Navigation

AccueilActualitésActualités

Appel à contribution : L’Afrique subsaharienne et les nouveaux christianismes | Économie morale des mutations du christianisme (Dossier 2015 d’Afrique contemporaine)

Appel à contribution (revue, ouvrage) : L’Afrique subsaharienne et les nouveaux christianismes | Économie morale des mutations du christianisme ; pour le dossier 2015 de la revue Afrique contemporaine < 28 septembre 2014

Appel à contribution : L’Afrique subsaharienne et les nouveaux christianismes

Un demi-siècle après les décolonisations, les Églises se sont recomposées, diversifiées, africanisées. Avec d’autres acteurs religieux en compétition, elles constituent une composante majeure des processus de changement social, culturel et politique qui affectent l’Afrique contemporaine, mais aussi les réseaux diasporiques implantés en Europe. Entre économie morale et économie matérielle, elles dessinent les contours d’une « Afrique indocile » où les nouveaux prédicateurs bousculent le champ politique, entre dynamiques prophétiques, mobilisation sociale et dérives sectaires.

La christianisation de l’Afrique subsaharienne est un phénomène multipolaire où le catholicisme a joué un rôle moteur entre le XVe et le XVIIIe siècle. Cette présence catholique a été concurrencée et complétée par l’essor des missions protestantes, dans le contexte des colonisations occidentales qui a vu la mise en place progressive de structures ecclésiales autochtones, mais encadrées par les grandes « Églises-mères ». Ce temps est loin aujourd’hui. L’époque est révolue où le christianisme africain semblait (à tort ou à raison) synonyme de colonisation. Les Églises africaines reçoivent moins de missionnaires qu’elles n’exportent de prophètes, prédicateurs et prêtres vers l’Europe.

Un demi-siècle après les décolonisations, les Églises se sont recomposées, diversifiées, africanisées. Avec d’autres acteurs religieux en compétition (islam, animisme), elles constituent une composante majeure des processus de changement social, culturel et politique qui affectent l’Afrique contemporaine, mais aussi les réseaux diasporiques implantés en Europe. Entre économie morale et économie matérielle[1], elles dessinent les contours d’une « Afrique indocile »[2] où les nouveaux prédicateurs bousculent le champ politique, entre dynamiques prophétiques, mobilisation sociale et dérives sectaires.

Ces recompositions ont pris plusieurs formes, dont le développement d’Églises afro-africaines, nées sur le continent sur la base de synthèses et expressions prophétiques endogènes (Tokoïstes, Kimbanguistes, Harristes...). Elles ont fait l’objet, ailleurs, d’études approfondies[3]. L’objet de ce dossier est plutôt de se focaliser sur les reconfigurations chrétiennes postcoloniales à l’intérieur du catholicisme et du protestantisme, en particulier dans les nouvelles formes d’expression et de socialisation charismatiques, pentecôtistes et évangéliques.

Le périmètre géographique est l’Afrique subsaharienne, avec une dominante francophone, mais sans exclure une ouverture vers les espaces anglophones. Les réseaux religieux ne s’arrêtent pas aux frontières linguistiques !

L’objectif de ce dossier est double. Il vise d’abord à balayer le spectre diversifié de ces recompositions du paysage chrétien francophone subsaharien contemporain, en privilégiant les nouveaux acteurs issus des terrains protestants et catholiques.

Sur la base de cet état des lieux, il importera d’évaluer les logiques d’impact de ces Églises « nouvelle vague », dans le contexte d’incertitude et d’urgence post-printemps arabe qui caractérise de nombreuses sociétés subsahariennes francophones, marquées par les effets déstabilisateurs de la chute du régime libyen[4]. Trois questions focaliseront en particulier l’analyse.

Un nouveau panafricanisme chrétien ?

L’Afrique subsaharienne francophone n’est plus un pays « missionné » par les chrétiens européens. Elle alimente désormais l’Europe en prêtres, pasteurs, prophètes et prophétesses, fidèles et chantres. Les "chrétiens africains en Europe" sont porteurs d’un nouveau messianisme, non sans inflexions panafricaines, qui se réfracte notamment dans les slogans des congrès "Afrique élève l’Europe" étudiés par Sandra Fancello[5]. Comment se régulent ces nouvelles constellations diasporiques africaines, quel rôle jouent-elles dans les re-négociations identitaires avec les anciennes nations colonisatrices, quels sont les registres de ce panafricanisme chrétien inédit, quel entrepreneuriat dans les médias (chaînes de télévision, internet...) ?

