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« La justice coloniale hispano-américaine. Écritures légales et pouvoir »

Date limite de soumission : lundi 31 juillet 2017

- Journée d’Étude organisée par l’Université de Poitiers / CRLA-Archivos
- Bât A5 - MSHS de Poitiers, 5 rue Théodore Lefebvre 86000 Poitiers
Poitiers, France (86)

Du réquisitoire au plaidoyer, la construction de discours juridiques est fondée sur des normes et des pratiques héritées du droit romain, dont le premier fondement est le recours à l’écriture. D’après Jack Goody, dans Pouvoirs et savoirs de l’écrit, parce que la culture écrite permet la mémorisation et la restitution verbatim, le recours à ce mode d’enregistrement confère un pouvoir à ses usagers. En comparaison avec l’oralité, la « litératie » se caractériserait par une performativité importante, constituerait le support de la prescription et imposerait des limites à l’interprétation libre des contenus. Cette hypothèse est particulièrement pertinente appliquée à l’écriture légale, celle-ci ayant pour vocation de fixer un cadre aux relations entre les Hommes de la cité et de définir l’exercice de l’autorité. Nous nous interrogerons donc sur les rapports entre écriture légale et pouvoir, dans une société où l’usage indiscriminé de la justice écrite par des acteurs dominants / dominés est significatif : l’Amérique coloniale espagnole. Ni les autorités royales et leurs représentants, ni les colons, ni mêmes les groupes autochtones vaincus lors de la Conquête se sont affranchis de l’usage de l’écriture légale. Les exemples à cet égard sont multiples. Le Requerimiento, ce texte juridique conçu comme un discours oral, devant être lu aux Indiens d’Amérique comme préalable à la conquête, constituait, de par sa matérialité, un instrument légal quoique contesté de soumission des populations autochtones par la Couronne d’Espagne. Les Indiens ont, quant à eux, été considérés, parfois à l’excès, comme de grands procéduriers, habiles pour saisir les rouages de la société hispanique et les retourner à leur profit. Il n’en reste pas moins que leur recours à la justice coloniale et à ses normes écrites pour défendre des intérêts propres, parfois à l’encontre des intérêts espagnols, constituent une réalité documentée, qui les inscrit dans une forme de résilience, ou de résistance dite « passive ». Quoi qu’il en soit, l’usage aussi généralisé des écritures légales est révélateur des enjeux qu’elles revêtent dans la société coloniale hispano-américaine.

Comment les détenteurs du pouvoir et leurs avatars ont-ils utilisé les écritures légales ? L’usage qui en a été fait par les populations autochtones tend-il à redéfinir leur statut de dominés au sein de la société coloniale ? Autant de questions auxquelles nous invitons à répondre lors de cette journée. On pourra étudier les aspects matériels et immatériels de l’usage des écritures légales, comme la mobilisation des ressources documentaires, l’organisation des archives, le rôle des traducteurs, mais aussi les incidences sur les hiérarchies sociales ou la construction d’une mémoire collective.

Modalités de soumission

Les résumés n’excèderont pas 20 lignes et seront envoyés à Hélène Roy helene.roy chez univ-poitiers.fr avant le 31 juillet 2017

Les langues de communications (30 min.) seront le français, l’espagnol et l’anglais.

Comité scientifique
- Hélène Roy, MCF (Université de Poitiers)
- Patrick Lesbre, PR (Université Toulouse Jean-Jaurès)
- Sylvie Colla-Josserand, (CNRS)

Bibliographie indicative
- Burns, Kathryn, Into the Archive. Writing and Power in Colonial Peru, Durham : Duke University Press, 2010.
- Cunill, Caroline, Los defensores de indios de Yucatán y el acceso de los mayas a la justicia colonial, 1540-1600, Mérida : Universidad Nacional Autónoma de México, Centro Peninsular en Humanidades y Ciencias Sociales, 2012.
- Dueñas, Alcira, Indians and Mestizos in the “Lettered City” : Reshaping Justice, Social Hierarchy, and Political Culture in Peru. Boulder : University Press of Colorado, 2010.
- Goody Jack, Pouvoirs et savoirs de l’écrit [Trad. de l’anglais The power of de written tradition], Dir. Jean-Marie Privat, 2007.
- Lockhart James, Los nahuas después de la conquista. Historia social y cultural de los indios del México central, del siglo XVI al XVIII, México : Fondo de Cultura Económica, 1999.


Page créée le vendredi 24 mars 2017, par Dominique Taurisson-Mouret.


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