le mercredi 3 février 2010, par Dominique Taurisson-Mouret.


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