Entre « Églises Providences » et dérives sectaires

Cédric Mayrargues fait observer que dans la « diversité des trajectoires suivies par les États à partir du milieu des années 1990 (consolidation démocratique, restauration autoritaire, crise politique, conflit armé, etc.), un dénominateur commun réside dans la présence à peu près généralisée d’acteurs, d’institutions, de symboles, d’imaginaires religieux dans les espaces publics »[6]. Cette prégnance du religieux dans l’espace politique conventionnel n’est pas si nouvelle. Mais elle s’est redéfinie sur une base multipolaire, et souvent présentée comme une alternative aux structures étatiques existantes, jugées défaillantes : des « Églises Providences » en somme, agents économiques influents des sociétés civiles émergentes. Cette offre s’inscrit dans une dynamique entrepreuneuriale, entre foi et business, qui n’est pas exempte de dérivessectaires : pressions financières, surenchère au charisme, marché des miracles..., c’est parfois à une « prédation symbolique » qu’on assiste, au détriment des plus démunis.

Pluralisation ou « choc des civilisations » ?

Nourris par les dynamiques contemporaines de pluralisation, de globalisation et de politisation, les nouveaux acteurs chrétiens de la scène africaine s’inscrivent enfin dans un paysage de plus en plus compétitif. Terre de mission pour les zélotes évangéliques, l’Afrique subsaharienne francophone voit l’islam et le christianisme réinterroger leurs frontières séculaires à la lumière de nouveaux prosélytismes, entre cohabitation et confrontation. Les règlements de compte interconfessionnels en République centrafricaine, dans le contexte de l’opération Sangaris mise en place à partir du 5 décembre 2013, illustrent-ils le paradigme controversé avancé par Samuel Huntington, celui d’un « choc des civilisations » opposant grands blocs culturels et religieux ?

Sans oblitérer les logiques confrontationnelles et concurrentielles, on sera attentif à nuancer un tableau beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît : le facteur néo-religieux peut aussi jouer un rôle dans la résolution des conflits, le recyclage d’ancien chefs militaires... Par-delà les tensions, des transversalités travaillent également les espaces confessionnels (subjectivation, promotion du choix, etc.), et une vaste gamme d’options caractérise aujourd’hui le nouveau paysage religieux subsaharien francophone, sur le mode d’une pluralisation croissante où les nouveaux acteurs chrétiens interrogent les frontières des « laïcités africaines »[7].

[1]Cf. le numéro 231 d’Afrique Contemporaine (2009/3) consacré à « Économie morale et mutations de l’islam », dirigé par Jean-Louis Triaud et Léonardo Villalon.

[2]Achille Mbembe, Afriques indociles. Christianisme, pouvoir et État en société postcoloniale, Paris, Karthala, 1988.

[3]Voir par exemple « Christianismes du Sud à l’épreuve de l’Europe », Archives de Sciences Sociales des Religions, n°143, 2008/3.

[4]Cf. le dossier « Quelles retombées des printemps arabes sur l’Afrique subsaharienne ? », Afrique contemporaine (2013/1), n°245.

[5]Sandra Fancello & André Mary (dir.), Chrétiens africains en Europe, Prophétisme, pentecôtisme et politique des nations, Paris, Khartala, 2010.

[6]Cédric Mayrargue, « Pluralisation et compétition religieuses en Afrique subsaharienne », Revue internationale de politique comparée, Revue Internationale de Politique Comparée, 2009/1, vol. 16, p.83-84.

[7]Gilles Holder et Moussa Sow, L’Afrique des laïcités. État, religion et pouvoirs au sud du Sahara, IRD et éditions Tombouctou, 2014.

Modalités de soumission

Faire acte de candidature, en envoyant une courte note d’une page (problématique du texte ; rapide exposé du déroulé de l’argumentaire ; rapide exposé des données / terrains mobilisé(e)s).
au plus tard pour le 28 septembre 2014.

La soumission des appels à propositions se fait sur la plateforme Editorial Manager
http://www.editorialmanager.com/afr...

Contacts : sebastienfath chez sfr.fr et fortuiti chez afd.fr

Calendrier

Le calendrier de ce dossier, susceptible de modifications est le suivant :

- Envoi des propositions au plus tard le 28 septembre 2014
- Réponse de la rédaction d’Afrique contemporaine aux auteurs, au plus tard le 4 octobre 2014.
- Envoi d’une première version des articles pré-sélectionnés le 15 décembre 2014.
- Publication du numéro, 1er semestre 2015.

Les articles devront avoir un format de 35 000 signes espaces compris (notes de bas de page et bibliographie comprises) dans leur version destinée à la publication. Ils suivront la procédure d’évaluation scientifique auprès de deux référés anonymes et du comité de lecture d’Afrique contemporaine.

Coordination

Sébastien Fath, Groupe Sociétés, Religions, Laïcités (GSRL) UMR 8582-CNRS/EPHE


Page créée le lundi 15 septembre 2014, par Dominique Taurisson-Mouret.


Tout l’agenda

Dans la même rubrique

Dernières brèves