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Séances de séminaires terminées
Mercredi 7 décembre 2022, 12 h 30-14 h 30 : Jean Schmitz (IRD/IMAF), « Violences au Sahel : ’djihad peul’ mondialisé et/ou crises agro-pastorales à l’aune de deux siècles d’États musulmans (XVIIIe-XIXe siècle) »
Séance du séminaire d’Anthropologie comparative du Sahel occidental musulman, dirigé par Pietro Fornasetti, postdoctorant (MQB-JC) – fellow ICM (IMAF), Ismaël Moya, Chargé de recherche au CNRS - Professeur associé à l’École polytechnique (LESC), Jean Schmitz, directeur de recherche à l’IRD (IMAF)
1er/3e/5e mercredi, de 12:30 à 14:30 (Salle 3.09, Centre de colloques, Campus Condorcet, 5 cours des Humanités, 93322, Aubervilliers)
« Dans les années 2014-2016, les violences djihadistes au Sahel connaissent un tournant à la fois dans l’espace et dans les grilles de lecture qui leurs sont appliquées. Spatialement la crise du Nord-Mali s’est déplacée vers la frontière du Mali/Burkina-Faso/Niger, le mouvement Boko Haram du Nigeria vers le Lac Tchad et la frontière Nigeria/Cameroun qui seule nous intéressera ici. Simultanément, la grille d’interprétation « sécuritaire » du « djihad mondialisé » fait place à celle du « djihad local » et à l’écologie politique des conflits agro-pastoraux et fonciers. S’impose dans la littérature de seconde main un réductionnisme « ethnique » qui masque des processus sous-jacents d’enrôlement des subalternes (esclaves, affranchis, castés…) sous la bannière de l’islam et d’une grande profondeur historique.
On se demandera comment croiser le chapelet des États musulmans issus de djihads – imamats du XVIIIe, émirats et califats du XIXe siècle – avec les événements actuels (Lovejoy 2016). D’autant que récemment, un spectre ressurgit, celui du « Fulani Jihad » au Nigeria (Middle Belt) ou du « djihad peul » au Mali qui qualifiait les mouvements antérieurs. Or la perspective critique adoptée dans notre ouvrage Le Sahel musulman entre soufisme et salafisme permet d’y distinguer deux phases – révolutions musulmanes dans la première, djihads impériaux et esclavagistes dans la seconde – suivie d’une troisième, l’émancipation par les ordres soufis (Muridiyya, Hamâwiyya…). Perspective qui fait éclater l’unité d’un hypothétique ethnie « Peul/Fulani ».
De ce détour historique on essaiera de tirer les fils d’une hypothèse contrefactuelle : pourquoi la zone atlantique du Sahel (Mauritanie, Sénégal, Guinée) semble échapper aux sirènes djihadistes. A contrario, on identifiera les décalages principaux entre les deux zones frontalières évoqués supra et les djihads anciens : d’une part ces zones de violences s’inscrivent à leur périphérie ou dans les « espaces factionnels » qui les séparaient et d’autre part elles n’ont pas connu, sinon tardivement (Hamâwiyya), la troisième phase des ordres soufis de la façade atlantique, celle qui réussit à laver la « macule de l’infidélité » frappant les subalternes (Hall 2011). »
Références
Hall, Bruce
2011, A History of Race in Muslim West Africa, 1600-1960, New York, Cambridge University Press. CR JS, in Annales HSS, 69 (3), juillet-septembre 2014, Lire en ligne
Lovejoy, Paul
2016, Jihad in West Africa in the Age of Revolution 1785-1850, Ohio University Press. Résumé dans : PL 2015 « Les empires djihadistes de l’Ouest africain aux XVIIIe-XIXe siècles », Cahiers d’Histoire. Revue d’histoire critique, 128 : 8-103. Lire en ligne
Schmitz Jean, Wedoud Ould Cheikh Abdel & Jourde Cedric, (dir.)
2022, Le Sahel musulman entre soufisme et salafisme : subalternité, luttes de classement et transnationalisme, Paris, Karthala-IISMM (« Terres et gens d’islam »), Chez l’éditeur
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