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Appel à communication : « Les mariages mixtes dans les sociétés européennes, XVIIIe-XXIe siècle. Pour une histoire sociale de la mixité matrimoniale / Mixed marriages in the European societies, 18th-21th century. For a social history of the matrimonial mixity »(Rome, 13-14/04/2017)

Date limite de soumission : mardi 1er novembre 2016

- École française de Rome, Piazza Navona 62 Rome, Italie (00186)

Argumentaire

Les migrations contemporaines et les interrogations croissantes sur les juxtapositions de groupes religieux ou ethniques différents ont stimulé ces dernières décennies un intérêt évident pour la question de la mixité matrimoniale dans le monde d’aujourd’hui, mais aussi dans les sociétés anciennes. Dans le champ historique, cet intérêt a été en outre renforcé par le développement spécifique de plusieurs axes de recherches : l’histoire des migrations, des réseaux marchands, des diasporas, des sociétés urbaines, ou encore des sociétés coloniales. L’ensemble de ces thématiques conduisent à interroger à un certain niveau la mise en relation de populations aux caractéristiques non seulement variables mais présentant des antagonismes (religieux, ethniques, etc.) constituant des sources de blocage pour la réalisation d’unions matrimoniales. Un certain nombre de travaux démographiques se sont attachés à décrire le niveau de cette mixité matrimoniale dans les sociétés anciennes. D’autres recherches se sont plutôt concentrées sur la dimension juridique, politique et institutionnelle de la mixité matrimoniale, par exemple du point de vue des institutions religieuses, notamment au Moyen Âge et à l’époque moderne, quand le mariage dépendait essentiellement des Églises ou d’un État confessionnel.

La rencontre scientifique se propose d’aller plus loin dans le sens d’une histoire sociale de la mixité matrimoniale dans les sociétés européennes, en favorisant tout d’abord le dialogue entre les deux perspectives précédentes. La question des mariages mixtes, qu’ils soient interconfessionnels, interethniques ou internationaux, ne peut être pleinement appréhendée par la démographie historique, l’histoire de la famille ou encore l’anthropologie de la parenté qu’en intégrant les contextes juridiques, culturels, sociaux, économiques et politique plus larges qui les encadrent. À cet égard, il paraît opportun de réfléchir à cette question pour le début de la période contemporaine, relativement peu étudiée par les historiens. À partir de la fin du XVIIIe siècle, en effet, avec des temporalités nationales multiples, les évolutions législatives qui tendront progressivement à séculariser l’institution du mariage en créant un mariage civil subsidiaire, optionnel ou obligatoire, mais aussi la construction d’États nationaux souvent porteurs d’une émancipation des populations minoritaires internes ont profondément modifié le cadre de réalisation des unions mixtes et leur définition même. Sur certains plans, la mixité matrimoniale a perdu son caractère exceptionnel, ce qui conduit à s’interroger sur les identités sociales, culturelles, religieuses, et nationales, ou encore sur les processus d’acculturation et d’assimilation de populations considérées jusqu’alors comme « étrangères » au corps social.

La réunion scientifique comportera dès lors trois axes qui paraissent avoir été sinon négligés, du moins insuffisamment étudiés pour la période contemporaine.

I – Quantifier les mariages mixtes : quelles sources, quelles méthodes ?

La première session s’interrogera sur les sources disponibles et sur les catégories retenues pour appréhender les mariages mixtes. Cette question complexe se pose avec acuité en Europe occidentale avec la montée des États sécularisés et la prise en charge du mariage par l’État. Registres religieux et registres civils coexistent et offrent des perspectives larges de caractérisations des unions mixtes. Si les mariages interconfessionnels existent bien avant la période contemporaine, en particulier dans les zones de frontières religieuses (entre chrétiens orientaux et latins ; entre catholiques et protestants, voire entre chrétiens et musulmans), l’État sécularisateur garantit la possibilité des mariages inter-confessionnels et en étend donc la pratique, en les rendant cependant parfois opaques au plan de l’enregistrement. Mais le champ des mariages mixtes s’étend aussi à la question des unions inter-ethniques dans les environnements où cette forme d’appartenance est reconnue institutionnellement : mariages entre « nationalités » dans le cas des empires (Autriche-Hongrie) mais aussi des sociétés totalitaires (URSS, démocraties populaires). À l’inverse, dans le contexte colonial, l’État, soucieux de garantir le cloisonnement des différentes populations (colons, indigènes, esclaves) pour des raisons de maintien de la domination ou de quête de la pureté biologique de la Nation, s’oriente souvent vers une logique d’interdiction (par exemple dans l’Empire africain allemand avant 1914 ou dans l’Afrique italienne après 1938) : l’enregistrement des unions mixtes, leur reconnaissance et leur visibilité deviennent plus problématiques pour les acteurs, mais aussi pour les historiens.

Des communications pourront enfin s’interroger sur le rôle du concubinage ou des solutions « allégées » d’unions civiles comme forme d’unions mixtes, posant ainsi différemment la question de la quantification du phénomène de mixité matrimoniale.

