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Appel à contribution : Journées d’étude Charles-Robert Ageron (Alger, <15/05/2012)

Journées d’étude Charles-Robert Ageron. Charles-Robert Ageron, historien de l’Algérie contemporaine : héritages et perspectives

Centre d’études diocésain, 5 Chemin Slimane Hocine, Alger

Appel à contribution :

En 2011, le fonds des Glycines s’est enrichi du legs de la bibliothèque de Charles-Robert Ageron, historien de l’Algérie coloniale, décédé en septembre 2008. A la suite de cet événement, le Centre d’études diocésain, en partenariat avec l’Institut d’histoire du temps présent et le Centre d’histoire sociale du XXe siècle et le Centre d’histoire sociale du XXe siècle (Université Paris 1 et CNRS), organise à Alger les 14 et 15 décembre 2012 deux journées d’étude autour de l’héritage historiographique de Charles-Robert Ageron, figure incontournable et l’un des pionniers de l’histoire de l’Algérie coloniale et des décolonisations pour des générations d’historiens. Ces journées dont l’un des objectifs est de contribuer à la circulation des idées dans le champ des études historiques algérien et international, s’adressent plus particulièrement aux jeunes chercheurs et historiens algériens et étrangers.

- 1 – Sources archivistiques et outils de la recherche historique :

La question de la source et de sa critique sont la « marque de fabrique » de l’œuvre de Charles-Robert Ageron. En effet, on trouve toujours dans ses écrits, la référence, la précision et le chiffre que l’on recherche. On y perçoit également le lien quasi-charnel de l’historien avec la pièce d’archives. Pour établir scientifiquement des faits incontestables, il faut aller, prône-t-il, vers les archives publiques, celles produites par les services de l’administration et les services de police, les archives familiales, vers la presse comme témoin et acteur de l’événement ou encore, vers les ouvrages des acteurs (souvenirs et plaidoyer pro-domo).

Son approche positiviste exige que l’usage de ces sources soit validé par leur lecture critique et croisée. Quasi dogmatique, elle impose à tout travail de recherche historique la distance dans le temps, avec en sus, chez Charles-Robert Ageron, une « confiance absolue dans la suprématie de l’indice écrit sur le témoignage oral » (Daniel Rivet). Dans son article « Fiscalité française et contribuables musulmans dans le Constantinois (1920-1935) », il considère par exemple les publications de la Statistique financière d’Algérie comme parmi « les documents les plus accessibles et les plus sûrs sur l’histoire contemporaine de l’Algérie ». Chacune de ses interventions était ainsi marquée par cette exigence : s’appuyer sur les textes puisés dans les archives et s’interroger sur le processus de formation et d’accumulation de ces sources.

Ce premier axe thématique invite à des communications relatives aux choix méthodologiques, aux sources et à leurs usages dans le contexte particulier de l’histoire de la colonisation. Chez Charles-Robert Ageron, la nature même des sources n’induit-elle pas une compréhension du sujet colonial essentiellement à travers le prisme de l’Administrateur civil ou du Commandant militaire ? Dans quelle mesure permettent-elles d’appréhender le sujet colonial comme sujet de sa propre histoire ? Étant donné les limites des sources écrites, et plus encore, des archives de l’administration, quels moyens se donner pour écrire une histoire renouvelée de l’Algérie à la période colonial ? Quelles sont les contraintes et limites de l’usage des sources orales ou d’autres sources ?

- 2 – Problématiques et thématiques dans l’œuvre de Charles-Robert Ageron :

Pour l’historiographie française touchant à l’Algérie coloniale, l’œuvre de Charles-Robert Ageron est monumentale et incontournable. Si l’Algérie reste au centre de son œuvre, ses travaux l’ont conduit à s’intéresser au Maghreb et à la France vue d’Algérie.
On interrogera ici quelques-unes des thématiques deCharles-Robert Ageron et la façon dont elles sont prolongées ou dépassées dans les travaux récents.

La thèse principale de Charles-Robert Ageron « Les Algériens musulmans et la France 1871-1919 » s’attache à décortiquer la politique indigène de la France et à comprendre le destin des Algériens pendant un demi siècle de colonisation. De cette œuvre, Mahfoud Kaddache écrit : « Le titre est déjà un programme, il s’agit des Algériens, nom auquel les autochtones aspirent, et non d’indigènes dont ils ne retenaient plus que la connotation péjorative. Le sujet, c’est la condition et le sort de ces Algériens face aux lois et aux mesures prises par l’administration coloniale. […] C’est là l’objectif d’une histoire scientifique des peuples ayant subi la colonisation ». Si l’objectivité et l’impartialité de son travail sont unanimement reconnues, l’appellation « Algériens musulmans » fut discutée, y compris par ceux qui ont été influencés par le maître.

Quelles sont aujourd’hui les stratégies historiennes pour nommer et appréhender « L’Algérie musulmane » de Charles-Robert Ageron ? Au delà d’une appellation sur laquelle l’historien lui-même est définitivement revenu en évoquant plus tard « l’Algérie algérienne », cette question interroge les conceptions du rapport de force colonial, de l’émergence du nationalisme et de la nation algérienne, et en arrière plan, le processus d’élaboration de la citoyenneté algérienne. Elle invite également à des mises au point critiques : comment l’analyse des catégories juridiques (indigènes, musulmans, français musulmans de souche nord-africaine…) a-t-elle conduit à une meilleure connaissance du destin des Algériens, en même temps que de la France coloniale elle-même ?

La thèse secondaire Charles-Robert Ageron, « Le Gouvernement du général Berthezène à Alger (1831) », marque une rupture avec l’historiographie coloniale datant de la chute de l’Empire et de l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement civil en Algérie. A la figure du colonial violent incarnée par le général Clauzel,Charles-Robert Ageron opposait des personnalités plus circonspectes, nuancées, « indigénophiles », telle celle du général Berthézène. Dans son article « Le mouvement Jeune-Algérien 1900-1923 », Charles-Robert Ageron relève la manière dont fut disqualifié le souhait des Jeunes Algériens d’une politique d’assimilation antérieure à l’expression politique du nationalisme algérien.

Dans ces travaux, d’aucuns ont voulu voir l’historien des « occasions manquées » et de l’échec de la politique d’assimilation, préfigurant l’homme engagé qu’il sera dans les années 1950 aux côtés des « libéraux », ceux là même qui cherchèrent avec les « libéraux » algériens une voie médiane pour faire face aux « ultras » de tous bords. Qu’en est-il des Berthezène et Ismaÿl Urbain, du mouvement Jeune-Algérien comme des libéraux qui échappent aux couples opposés "colonialistes" et "anti-colonialistes", « colons » et « colonisés » ?

Les communications s’intéressant à la bipolarité de la société coloniale et l’interrogeant seront les bienvenues. Il s’agit, d’une part, de constater la force de la frontière coloniale séparant colons et sujets coloniaux, placés de fait de part et d’autre d’un rapport de domination. Mais il s’agit aussi, d’autre part, d’évaluer les possibilités et les réalités de sa transgression, de la part d’individus ou de groupes refusant ce partage binaire. Quelle pluralité de positions est possible ? Comment la binarité se construit-elle dans le contexte particulier de la colonisation ?

Conditions :

Ces questions permettront un état des lieux des voies ouvertes par Charles-Robert Ageron, afin d’encourager les jeunes chercheurs à penser leur inscription dans un champ historiographique en pleine évolution. Le comité scientifique encourage donc en particulier les doctorants et les jeunes chercheurs à soumettre des propositions d’intervention.

Les propositions, sous la forme d’un texte d’environ 1 page (500 mots), devront être envoyées avant le 15 mai 2012 à l’adresse suivante : organisation chez journees-ageron.org, accompagnée d’un CV (maximum 150 mots).

Les langues des contributions seront le français et l’arabe.

Comité scientifique  :

- Raphaëlle Branche - CHS, Université Paris I
- Daho Djerbal - Université Alger II-Bouzareah, rédacteur en chef de la revue Naqd
- Fatma Zohra Guechi - Université Mentouri de Constantine
- James Mac Dougall - Trinity College, Oxford
- Guillaume Michel - Directeur CED Les Glycines Alger
- Malika Rahal - IHTP (CNRS)
- Fouad Soufi - chercheur au CRASC, Oran
- Sylvie Thénault - CHS (CNRS-Paris I)
- Afaf Zekkour - Université de Chlef

Contact

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Page créée le jeudi 15 mars 2012, par Dominique Taurisson-Mouret.


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