II – Autour du mariage mixte

La deuxième session cherche à rassembler des contributions traitant de la cérémonie même du mariage mixte et de ses appendices. Comment s’opèrent, dans ce genre de circonstances, les préparatifs et la rencontre des familles ? Observe-t-on des jeux entre mariage civil et cérémonie religieuse, en fonction des environnements sociaux et des groupes concernés ? Quelles sont les spécificités liturgiques de ces cérémonies et leurs évolutions éventuelles ? Recourt-on à des doubles voire triples cérémonies (une cérémonie civile plus deux cérémonies religieuses dans le cas des mariages interconfessionnels, par exemple) ? Observe-t-on des choix particuliers dans le ou les lieux de célébration ? Comment s’opèrent les arrangements économiques propres aux alliances entre conjoints et entre familles (contrats de mariage, dots, etc.) ? Comment se mobilisent les entourages sociaux et familiaux des conjoints (choix des témoins de mariage, présence des invités à la cérémonie et aux festivités) ?

III – Le mariage et après : pérennité des alliances et devenir des enfants

Le mariage mixte ne se réduit pas au moment de sa formation. Il s’inscrit dans une durée, qui est rarement envisagée en tant que telle dans les études historiques. Deux axes structureront donc cette troisième session : le devenir des alliances et la question des enfants. Dans le premier cas, on s’interrogera sur la fragilité supposée des unions mixtes : constate-t-on en particulier un recours plus fréquent à la séparation de corps ou au divorce ?

Concernant les enfants issus des mariages mixtes, on pourra s’intéresser aussi bien à ce qui est dit à leur propos dans la littérature juridique (civile et religieuse) et dans les systèmes de représentations, qu’à leurs parcours de vie concrets. Ainsi, les liens entre orientation confessionnelle et sexe des enfants, leurs parcours éducatifs, leurs devenirs nuptiaux (part du célibat et choix du conjoint), leurs trajectoires sociales et leur mobilité géographique devront faire l’objet d’études approfondies.

Le colloque se propose d’aborder ces questions à l’échelle des sociétés européennes. Les propositions pourront donc porter sur n’importe quel pays ou région d’Europe, ou encore sur les territoires coloniaux sous domination européenne. L’arc chronologique retenu est la période contemporaine, de la fin du XVIIIe siècle à nos jours. Le colloque s’adresse aux historiens comme aux sociologues et anthropologues. Les travaux comparatifs ou portant sur la longue durée seront privilégiés, mais sans exclusive.
Modalités de soumission

Le colloque se déroulera sur une journée et demi et comportera trois sessions successives (pas de sessions parallèles), chacune de 4 communications. Chaque session comportera un discutant pour commenter les communications. Les textes seront donc attendus pour le 1er mars 2017 pour permettre aux discutants de préparer les séances et aux différents intervenants de lire en avance leurs contributions respectives.

Les langues officielles seront  : l’italien, le français, et l’anglais. Les intervenants devront faire parvenir un résumé conséquent de leur communication et un powerpoint détaillé dans une autre langue que celle d’exposition de manière à favoriser les échanges entres les participants.

Les contributions seront publiées dans un numéro spécial d’une revue à comité de lecture.

L’hébergement (2 nuitées) et les repas seront pris en charge. Les participants sont invités à vérifier auprès de leur institution de rattachement la possibilité de couvrir les frais de déplacement.

Envoyer les propositions à l’adresse suivante mariagesmixtes2017 chez gmail.com

Comité scientifique

- Michael Gasperoni, Membre de l’École française de Rome, travaille sur l’histoire de la ségrégation sociale et de la famille en Italie à l’époque moderne. Il a publié différents travaux sur les pratiques matrimoniales et les systèmes de parenté juif et chrétien à l’époque moderne et sur les aspects démographiques, juridiques, économiques et sociaux des ghettos juifs en Italie.
- Vincent Gourdon, directeur de recherches au CNRS, UMR 8596, Centre Roland Mousnier, historien de la famille à l’époque moderne et contemporaine, rédacteur-en-chef des Annales de Démographie Historique, co-responsable du réseau « Patrinus », réseau d’histoire culturelle et sociale du baptême et du parrainage. Il a publié notamment Histoire des Grands-parents (2001) et, avec Guido Alfani, Spiritual Kinship in Europe, 1500-1900 (2012). Il mène avec Cyril Grange une enquête sur les mariages interconfessionnels à Paris au XIXe siècle.
- Cyril Grange, directeur de recherches au CNRS, UMR 8596, Centre Roland Mousnier. Ses travaux portent essentiellement sur l’histoire sociale des élites dans la France des XIXe et XXe siècles. Il a publié en 1996 Les gens du Bottin Mondain, Y être c’est en être (Paris, Fayard) et en 2016 aux Editions du CNRS, Une élite parisienne, les familles de la bourgeoisie juive 1870-1939. Il est membre du groupe « Traitement Informatique de la Parenté » (TIP) auteur du logiciel Puck (Program for the Use and Computation of Kinship Data).


Page créée le mercredi 14 septembre 2016, par Dominique Taurisson-Mouret.


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